WeFix, le « Carglass » des smartphones

Par Pierre Manière  |   |  909  mots
D'après WeFix, le ticket moyen pour une réparation est de 60 euros.
Jusqu’alors spécialisée dans la réparation de téléphones et tablettes à domicile, la société a changé de modèle. Elle mise sur le déploiement de dizaines de corners dans les centres commerciaux pour ferrer les particuliers.

Depuis le mois de mars, la startup WeFix a envahi une trentaine de centres commerciaux de l'Hexagone. Dans ces corners situés au beau milieu des boutiques et grands magasins, des techniciens en blouse blanche accueillent les clients. Leur mission ? Réparer et offrir une seconde jeunesse à leurs smartphones et tablettes aux écrans cassés, aux batteries défectueuses ou victimes de pannes. Co-fondateur de la société, Edouard Menantaud assure que le travail ne manque pas. « En ce moment, on répare entre 8.000 et 10.000 smartphones par mois », lâche-t-il, précisant que le « ticket moyen par client est de 60 euros ».

Lui, qui vise 150 implantations dans les centres commerciaux d'ici à la fin de l'année, est persuadé que le créneau est porteur. D'une part, « les smartphones ont un taux de casse de 12% la première année », assène-t-il. D'autre part, il parie que le développement des abonnements « sim only » - c'est-à-dire des forfaits sans téléphones subventionnés, comme ceux de Free - va doper le marché de l'occasion et de la réparation.

Un changement de stratégie

Pour WeFix, les centres commerciaux constituent un moyen privilégié pour dénicher des clients. « On cible les plus importants, ceux qui ont plus de 3 millions de visiteurs par an », explique Edouard Menantaud. A ses yeux, il s'agit d'une collaboration gagnant-gagnant :

« Nous profitons de l'important trafic naturel des lieux. Quant aux centres commerciaux, ils y trouvent leur compte, puisque nos clients profitent généralement du temps de réparation - 20 minutes en moyenne - pour visiter les boutiques environnantes... »

Pour la société, ces corners constituent pourtant un vrai changement de stratégie. Jusqu'au mois de mars, WeFix s'appelait encore Allo Smartphone. Fondée en 2011 avec un capital de départ de 100.000 euros, la société était alors spécialisée dans le raccommodage de smartphones et tablettes à domicile.

« A ce moment-là, nous proposions un service réactif pour réparer au plus vite les terminaux cassés. Les clients faisaient leur demande sur notre site Internet. Un technicien se rendait ensuite chez eux, ou sur leur lieu de travail, pour effectuer la réparation », détaille Edouard Menantaud.

De très profitables clients professionnels

En investissant ce secteur, la société a commencé à travailler avec des grands groupes comme TF1, Axa, Nestlé, Vinci ou Lagardère. De fait, ces grandes entreprises disposent de vastes flottes de smartphones destinées à leurs collaborateurs. Elles sont donc régulièrement confrontées à des pannes et casses diverses, dont très peu sont prises en charge par les assurances. Or d'après le fondateur de la startup, elles n'avaient guère le réflexe de toquer à la porte de la boutique de réparation du quartier. Résultat : plusieurs dizaines de terminaux, chers et loin d'être en fin de vie, croupissaient inutilement dans les armoires des services techniques...

Flairant le filon, Allo smartphone s'est donc focalisé sur l'élargissement de son portefeuille de clients professionnels, délaissant quelque peu le grand public. Edouard Menantaud en témoigne : « A l'époque, 70% du chiffre d'affaires était réalisé par nos offres B2B. » Pour autant, l'entrepreneur a bien conscience que les particuliers constituent un marché bien plus important. Mais à l'en croire, le site Internet n'offre pas la force de frappe nécessaire pour capter davantage de clients, tout en coûtant cher à faire connaître. D'où l'idée de se déployer dans les centres commerciaux. Depuis, le site - pour l'heure mal référencé sur Google - n'offre donc plus aux particuliers un service à domicile. Il ne permet plus que de localiser le corner le plus proche, ou d'envoyer par la poste son téléphone ou sa tablette cassée au service de réparation.

Les objets connectés en ligne de mire

Mais pourquoi avoir troqué la marque Allo smartphone par WeFix ? Parce qu'à terme, la startup compte bien étendre son offre à d'autres objets connectés.

« Plusieurs clients nous sollicitent pour des Apple Watch. Ils ont des problèmes d'écran cassé, ou de mauvais fonctionnement de la molette... Du coup, on souhaite proposer ces réparations à partir du mois de septembre », souligne Edouard Menantaud.

En amont, la société a besoin de temps pour former sa centaine de techniciens. Pour cela, elle dispose de sa propre école à Paris.

« Cela nous permet d'avoir partout la même qualité de service, poursuit le fondateur. Mais nous n'avons de toute façon pas le choix : il n'existe pas vraiment de formation spécifique pour nos réparations. »

Pour être technicien chez WeFix, un BTS en électronique ou tout autre diplôme n'est pas un impératif :

« On prend des gens qui veulent travailler, et on leur apprend à remplacer des pièces, comme des écrans, des batteries ou des boutons. Par la suite, des formations plus pointues concernent la microsoudure sur une carte-mère, ou le nettoyage des composants d'un smartphone tombé à l'eau et qui se sont oxydés. »

Bientôt un déploiement à l'international ?

Avec ses atouts, WeFix veut surtout aller au plus vite à l'international. La société, qui ambitionne un chiffre d'affaires de 7 millions d'euros en 2015 (contre 2 millions d'euros l'an passé) vise notamment l'Espagne, l'Allemagne, la Belgique et la Grande Bretagne. Pour financer ce déploiement, elle espère boucler bientôt un tour de table d'environ 10 millions d'euros. Un impératif pour changer d'échelle. Et surtout ne pas se faire damer le pion.