5G : Huawei sonne la riposte

Par Pierre Manière  |   |  522  mots
Ren Zhengfei, le fondateur et directeur général de Huawei. (Crédits : Reuters)
Accusé d’espionnage par les Etats-Unis, et menacé de voir l’Europe lui fermer ses portes, le géant chinois des équipements télécoms se démène, à grand renfort de communication, pour ne pas sombrer. Un activisme qui pourrait s’avérer payant, puisque certains pays, comme le Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande, mettent de l’eau dans leur vin.

Le dragon sort les griffes. Attaqué par les Etats-Unis qui le soupçonnent d'espionnage, et menacé de voir l'Europe lui fermer les portes de son marché de la 5G, Huawei a initié une vaste campagne de communication pour redorer son blason à travers le monde. Il y a un peu plus d'un mois, Ren Zhengfei, le fondateur du champion chinois des équipements télécoms, a sonné la riposte. Très peu friand des médias, il s'est pourtant livré dans une rarissime interview à Shenzhen, au siège du groupe. Lors de cet entretien, il a balayé les soupçons d'espionnage qui pèsent sur son groupe. Conscient que sa proximité avec le Parti communiste inquiète certains services de renseignements, cet ancien ingénieur de l'armée chinoise a affirmé que les données sensibles de ses clients étaient protégées. « Je ne vois aucune relation particulière entre mes convictions politiques personnelles et les activités de Huawei », a lancé le dirigeant.

Tout récemment, Ren Zhengfei a remis le couvert. Lors d'un entretien à la BBC, ce mardi 19 février, il s'est montré beaucoup plus offensif. « Les Etats-Unis ne pourront pas nous écraser », a-t-il bombardé, en fusillant le lobbying anti-Huawei du pays de l'Oncle Sam à l'international. Le fondateur du groupe n'a pas, non plus, hésité à montrer ses muscles : « Le monde ne peut pas se passer de nous car nous sommes plus avancés [que la concurrence, Ndlr]. » Une manière de préciser, indirectement, que si l'Europe voulait se passer de ses services, elle risquerait de prendre un gros retard dans la 5G. Une perspective qui effraye autant Paris, Berlin que Londres.

Le Royaume-Uni adoucit sa position

Cet activisme va-t-il porter ses fruits ? Possible. Selon le Financial Times, le service de renseignement britannique pour la cybersécurité (NCSC) a récemment indiqué qu'il avait les moyens de « limiter les risques » liés à l'utilisation d'équipements 5G du géant chinois. Cette sortie pourrait faire boule de neige, et inciter d'autres pays à se montrer plus conciliant à l'égard de Huawei. Car le Royaume-Uni dispose d'une grande proximité avec les services de renseignement américains, en tant que membre des Five Eyes avec le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

D'ailleurs, Wellington met aussi de l'eau dans son vin concernant Huawei. La Nouvelle-Zélande, qui avait interdit le géant chinois au moins de novembre en brandissant des « risques pour la sécurité nationale », estime aujourd'hui qu'il ne s'agissait pas d'une « décision finale »... Certains estiment, aussi, que l'adoucissement de la position néo-zélandaise est possiblement dû au fait que la Chine est le premier partenaire commercial du pays. Difficile, dans ces conditions, de se brouiller avec la Chine.

En Allemagne, des opérateurs sur le qui-vive

L'Allemagne, elle, a récemment indiqué poursuivre ses consultations avant de décider d'une éventuelle interdiction de Huawei. Le sujet est particulièrement sensible outre-Rhin. Et pour cause : les opérateurs présent sur le territoire (Deutsche Telekom, Vodafone et Telefonica) utilisent des équipements Huawei dans leurs réseaux. Une exclusion du groupe chinois pourrait handicaper le déploiement des réseaux 5G.