L’Afrique, une « terre de conquête » pour Orange

Par Pierre Manière  |   |  586  mots
Stéphane Richard, le PDG de l'opérateur historique, rappelle que l'Afrique représente 11% du chiffre d'affaires du groupe.
L’opérateur historique a annoncé lundi qu’il entrait au capital d’Afrostream, une jeune plateforme de vidéo à la demande déjà présente au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Cette participation vient confirmer la stratégie de renforcement d’Orange sur le continent africain.

Décidément, l'appétit d'Orange pour le marché africain va crescendo. Ces derniers mois, l'opérateur historique de l'Hexagone a multiplié les annonces envers ce continent, qu'il juge aussi prometteur que stratégique. Ce lundi, le groupe a annoncé qu'il allait entrer au capital d'Afrostream. Cette jeune plateforme payante de vidéo à la demande, incubée par Orange Fab France, est spécialisée dans le cinéma « afro ». Lancée au mois de septembre, celle-ci revendique près de 3.000 abonnés. Cette startup, qui a lancé son service au Sénégal, en Côte d'Ivoire, mais aussi en France, en Belgique et au Luxembourg, espère passer la barre des 50.000 clients d'ici à la fin de l'année. Ce qui lui permettrait, selon le groupe, d'atteindre la rentabilité.

Cette participation dans Afrostream (dont Orange n'a pas dévoilé le montant), l'illustre : l'opérateur historique compte mettre un coup d'accélérateur en Afrique où il est présent depuis une vingtaine d'années. Lors du Forum Smart City Méditerranée organisé à Marseille par La Tribune le 25 septembre dernier, Stéphane Richard, le PDG d'Orange, est revenu sur les ambitions du groupe sur ce continent:

« En 2014, sur les près de 40 milliards de chiffre d'affaires du groupe, l'Afrique a pesé 11% [soit 5,7 milliards d'euros, Ndlr]. Alors que quand je suis arrivé dans le groupe [à la fin des années 2000], c'était moins de 7%. En Afrique aujourd'hui, on a 110 millions de clients sur un total de 240 millions à l'échelle du groupe. Nous avons, par exemple, plus de clients Orange en Egypte qu'en France. Donc oui, pour nous, l'Afrique est une terre d'expansion, une terre de conquête. On est présent dans 19 pays aujourd'hui, et on est clairement à l'offensive. »

Malgré les difficultés locales, liées notamment « au déficit d'infrastructures électriques », Stéphane Richard veut « continuer à croître » sur place :

« On est très investisseur, on investit plus de 20% de notre chiffre d'affaires en Afrique dans les réseaux. Car l'Afrique, c'est la frontière numérique de demain. 40% de la population du globe à la fin de ce siècle, si on en croît les projections de l'ONU, sera en Afrique. Et donc c'est là que ça se passe. »

Fin juillet, Orange a ainsi annoncé être entré « en négociations exclusives » avec l'opérateur indien Barthi Airtel pour mettre la main sur ses filiales au Burkina Faso, au Congo, au Tchad et en Sierra Leone. Sachant qu'au total, ces actifs représentent quelques 9 millions d'abonnés pour un chiffre d'affaires avoisinant les 600 millions d'euros. Et en février dernier, le numéro un français des télécoms avait renforcé sa participation dans l'opérateur égyptien Mobinil.

Spécialiste des télécoms en Afrique pour BearingPoint, Jean-Michel Huet n'est guère surpris par la fringale d'Orange et des opérateurs concurrents. « C'est un secteur assez énorme, affirmait-il à La Tribune en juillet dernier. C'est la région du monde qui affiche la plus forte croissance. »

Il renchérit : « Il y a 20 ans, il n'y avait rien, alors qu'aujourd'hui, 70% des Africains disposent d'un téléphone mobile. » Dans ce marché ultra-concurrentiel (environ 180 opérateurs mobiles bataillent sur le continent), Orange compte sur son poids pour s'imposer et saisir les opportunités. D'après Stéphane Richard, le groupe « a vocation à être un des plus grands opérateurs, ou peut-être le plus grand opérateur panafricain dans quelques décennies ». Ses rivaux sont prévenus.