Facebook, Twitter, Google : leur aveu d'impuissance devant le Congrès

Le Congrès américain vient de publier les réponses de Facebook, Google et Twitter sur le dossier de campagnes de propagandes russes durant la présidentielle américaine en 2016. Tour d'horizon en 4 questions.
Anaïs Cherif
Lors de l'audition en novembre dernier, le réseau social Facebook avait admis qu'environ 126 millions d'Américains avaient été exposés à du contenu généré par des entités russes.
Lors de l'audition en novembre dernier, le réseau social Facebook avait admis qu'environ 126 millions d'Américains avaient été exposés à du contenu généré par des entités russes. (Crédits : Reuters)

Beaucoup de questions, et toujours peu de réponses. Le Congrès américain a publié jeudi les réponses écrites de Facebook, Twitter et Google, interrogés sur le dossier de campagnes de propagandes russes durant la présidentielle américaine en 2016. Les géants américains avaient déjà été appelés à se justifier devant le Congrès début novembre dernier. Le rapport aborde entre autres les publicités politiques ciblées, les techniques de modération des entreprises ou encore, le nombre de contenus russes identifiés. En ligne de mire : les élections fédérales américaines à l'automne.

■ Une ingérence russe est-elle confirmée ?

Premier point sensible. Le réseau social Facebook dit "ne pas être en mesure de corroborer ou de réfuter les allégations de collusion possible". Lors de l'audition en novembre dernier, l'entreprise de Mark Zuckerberg avait admis qu'environ 126 millions d'Américains avaient été exposés à du contenu généré par des entités russes dont l'Internet Research Agency (IRA). De plus, "129 événements étaient reliés à 13 pages de l'IRA. Approximativement 338.300 comptes ont vu ces événements. Environ 25.800 se sont dits intéressés par l'événement et 62.500 ont déclaré s'y rendre". De son côté, Twitter a dénombré 2.752 comptes reliés à l'IRA avec des recettes totales "d'environ 400 dollars" jusque fin 2016.

Google est notamment visé pour son service de vidéo, YouTube. En novembre, il avait détecté 18 chaînes, ayant totalisé 309.000 vues.

■ Les entités russes ont-elles utilisé de la publicité ciblée ?

Pas vraiment, selon les géants américains. "Facebook n'est pas en mesure de savoir tout ce que les acteurs étrangers ont fait dans leurs activités en ligne", annonce d'emblée le réseau social. "Le ciblage des publicités de l'IRA que nous avons identifié (...) était relativement rudimentaire, ciblant de vastes lieux et centre d'intérêts." Et de poursuivre : "Nous n'avons vu que ce qui semble être un chevauchement insignifiant entre le ciblage et le contenu utilisé par l'IRA." Même son de cloche chez Google.

Les entités russes ont acheté à la firme de Mountain View "4.700 dollars de publicités durant l'élection présidentielle", qui ne ciblaient pas "spécifiquement" des groupes d'utilisateurs en particulier, y compris par la géographie ou l'appartenance politique. "Aucune preuve de ciblage géographique ou par préférence politique" n'est apportée par Google.

■ Le processus de modération a-t-il changé ?

Pour Facebook, le circuit de modération est "fondamentalement le même" depuis 2016. Tous les contenus signalés passent par un examen informatique et "certains d'entre eux" sont ensuite vérifiés par des modérateurs humains. Le réseau social reçoit "des millions de signalements chaque semaine pour du contenu pouvant violer nos politiques d'utilisation". Conséquence : l'entreprise de Mark Zuckerberg confirme vouloir doubler ses effectifs dédiés à la sécurité du réseau social - de 10.000 à 20.000 d'ici à fin 2018. "La plupart des personnes recrutées rejoindront notre équipe qui passe en revue les publicités", précise Facebook.

De son côté, Twitter se dédouane : "Au regard du grand volume de contenus postés et le caractère instantané de notre plateforme, Twitter n'est pas capable de surveiller en temps réel tous les tweets." Le site de micro-blogging, qui dit avoir durci ses conditions d'utilisations, bloque chaque jour 450.000 connexions suspectées d'être des "bots" (des robots automatisés). Depuis septembre 2017, Twitter identifie en moyenne "quatre millions de comptes suspects par semaine - ce qui représente plus du double de notre taux de détection à cette même période" en 2016.

■ Des réseaux sociaux infestés par les "faux" comptes ?

Le Congrès s'inquiète de la prolifération de "faux" comptes sur Facebook et Twitter. Facebook distingue deux catégories de faux comptes. D'une part, les comptes "mal classés par l'internaute, lorsqu'un utilisateur crée un profil personnel pour une entreprise ou pour son animal de compagnie". D'autre part, il y a les comptes "indésirables" pour les activités de troll et de spam. Au troisième trimestre 2017, l'ensemble de ces comptes représentait "environ 3% de nos utilisateurs mensuels actifs dans le monde (2,07 milliards, ndlr.)" - soit plus de 62 millions de faux comptes sur Facebook.

En se basant sur des études indépendantes, le Congrès estime qu'il y a environ 15% de faux comptes sur Twitter - soit environ 48 millions. Le petit oiseau bleu dément, assurant que les faux comptes représentent "moins de 5% des utilisateurs actifs mensuels".

Anaïs Cherif

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Commentaires 3
à écrit le 26/01/2018 à 19:00
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La meilleure solution c’est la traçabilité sans faille et rapide ( pour les autorités ) Un système a inventer pour l’impossibilite De relier une messagerie à une autre messagerie doublon Autoriser une seule boîte mail par foyer. Il faudrait sécuri...

le 26/01/2018 à 23:05
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C'est impossible à envisager et ce pour une question d'hygiène. Auj, tout est controlé et surveillé par des acteurs privés qui n'ont absolument rien a faire de votre vie privé.... Vous devriez créer des comptes mail au moins pour séparer ce qui...

le 28/01/2018 à 15:56
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Quelle rapport avec l’hygiène ? Le plus important c’est la tracabilite ... pour éviter les usurpations ... Plus il y a de boites , plus le travail est «  ardu ».

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