Nouveau plan social : comment Go Pro en est-il arrivé là ?

Par Anaïs Cherif  |   |  634  mots
Les revenus de Go Pro sont tombés à 1,12 milliard de dollars en 2016 contre 1,62 milliard en 2015.
Pour la troisième fois depuis janvier 2016, Go Pro annonce un plan de licenciement. Prix trop élevés, rappel de produits... Le pionnier des mini-caméras, popularisé grâce aux fans de sports, n'a pas su élargir son public.

Go Pro, toujours plus en difficulté. Le fabricant américain de mini-caméras a annoncé mercredi un nouveau plan social - son troisième depuis janvier 2016. D'après son communiqué, 270 emplois supplémentaires seraient touchés - soit environ 17% de sa main d'oeuvre. La société de San Mateo espère ramener ses coûts d'exploitation à moins de 585 millions de dollars pour l'ensemble de l'année 2017, contre un objectif de 650 millions évoqué il y a quatre mois.

Le fondateur du groupe, Nicholas Woodman, a affirmé lors d'une téléconférence avec des analystes que les nouvelles mesures d'économies n'étaient motivées par "aucune nouvelle difficulté" rencontrée par le groupe, mais visaient à le "maintenir sur la voie de la rentabilité", rapporte l'AFP. Il s'est fixé l'objectif d'arriver à dégager sur l'ensemble de cette année un résultat positif, au moins au niveau de l'exploitation (Ebitda). En attendant, Go Pro a assuré dans la foulée que son chiffre d'affaires pour le premier trimestre serait dans le haut de la fourchette de 190 à 210 millions de dollars qu'il avait annoncée précédemment.

Baisses des ventes

Le fabricant doit se relever d'une année 2016 semée d'embûches. Elle a commencé par une réduction de 7% de ses effectifs en janvier dernier, soit une centaine de postes. Le groupe faisait alors valoir dans son communiqué que ses effectifs avait augmenté de plus de 50% par an sur les deux dernières années et disait vouloir "mieux aligner les ressources avec les initiatives de croissance clé". En cause : des ventes décevantes pour les fêtes de fin d'année 2015, période où l'entreprise réalise généralement la moitié de ses revenus pour l'année, selon le Wall Street Journal. Lancé en juillet 2015 à 399 dollars, le modèle Hero4 n'a pas décollé. Pour relancer les ventes, son prix a été divisé par deux en cinq mois, pour tomber à 199 dollars en décembre 2015, observe dans un article de l'époque Fortune. Insuffisant. Go Pro avait déclaré une perte de revenus de 21 millions de dollars pour le dernier trimestre 2015 seulement, rapporte Forbes.

Les investisseurs ont alors commencé à s'inquiéter des perspectives de croissance du groupe et d'une éventuelle saturation de son marché. Popularisé par les fans de sports, qui se filment en action pour publier leurs vidéos sur Internet, Go Pro n'a pas su élargir son public. Alors qu'il a lancé la commercialisation de ses mini-caméras en 2004, il est désormais concurrencé par une myriade d'acteurs (Sony, LG, Xiaomi...) et de smartphones performants - qui rendent l'achat d'une mini-caméra désuet.

Mauvais Karma

Pour tenter de se diversifier, Go Pro a sorti en novembre 2016 son premier drone. Baptisé le Karma, il est capable d'embarquer ses caméras. Moins de deux semaines après sa commercialisation, la société californienne lance une campagne de rappel pour les 2.500 exemplaires vendus. A cause d'un problème technique, les drones pouvaient se crasher en plein vol. La commercialisation a repris il y a un mois seulement. Fin novembre, Go Pro a annoncé la suppression de 200 emplois à temps plein et la fermeture de sa division "divertissement", qui produisait du contenu original sans être rentable. Le départ du président Tony Bates, ancien patron de Skype, a été annoncé dans la foulée.

Les revenus du constructeur sont tombés à 1,12 milliard de dollars en 2016 contre 1,62 milliard en 2015. Ses dépenses opérationnelles ont explosé, en passant de 618 millions à 835 millions de dollars. "Nous sommes coupables d'avoir vu trop grand et d'avoir trébuché, expliquait le fondateur en janvier dernier, au Consumer Electronics Show à Las Vegas. Nous avons décidé de faire marche arrière et de concentrer notre activité sur ce que nous savons très bien faire, au lieu de faire trop de choses."