Fusion d'Orange et MasMovil : Christel Heydemann espère un feu vert en fin d’année

La patronne d'Orange a réaffirmé, ce mardi, sa détermination à consolider le très concurrentiel marché espagnol des télécoms. Elle espère décrocher l'aval de Bruxelles, et finaliser l’opération au premier trimestre 2024.
Pierre Manière
Christel Heydemann, la patronne actuel du géant des télécom Orange.
Christel Heydemann, la patronne actuel du géant des télécom Orange. (Crédits : Reuters)

C'est « le » deal qui attire, aujourd'hui, tous les regards de l'Europe des télécoms. Cela fait des mois qu'Orange discute avec la Commission européenne dans l'espoir de décrocher son feu vert pour marier Orange Espagne avec son rival MasMovil. Cette opération permettrait de consolider un marché espagnol particulièrement concurrentiel, puisque le nombre de grands opérateurs passerait, ainsi, de quatre à trois dans le pays.

Orange, numéro deux sur le marché, et MasMovil, le numéro quatre, veulent unir leurs forces pour mieux rivaliser avec l'opérateur historique Telefonica. Une autorisation de Bruxelles signifierait, aux yeux de beaucoup d'opérateurs, que d'autres mouvements de consolidation pourraient être possibles dans d'autres pays européens. C'est la raison pour laquelle la décision de la commission est si attendue dans l'industrie.

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Lors de la présentation des résultats d'Orange au troisième trimestre, ce mardi, Christel Heydemann a réaffirmé sa détermination à faire aboutir ce deal« Nous espérons une approbation vers la fin de l'année, et une finalisation de l'opération au premier trimestre 2024 », a déclaré la patronne d'Orange. La dirigeante a de nouveau indiqué que cette fusion serait particulièrement créatrice de valeur.

« Nous sommes très confiant dans les synergies que crée ce projet de fusion, a-t-elle déclaré. La première des synergies, et la plus importante, c'est que MasMovil utilise aujourd'hui notre réseau. Et mécaniquement, ce coût d'accès au réseau disparaît quand on fusionne les deux entreprises. »

De longues négociations

Cela dit, les négociations avec Bruxelles semblent interminables. Ce qui pousse certains observateurs à douter d'une issue favorable. Christel Heydemann a souligné qu'« évidemment, nous aimerions tous que ça aille plus vite », mais a insisté sur la « complexité » de l'opération. De fait, outre Orange et MasMovil, celle-ci concerne aussi des « remedy takers » - c'est-à-dire d'autres opérateurs qui doivent récupérer, à l'occasion de ce mariage, certains actifs. Comme La Tribune l'a précédemment révélé, la commission a identifié deux « remedy takers » : l'un d'eux est le roumain Digi, particulièrement agressif en Espagne. Christel Heydemann a aussi rappelé qu'Orange « sait très bien où sont ses limites » en matière de remèdes, et que le groupe ne négociait « pas sans ligne rouge ».

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A Bruxelles, certaines voix pressent la commission de changer sa politique à l'égard des télécoms. Il y a deux semaines, Thierry Breton, le commissaire français au marché intérieur, a notamment appelé à « aborder la question » des opérations de consolidation dans les pays membres. Jusqu'ici, Bruxelles a mis un point d'honneur à toujours préserver un haut niveau de concurrence dans chaque pays, afin que les prix demeurent bas pour le consommateur. Mais les difficultés de certains opérateurs, conjuguées aux lourds investissements dans la fibre et dans la 5G, pourraient inciter Bruxelles à réviser sa stratégie. Le mariage entre Orange et MasMovil sera, sous ce prisme, éclairant.

Pierre Manière

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