Le déclin du bon vieux PC de bureau se poursuit... lentement

Par Pierre Manière  |   |  649  mots
Selon Gartner, le marché mondial des PC - comprenant les « ultramobiles (premium) » comme les MacBook Air d’Apple – se situera à 300 millions d’unités cette année, soit une baisse de 4,5% en un an.
Selon Gartner, les ventes de PC se situeront en 2015 à 251 millions d’unités dans le monde, contre 277 millions l’an dernier. Cette chute devrait s’accentuer lors des prochains exercices, notamment au profit du mobile, qui s’est imposé dans de nombreux pays comme la voie d’accès à Internet de référence.

Le PC fixe ne disparaîtra pas. Souvent préféré à l'électronique nomade dans le monde professionnel, ce n'est pas demain qu'on clouera son cercueil. Pourtant, les PC séduisent de moins en moins d'acheteurs. Dans une étude publiée par le cabinet Gartner ce mardi, les ventes de PC traditionnels (comprenant les PC fixes de bureau, mais aussi les Notebook), avoisineront les 251 millions d'unités dans le monde cette année, soit 26 millions de moins qu'en 2014. Pis, ce déclin va s'accentuer en 2016 et en 1017, avec respectivement 243 et 233 millions d'unités écoulées.

Pour Ranjit Atwal, directeur de recherche chez Gartner, le ralentissement des achats de PC est particulièrement sensible en Europe de l'ouest, en Russie et au Japon. Cette année, il est en bonne partie dû « aux augmentations de prix des fabricants en raison de la dévaluation des monnaies locales par rapport au dollar ». Il faut dire que la monnaie américaine profite effectivement du climat tendu sur le Vieux Continent, plombé par la crise grecque.

En outre, le secteur avait bénéficié d'un petit coup de pouce en 2014 : beaucoup d'entreprises avaient remplacé leurs ordinateurs en raison de la fin du support technique pour Windows XP, une ancienne version d'exploitation de Microsoft qui demeurait très populaire. Mais ce cycle de remplacement s'est largement achevé début 2015.

Selon Gartner, le marché mondial des PC - comprenant les « ultramobiles (premium) » comme les MacBook Air d'Apple - se situera à 300 millions d'unités cette année, soit une baisse de 4,5% en un an. Pour Ranjit Atwal, un rebond pourrait survenir en 2016, puisque la sortie de Windows 10, le 29 juillet prochain, pourrait doper les remplacements. Mais ce retour dans le vert ne concernerait, une fois encore, pas le segment des PC traditionnels.

De manière générale, le bon vieux PC de bureau n'a donc plus autant la cote. Et c'est particulièrement vrai sur les marchés émergents. En Chine, en particulier, « il n'intéresse guère », lâche Ranjit Atwal. Dans l'Empire du Milieu, ce sont les smartphones qui ont le vent en poupe. Ces téléphones sont largement privilégiés pour accéder à Internet. Et pour cause : les Chinois sont accros au mobile. D'après les chiffres du Ministère chinois de l'industrie et des technologies d'informations, la Chine compterait près de 1,3 milliards d'utilisateurs mobiles, sur une population totale proche de 1,4 milliard d'individus. Sachant que sur cette population, environ la moitié disposerait d'un abonnement à haut ou très haut débit (3G ou 4G).

D'ailleurs, la Chine, qui en volume pèse un cinquième du marché mondial des smartphones, demeure une locomotive du secteur. Même si le marché semble arriver progressivement à saturation. Comme l'indique Gartner, « la croissance du marché de la téléphonie mobile devrait ralentir à 3,3% » en 2015, à 1,94 milliard d'unités. Pour le cabinet, c'est la conséquence d'une performance plus faible de la Chine, où les primo-acheteurs se raréfient.

Toutefois, la mort du PC, souvent annoncée, ne semble pas d'actualité. Pourquoi ? D'abord parce qu'à performances égales, il est logiquement bien moins cher qu'un ordinateur portable bardé de technologies miniaturisées. Ensuite, parce que même s'il ne fait plus toujours l'unanimité dans le cocon familial, il reste la référence dans le monde du travail. Une étude de Forrester Consulting, publiée fin juin, loue ainsi ses « outils nécessaires à la productivité ». Dans cette enquête, il apparaît que 91% des professionnels préfèrent un PC pour utiliser leur suite bureautique, contre 4% seulement préférant recourir à leurs terminaux mobiles. « Ainsi, en dépit d'une préférence générale pour les terminaux mobiles lorsque nous ne sommes pas au bureau, la réalité est telle que le PC est le plus plébiscité lorsqu'il s'agit de travailler », insiste l'étude.