Coronavirus  : les opérateurs se mobilisent pour préserver les réseaux

Par Pierre Manière  |   |  650  mots
« Les pics de trafic auxquels nous sommes habitués et préparés vont se transformer en hausse continue de la consommation », insiste Arthur Dreyfuss, président de la Fédération française des télécoms et secrétaire général d’Altice France/SFR. (Crédits : CC0 Creative Commons/Pexel)
Alors que les Français sont invités à rester au maximum chez-eux et à limiter les sorties, les équipes d’Orange, de SFR, de Bouygues Telecom et de Free se préparent à affronter des pics de trafic Internet.

Ce n'est pas pour rien qu'aux yeux de l'Etat, les opérateurs télécoms rentrent dans la catégorie, à protéger à tout prix, des « opérateurs d'importance vitale » (OIV). Leur activité est, de fait, aussi essentielle que sensible. Si en temps normal, il est impensable de se passer longtemps de télécommunications, ces dernières deviennent cruciales en temps de crise. Surtout lorsqu'une épidémie de coronavirus oblige les Français à rester au maximum chez-eux et à télétravailler pour ceux qui le peuvent. En attendant, peut-être très bientôt, de strictes mesures de confinement.

Dans ce contexte, les Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free s'attendent à d'importants pics de trafic sur leurs réseaux Internet fixe et mobiles. Tous sont mobilisés pour éviter qu'ils soient saturés, qu'ils « tombent », ou essuient des cyberattaques. Président de la Fédération française des télécoms (FFT), le lobby du secteur, et secrétaire général d'Altice France/SFR, Arthur Dreyfuss précise qu'au total, pas moins de 15.000 techniciens et ingénieurs sont aujourd'hui sur le pied de guerre. Pour l'heure, les grands opérateurs nationaux ne semblent pas inquiets. « Nos réseaux sont parfaitement capables de gérer les hausses de trafic, assure un porte-parole d'Orange. La hausse du télétravail ne va pas changer fondamentalement les choses. » Même son de cloche chez Bouygues Telecom. « Aujourd'hui, les réseaux sont dimensionnés pour absorber les pics de consommation en fin de journée et en soirée », nous dit-on.

Une séquence « exceptionnelle »

Reste que la situation est inédite. Elle pourrait générer de très fortes et handicapantes hausses de trafic. Sous couvert d'anonymat, un cadre d'un opérateur évoque la possibilité qu'un grand nombre de foyers allument en continu Netflix, ou se mettent à jouer massivement en ligne. Autant d'activités qui consomment énormément de bande passante. En temps normal, les services de vidéo en streaming et les jeux vidéo s'avèrent parfois une plaie pour les réseaux. Illustration: le 10 mars au soir, « la plupart des liens internationaux sur l'Atlantique des opérateurs mondiaux ont saturé pendant trois heures, racontait récemment Jean-Luc Vuillemin, le directeur des réseaux et des services internationaux d'Orange sur Twitter. La raison : la nouvelle version Warzone de Call of Duty venait d'être mise en ligne. L'influence des jeux en ligne sur l'écosystème Internet est juste incroyable. »

D'après Arthur Dreyfuss, la séquence qui s'ouvre est « exceptionnelle »« Les pics de trafic auxquels nous sommes habitués et préparés vont se transformer en hausse continue de la consommation, insiste-t-il. Il ne s'agit pas de gérer pour les prochains jours, mais pour les prochains mois. » A ses yeux, il est essentiel qu'en parallèle de la mobilisation des opérateurs, les Français fassent preuve de « responsabilité numérique ». Reste qu'en cas de congestion des réseaux, des mesures visant à privilégier certains services essentiels pourraient voir le jour. Dans cette hypothèse, « l'idée n'est pas de viser une plateforme en particulier, mais de prioriser le télétravail, les télécoms personnelles et la connexion des services de santé », nous dit une source proche du dossier.

Des mesures contre les cyberattaques

Outre ces préoccupations, les opérateurs s'organisent pour entretenir correctement leurs réseaux. « Un plan de continuité d'activité a été mis en place », affirme le porte-parole d'Orange. L'opérateur a listé les services et personnels jugés essentiels. « En cas de panne, nous pouvons réparer », poursuit-il. La connectivité de certains secteurs sensibles, comme les hôpitaux, fait l'objet d'une attention particulière. Enfin, les opérateurs prennent très au sérieux le risque de cyberattaques, en particulier celles visant les réseaux. « Tous les opérateurs ont pris des mesures pour y faire face », assure Arthur Dreyfuss.