Alcatel-Lucent : l'accord avec Nokia est "inacceptable" selon le deuxième actionnaire

Par Laszlo Perelstein  |   |  478  mots
D'après les termes de l'opération, transmis dans un communiqué publié le 15 avril, Nokia lancera une offre publique d'échange de titres sur la base d'un ratio de 0,55 action Nokia pour une action Alcatel-Lucent.
Le gestionnaire de fonds Odey Asset Management LLP, qui possède plus de 5% du groupe français, estime qu'Alcatel-Lucent est sous-évalué par le groupe finlandais. Il n'apportera donc pas ses actions à l'accord de rachat par Nokia, qui a proposé 15,6 milliards d'euros.

Le rapprochement des équipementiers français et finlandais, qui a pour but de créer un champion européen, ne fait pas que des heureux. Le gestionnaire de fonds Odey Asset Management LLP, deuxième actionnaire d'Alcatel-Lucent avec 5,27% du capital et 5,18% des droits de vote (depuis une montée la semaine passée), a exprimé son désaccord, estimant que l'offre sous-évalue le groupe français, rapporte jeudi 30 avril le Financial Times.

Odey n'apportera pas ses actions à l'offre de Nokia

Lors d'une actualisation trimestrielle, le gestionnaire de fonds a ainsi déclaré à ses investisseurs :

"L'accord a été présenté comme une prise de contrôle d'Alcatel par Nokia. En réalité, la prime qu'ils offrent a les caractéristiques d'une fusion. Par conséquent, nous considérons les termes de l'accord inacceptables."

Dans un document transmis à l'Autorité des marchés financiers, daté du 23 avril, le gestionnaire de fonds avait déjà écrit :

"Odey estime que la société est fondamentalement sous-évaluée. Si Nokia devait prendre le contrôle de la société, Odey attend que le prix d'offre soit juste. Odey
n'a pas l'intention d'apporter ses actions à l'offre actuelle de Nokia. Sous réserve des conditions de marché, Odey envisage de poursuivre ses achats d'actions et de CFD (un instrument financier, ndlr)."

Odey a toutefois reconnu "l'intérêt stratégique" de l'opération, qui créerait "une entreprise plus forte, avec des possibilités de synergies matérielles", écrit le journal financier.

Les propos du deuxième actionnaire d'Alcatel-Lucent contrastent fortement avec la position du gouvernement français,qui a donné sa bénédiction à cette "opération d'avenir". Mais l'acquisition par Nokia ne devrait rencontrer aucun problème. Comme le note le FT, l'équipementier finlandais n'a besoin que de 50% des actions Alcatel et les actionnaires de Nokia approuveront la transaction.

Nokia n'a jamais parlé d'une fusion

D'après les termes de l'opération, transmis dans un communiqué publié le 15 avril, Nokia lancera une offre publique d'échange de titres sur la base d'un ratio de 0,55 action Nokia pour une action Alcatel-Lucent. Un ratio qui valorise le groupe franco-américain 15,6 milliards d'euros et représente une prime de 28% par action pour les actionnaires d'Alcatel (sur la base du prix moyen non-pondéré de l'action ces trois derniers mois).

Lors de la conférence de presse conjointe le 15 avril, l'actuel directeur général de Nokia et futur PDG du groupe résultant du rachat, Rajeev Suri, avait d'ailleurs tenu à clarifier les intentions du Finlandais :

"Il ne s'agit pas d'une joint-venture, c'est tout à fait clair. Nous avons appris de nos erreurs."

"Cette opération est une acquisition pure et simple", avait pour sa part commenté Stéphane Richard, le PDG d'Orange, lors de la présentation de son plan 100% Fibre.

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