A Shanghai, Huawei promet qu’il tient bon face aux attaques américaines

Lors d’un grand salon, le géant chinois des télécoms et des smartphones a présenté ses avancées en intelligence artificielle, sans s'épancher sur ses déboires avec les États-Unis. Une manière, pour Huawei, d’affirmer qu'il est capable de poursuivre ses activités.
Pierre Manière
Ken Hu, le président de Huawei.
Ken Hu, le président de Huawei. (Crédits : Reuters)

Comme d'habitude, Huawei n'a pas lésiné sur les moyens. Ce mercredi, le géant chinois des télécoms et des smartphones a sifflé le coup d'envoi d'un grand salon pour vanter ses technologies. Baptisé « Huawei Connect », celui-ci se déroule sur trois jours au Parc des expositions de Shanghai. Environ 35.000 visiteurs - des clients, des fournisseurs et des journalistes venus du monde entier - sont attendus. Ce qui est énorme pour un groupe seul. A titre de comparaison, le Mobile World Congress, la grand-messe du mobile, qui réunit chaque année à Barcelone les cadors mondiaux du secteur, rassemble un peu plus de 100.000 visiteurs.

En coulisse, un sujet domine. Tous les participants se demandent si Huawei va résister aux violentes piques de Washington. Au printemps dernier, en pleine guerre commerciale avec Pékin, Donald Trump a signé un décret visant à interdire au colosse chinois, qu'il accuse d'espionnage, de se fournir en technologies américaines. Un sacré coup dur pour Huawei, qui est un grand consommateur de semi-conducteurs « made in USA », et dont les smartphones tournent sous Android, le système d'exploitation de Google. Reste qu'à cette première journée du Huawei Connect, l'état-major du groupe chinois a presque fait comme si de rien n'était.

Huawei met les bouchées doubles dans l'IA

Ses cadres sont visiblement venus avec une consigne : parler quasi exclusivement de business, et braquer les projecteurs sur les derniers développements. En creux, le groupe espère démontrer que le navire ne prend pas l'eau, malgré les attaques du pays de l'Oncle Sam. L'intervention très attendue de Ken Hu, le président de Huawei, illustre cette stratégie. Dans la grande salle du Parc des expositions, le dirigeant a simplement indiqué avoir été « sous pression ces six derniers mois ». Il s'est félicité du « soutien » au groupe démontré, selon lui, par le grand nombre de visiteurs au salon. Avant d'embrayer, d'emblée, sur les avancées du géant chinois en matière d'intelligence artificielle.

Depuis quelques années, Huawei a de grandes ambitions en la matière. Le groupe de Shenzhen veut peser dans ce domaine, qu'il perçoit comme un complément logique à ses activités dans les télécoms, les smartphones, et autres objets connectés. Si la connectivité, métier historique de Huawei, est essentielle en amont pour générer des monceaux de données, l'IA l'est tout autant en aval pour traiter, trier et analyser ces informations et les transformer en services nouveaux. Or les processus d'intelligence artificielle nécessitent une puissance de calcul toujours plus colossale, a souligné Ken Hu. C'est la raison pour laquelle Huawei a développé une sorte de supercalculateur : l'Atlas 900. D'après Ken Hu, celui-ci dispose, aujourd'hui, de la plus importante puissance de calcul dédiée à l'IA.

Calmer le jeu avec les Etats-Unis

Après une longue intervention à vanter les mérites de son nouveau bébé, Ken Hu a été interpellé, en conférence de presse, sur une initiative du groupe qui a fait couler beaucoup d'encre. Dans le journal The Economist, Ren Zhengfei, le fondateur de Huawei, s'est dit prêt à partager ses secrets et son savoir-faire dans la 5G, un domaine où il est leader, avec un acteur occidental, possiblement américain. Selon Ken Hu, cette manœuvre permettrait de « renforcer la compétition » dans le marché des infrastructures mobiles. Mais elle relève surtout, pour Huawei, d'une tentative de calmer le jeu avec les Etats-Unis. En brandissant une telle proposition, le groupe cherche à démontrer que « les suspicions », dixit Ken Hu, concernant ses équipements dédiés au mobile - accusés par Washington de servir de cheval de Troie pour espionner les communications - ne sont pas justifiées.

A la tête de la communication de Huawei et ancien chef de file de Huawei France, Song Kai confirme que l'annonce de Ren Zhengfei constitue « un message de transparence » destiné à apaiser les tensions. Reste que les secrets de la 5G du groupe chinois ne seront pas à la portée de toutes les bourses. Interrogé à ce sujet, Song Kai sourit, et estime que l'intéressé devrait payer « quelques centaines de milliards [de dollars, Ndlr] ». Et pour cause : Huawei ne va certainement pas brader une technologie dans laquelle il a énormément investi, et s'avère cruciale pour sa croissance dans les années à venir.

Pierre Manière

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