La Commission européenne veut revoir la régulation des télécoms

Par latribune.fr  |   |  635  mots
La Commission européenne affirme que la « fragmentation » du secteur peut « avoir un impact sur la capacité des opérateurs à atteindre l'échelle nécessaire pour investir dans les réseaux du futur » (Photo d'illustration). (Crédits : Reuters)
L'exécutif européen songe à assouplir les règles encadrant les fusions entre opérateurs. Objectif, faire en sorte qu'ils soient en mesure d’investir davantage dans la fibre et la 5G. La Commission reste attachée à la concurrence, afin de préserver des prix bas pour le consommateur.

Il y a presque un an, plusieurs grands noms des télécoms européennes comme Orange, Deutsche Telecom ou Ericsson ont profité de l'ouverture du salon du mobile de Barcelone pour dire tout le mal qu'ils pensaient de la politique menée par Bruxelles à l'égard de leur secteur. D'après eux, la doctrine consistant à privilégier une ultra-concurrence dans tous les pays membres pour que le consommateur continue de bénéficier de prix bas n'en finit pas de plomber la filière. La patronne d'Orange, le géant français des télécoms, a notamment fustigé « une réglementation parfois dépassée ».

« Selon le cabinet de conseil PwC, 46% des PDG de sociétés de télécommunications pensent que leur entreprise ne survivra pas une décennie de plus », a-t-elle, alors, averti.

Lire aussiAu Mobile World Congress, l'industrie des télécoms blâme la régulation européenne

Le message a été bien reçu par Bruxelles. La Commission européenne est en train d'élaborer une nouvelle « loi sur les réseaux numériques ». Son objectif ? Accorder la réglementation des télécoms avec son objectif d'apporter, via la 5G et la fibre, une connectivité d'un gigabit/seconde d'ici à 2030.

Dans un projet de livre blanc consulté par Reuters et le Financial Times la semaine dernière, et que Margrethe Vestager, la vice-présidente de la Commission européenne doit présenter mercredi, l'institution affirme que la « fragmentation » du secteur peut « avoir un impact sur la capacité des opérateurs à atteindre l'échelle nécessaire pour investir dans les réseaux du futur ». La Commission européenne a notamment dénombré une cinquantaine d'opérateurs de téléphonie mobile et une centaine d'opérateurs Internet fixe sur le Vieux Continent.

Davantage de « consolidation transfrontalière »

Bruxelles considère, dans ce document, qu'une « consolidation transfrontalière ou différentes formes de coopération en amont pourraient permettre aux opérateurs d'acquérir une taille suffisante », afin d'étendre davantage leurs réseaux. Cela dit, la Commission reste, visiblement, très attachée au maintien d'une forte compétition dans tous les pays membres. L'objectif reste de ne pas « compromettre la concurrence en aval », souligne le texte.

De quoi faire grincer des dents les grands opérateurs européens, dont beaucoup estiment qu'ils n'ont plus les moyens d'investir des milliards dans la fibre et la 5G, sans relever leurs tarifs. Tous pestent sur les nombreuses tentatives de consolidation balayées par Bruxelles ces dernières années. La Commission n'aurait d'yeux, selon eux, que pour le consommateur, sans se soucier suffisamment de la santé de leur industrie.

Lire aussiRome donne son feu vert au rachat du réseau de Telecom Italia par KKR

De Vodafone à BT, en passant par Telecom Italia, ou encore Telefonica, plusieurs grands opérateurs européens souffrent de la concurrence. En outre, ils sont criblés de dettes, et multiplient aujourd'hui les plans sociaux. Beaucoup ont - de fait - revu leurs projets d'investissements à la baisse, notamment dans la 5G, au grand dam des équipementiers comme Ericsson et Nokia, qui voient leurs carnets de commandes fondre.

Feu vert imminent pour Orange et MasMovil

Cette fermeté bruxelloise à vouloir préserver à tout prix la concurrence devrait, de nouveau, s'illustrer. La Commission européenne doit d'ici peu se prononcer sur le mariage entre Orange et son rival MasMovil en Espagne.

Lire aussiFusion d'Orange et MasMovil : Christel Heydemann espère un feu vert en fin d'année

Ce deal, qui doit donner naissance au numéro deux du marché derrière l'opérateur historique Telefonica, devrait, vraisemblablement, être autorisé. Mais sous réserve de céder certains actifs à leur concurrent, le Roumain Digi, afin qu'il puisse grandir et permettre au marché de conserver un haut niveau de concurrence.