The OA, Tuca & Bertie, Chambers... Pourquoi Netflix annule des séries à la chaîne

Par Anaïs Cherif  |   |  754  mots
La plateforme de streaming vidéo Netflix revendique 151,56 millions de clients dans le monde. (Crédits : Netflix)
En moins de deux mois, la plateforme de streaming vidéo a supprimé cinq séries : The OA, Tuca & Bertie, Designated Survivor, She's Gotta Have It et Chambers. Netflix restructure son catalogue pour séduire des abonnés, alors que le secteur du streaming s'apprête à être chamboulé d'ici fin 2019 avec l'arrivée de poids lourds comme Disney ou encore Apple.

Netflix peaufine son catalogue pour la rentrée... La plateforme de streaming vidéo a supprimé coup sur coup cinq séries depuis la fin du mois de juin. Dernière victime en date : The OA, série de science-fiction avec deux saisons seulement à son compteur. Comme à son habitude, la firme californienne n'a pas donné d'explication officielle. La nouvelle a été annoncée lundi 5 août par l'actrice Brit Marling sur le réseau social Instagram.

Pour certaines de ses séries, Netflix n'accorde même pas de seconde chance. La série d'horreur Chambers -- avec pour actrice principale Uma Thurman -- a été annulée fin juin, après une seule saison seulement. Courant juillet, la plateforme a mis fin à la série animée Tuca & Bertie, dont la première saison était tout juste sortie en juin. La suite des séries She's Gotta Have It (deux saisons) et Designated Survivor (trois saisons) ont également été annulées.

Perte d'abonnés aux Etats-Unis, une première

Netflix, comme les autres plateformes de streaming, ne communique pas sur les audiences réalisées par ses séries -- sauf en cas de très grand succès. Ces annulations coïncident avec la publication de ses derniers résultats trimestriels en juillet, jugés décevants. Le groupe américain, qui revendique plus de 151 millions d'abonnés dans le monde, a peiné à recruter des abonnés entre avril et juin. Sur la période, il n'a enregistré que 2,7 millions de nouveaux abonnements alors qu'il tablait initialement sur un gain de 5 millions. Pour la première fois depuis 2011, année où le groupe a séparé son activité de location de DVD et de streaming, le service a même perdu des abonnés aux Etats-Unis (-130.000).

Ce ralentissement au deuxième trimestre a été imputé par Netflix lui-même à ses nouveaux contenus, qui n'ont pas suffisamment séduit les spectateurs. Sans compter que la plateforme a augmenté ses prix d'abonnements fin juin aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en France. Dans l'Hexagone, l'offre deux écrans est ainsi passée de 10,99 euros à 11,99 euros par mois, tandis que celle à quatre écrans a pris deux euros à 15,99 euros. Le groupe américain a admis que cette hausse des prix dans certains pays avait pu en refroidir certains.

| Lire aussi : Pourquoi Netflix augmente ses prix en France (et pourquoi ça risque de ne pas durer)

Disney, Apple... Une nouvelle concurrence pour Netflix

D'ici la fin de l'année, Netflix va donc se concentrer sur des programmes originaux forts ou des nouveautés afin de conquérir des abonnés. Courant 2019, la firme compte débourser 13 milliards de dollars pour la production de ses contenus originaux. Un chiffre qui a presque doublé en deux ans seulement. Dans une lettre aux investisseurs courant juillet, le PDG Reed Hastings a assuré que la croissance reviendra d'ici fin 2019 grâce à la diffusion des nouvelles saisons de séries populaires, comme La Casa de papel, Stranger Things ou encore Orange Is The New Black.

La plateforme se doit de cajoler ses séries étendards car certains concurrents, comme Disney, ont décidé de récupérer l'intégralité de leur catalogue pour lancer leur propre offre de streaming. Certains contenus phares, comme les séries The Office ou Friends, vont bientôt quitter la plateforme suivi par des pans entier du catalogue. Ce qui n'a rien d'anodin. D'après une étude du cabinet 7Park Data, le contenu sous licence représente 80% du temps passé sur la plateforme par les spectateurs américains.

Recul du bénéfice net trimestriel de 29%

La fin de l'année s'annonce donc décisive pour Netflix, alors que le secteur du streaming vidéo est en plein chamboulement. Outre les acteurs déjà bien installés -- Amazon Prime Video, Hulu, OCS -- de nombreux poids lourds vont se lancer d'ici 2020 : Comcast (qui aura le catalogue de NBC Universal - Dreamworks - Sky UK), AT&T (qui détient Warner Media, HBO, Cinemax, CNN, Warner Bros et DC Comics), Apple et Disney.

"La route va être difficile pour Netflix avec l'arrivée de nouveaux concurrents et le retrait de contenus populaires, mais l'ajout de contenus solides au troisième trimestre devrait permettre de récupérer certains abonnés", a estimé auprès de l'AFP l'analyste Eric Haggstrom du cabinet eMarketer.

Au deuxième trimestre, Netflix a vu son bénéfice net reculer de 29% à 271 millions de dollars pour un chiffre d'affaires de 4,92 milliards de dollars.