Conflit sino-américain  : Huawei lance des smartphones sans Google

Par Pierre Manière  |   |  506  mots
Richard Yu, le patron de la division Grand public de Huawei, n'a pas précisé dans quels pays européens la série Mate 30 sera disponible. (Crédits : Reuters)
Le groupe de Shenzhen a dévoilé ce jeudi ses nouveaux smartphones haut-de-gamme, les Mate 30 et Mate 30 Pro. Mais sanctions américaines obligent, ceux-ci n’embarqueront pas les services phares de Google, tout comme son magasin d’applications.

C'est un gros coup dur pour Huawei. Ce jeudi, le géant chinois des télécoms et des smartphones a levé le voile, à Munich, sur ses nouveaux terminaux haut-de-gamme, les Mate 30, Mate 30 Pro et Mate 30 Pro 5G. Fourmillant d'innovations à tous les étages (appareil photo très performant, batterie beaucoup plus rapide à charger, système de navigation par gestes...), ces concentrés de technologie ont toutefois un énorme handicap. Sanctions américaines obligent, ils ne disposeront pas, comme leurs prédécesseurs, de la version standard d'Android, le très populaire système d'exploitation de Google.

Proposés respectivement à partir de 799, 1.099 et 1.199 euros, les Mate 30, Mate 30 Pro et Mate 30 Pro 5G seront privés des services phares de la firme de Mountain View. Parmi eux, on trouve Gmail, Chrome ou encore Google Map. Son magasin d'applications, le fameux Play Store, qui permet de télécharger des services aussi prisés que Facebook, Instagram ou WhatsApp, est lui aussi absent. Il est remplacé par App Galery, celui de Huawei.

Des ventes menacées en Europe

Dans le détail, les nouveaux terminaux de Huawei fonctionneront avec une version « ouverte » et amoindrie d'Android, à laquelle le géant chinois a ajouté une couche logicielle maison, baptisée EMUI10. Reste que sans l'écosystème de Google, ces smartphones pourraient ne pas trouver preneurs sur le Vieux Continent. Bien conscient de ce risque, Richard Yu, le patron de la division Grand public de Huawei, n'a précisé aucune de date de sortie en Europe. Il n'est pas certain que la série Mate 30 soit disponible en France.

Dans le cas où il devrait définitivement se passer ses services de Google, Huawei dispose d'un « plan B ». Celui-ci repose sur le développement d'un système d'exploitation maison, baptisé Harmony OS. L'ennui, c'est que cette option l'obligerait à créer son propre écosystème d'applications. Une tâche aussi pharaonique que coûteuse.

Une situation critique

Pour Huawei, désormais deuxième vendeur de smartphones au monde derrière Samsung, mais devant Apple, la situation s'avère critique. Les terminaux constituent aujourd'hui un peu moins de la moitié de son chiffre d'affaires annuel, qui était de 107 milliards de dollars en 2018. Le groupe de Shenzhen paye ici au prix fort ses déboires aux États-Unis. Au printemps dernier, il a été placé sur liste noire par le pays de l'Oncle Sam, qui entend lui couper le robinet des technologies américaines sur fond de soupçons d'espionnage. C'est dans la foulée de ces sanctions que Google a annoncé qu'il ne lui fournirait plus Android pour ses futurs smartphones.

Ce mercredi, lors d'un grand salon à Shanghai, Ken Hu, le président de Huawei, n'a pas ménagé ses efforts pour clamer que le groupe poursuivait son bonhomme de chemin malgré les attaques américaines. Force est de constater que ce fleuron de la tech chinoise se trouve, plus que jamais, dans une zone de très fortes turbulences.