Sexisme : Google licencie l'ingénieur à l'origine du texte polémique

Par Anaïs Cherif  |   |  683  mots
Les femmes représentent seulement 31% des employés chez Google, selon son rapport annuel pour la diversité publié en juin.
Un ingénieur chez Google justifiait dans un mémo, communiqué en interne, la très faible présence des femmes dans la tech en raison de "causes biologiques". Le géant de la Silicon Valley, qui a déclaré ne pas partager ses idées, s'est séparé lundi de son employé.

[Article publié le 07 août, à 17h55 et mis à jour le 08 août à 10h30]

Encore une polémique sur le sexisme dans la tech. Google était dimanche au centre d'une controverse après la prise de position d'un ingénieur dans une note interne, où il justifie la très faible présence des femmes dans la tech... pour des "causes biologiques", a dévoilé en premier Motherboard. Pour éteindre la polémique, le moteur de recherches a licencié son employé dans la journée de lundi, selon l'agence Bloomberg. James Damore, l'ingénieur au cœur du scandale, dit avoir été viré pour "perpétrer des stéréotypes sexistes". Il dit "explorer actuellement tous les recours juridiques possibles", selon Bloomberg.

Dans un mémo de 3.000 mots publié en intégralité dimanche par Gizmodole salarié assure : "Les choix et les capacités des hommes et des femmes divergent, en grande partie, en raison de causes biologiques et (donc) ces différences peuvent expliquer pourquoi on n'a pas une représentation égale des femmes dans la tech et (dans les positions de) leadership".

Selon lui, les aptitudes naturelles des hommes leur permettent plus facilement d'apprendre le code informatique, alors que les femmes sont davantage portées sur "les sentiments et l'esthétique plutôt que vers les idées". Conséquence : elles optent pour des carrières "dans le social ou l'artistique". James Damore sous-entend aussi que les femmes ne sont pas faites pour des postes à responsabilités car elles privilégient leur vie de famille. Ces postes "nécessitent souvent de longues et stressantes heures de travail" et ne permettent pas "une vie équilibrée et épanouissante".

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Les femmes sous-payées et sous-représentées

Ce n'est pas tout. L'employé dénonce aussi certains programmes mis en place par Google pour instaurer davantage de diversité. Le géant de la Silicon Valley a admis un manque cruel de diversité au sein de son entreprise, alors que seulement 1% des employés à des postes technologiques sont noirs. Un chiffre inchangé depuis 2014, rapportait le Washington Post en mars. "Ce n'est pas un point de vue que moi et l'entreprise soutenons, promouvons ou encourageons", a dénoncé dans un mail adressé dimanche aux salariés Danielle Brown, la responsable diversité de Google. Recrutée récemment chez Intel, elle est en fonction depuis seulement un mois.

En plaidant pour la "diversité et l'inclusion", Danielle Brown assure qu'une "partie de la construction d'un environnement ouvert et inclusif signifie favoriser une culture dans laquelle ceux qui ont des points de vue alternatifs, y compris des opinions politiques différentes, se sentent en sécurité en partageant leurs opinions." Et de conclure : "Ce discours doit fonctionner aux côtés des principes d'égalité à l'emploi que l'on trouve dans notre Code de conduite, nos politiques et nos lois anti-discriminations."

Plainte contre Google pour inégalité salariale

La publication de cette note intervient après des scandales et démissions liés au manque de diversité dans des fleurons de la Silicon Valley. En avril, le département américain du Travail a porté plainte contre Google pour "disparités de rémunérations systémiques" observées entre les hommes et les femmes au sein de l'entreprise. En plus d'être sous-payées, les femmes y sont aussi sous-représentées. Elles occupent seulement 31% des emplois chez Google, selon son rapport annuel pour la diversité publié en juin.

Google est loin d'être un cas isolé. Travis Kalanick, le co-fondateur d'Uber, a été poussé vers la porte le 21 juin après une série de renvois et de démissions d'employés et de hauts cadres, sur fond d'accusations de sexisme et de harcèlement. L'ancien patron du géant de la location de voitures avec chauffeur, connu pour ses blagues sur ses conquêtes féminines, était accusé d'avoir lui-même encouragé une culture d'entreprise propice aux dérapages.

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(Avec AFP)