En pleine crise du coronavirus, Pékin et Washington continuent de s’écharper

Par Pierre Manière  |   |  560  mots
Donald Trump et Xi Jinping, les chefs d'Etat américain et chinois. (Crédits : DR)
Le gouvernement chinois a décidé d’expulser les correspondants de plusieurs grands quotidiens américains de l'empire du Milieu.

Pas de trêve. Alors que les Etats du monde entier se mobilisent pour endiguer l'épidémie de coronavirus, la Chine et les Etats-Unis continuent de s'envoyer des piques. Ce mercredi, Pékin a annoncé que les journalistes travaillant pour New York Times, le Wall Street Journal et le Washington Post ne seraient plus autorisés à travailler en Chine continentale, à Hong Kong et à Macao. Ils devront rendre leur carte de presse dans les dix prochains jours. Ce qui revient les expulser du pays.

Les bisbilles entre la Chine et la presse américaine ont débuté le mois dernier. Visiblement furieux d'un éditorial du Wall Street Journal qualifiant la Chine d'« homme malade de l'Asie », Pékin annulé les visa des trois reporters du quotidien économique de l'empire du Milieu. La réaction de Washington a été cinglante. Ce mois-ci, elle a réduit le nombre de journalistes officiels chinois autorisés à travailler aux Etats-Unis.

Pékin furieux de la « stigmatisation » du pays

Une décision qualifiée de « scandaleuse » par Pékin, qui a justifié ainsi son coup de balais du jour. Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, juge lui que les expulsions de journalistes chinois et américains ne sont pas comparables. « Ce n'est pas la même chose », a-t-il argué, estimant que les reporters ciblés par Washington étaient des « membres des organes de propagande chinoise ». Et d'appeler Pékin à « revenir sur ses expulsions », lesquelles « empêchent le monde de savoir ce qui se passe vraiment à l'intérieur du pays ».

Ces expulsions chinoises interviennent aussi dans un contexte où Pékin se dit courroucé, indigné, par la « stigmatisation » de son pays par la Maison Blanche. Donald Trump qualifie régulièrement le coronavirus de « virus chinois ». Quand Mike Pompeo évoque parfois « le virus de Wuhan ». En parallèle, l'administration américaine n'a guère apprécié que Pékin évoque la semaine dernière, sans éléments concrets à l'appui, l'hypothèse que l'armée américaine ait pu transmettre le virus en Chine.

Guerre commerciale et technologique

Cet énième bras de fer entre les deux superpuissances intervient sur fond d'une interminable guerre commerciale et technologique entre les deux pays. Ces dernières années, l'affaire Huawei l'a bien illustré. Washington mène depuis longtemps une guerre à l'encontre de cet équipementier télécoms, qu'il accuse d'espionnage pour le compte de Pékin. L'administration américaine l'a ainsi chassé du marché de la 5G aux Etats-Unis.

Mais la tension est montée d'un cran en décembre 2018. Sur demande de la justice américaine, Meng Wanzhou, la directrice financière de Huawei et fille du fondateur du groupe, a été arrêtée au Canada. Depuis, les États-Unis, qui réclament son extradition, accusent la dirigeante, l'équipementier et ses filiales d'avoir mis en place un système pour contourner des sanctions contre l'Iran. L'affaire a provoqué un séisme chez Huawei, et a suscité une immense colère de Pékin, qui hurle à la « manipulation politique ». Dans la foulée, deux ressortissants canadiens ont été arrêtés en Chine pour soupçons d'« atteinte à la sécurité nationale ». Une manœuvre qui a été perçue comme une réponse du berger à la bergère. Depuis, Pékin et Washington continuent de se rendre coup pour coup.

(avec AFP et Reuters)