Immobilier : les promoteurs demandent des mesures d’urgence

Par Mathias Thépot  |   |  694  mots
Les mises en ventes de logements par les promoteurs ont baissé de 18,5% au troisième trimestre.
Très inquiets des chiffres du troisième trimestre sur le marché de l’immobilier neuf, la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) milite pour des mesures d’urgence.

Pessimiste, le président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), François Payelle, a exprimé mardi matin la nécessité d'agir urgemment pour redresser son secteur : "Les entreprises de promotions ne tiendront pas très longtemps à ce rythme", a-t-il averti.

Source de ses inquiétudes, la chute du nombre de mises en vente de logements par les promoteurs immobiliers a été spectaculaire lors du troisième trimestre 2013. Elles se sont écroulées de "18,5% au troisième trimestre, s'adaptant à la faiblesse de la demande et stabilisant l'offre commerciale à 92.330 logements", a indiqué la FPI dans son Observatoire trimestriel.

Priorité à la maitrise des stocks

Marquée par la crise immobilière du début des années 1990 en France, caractérisée par une offre trop abondante de logements, les promoteurs immobiliers ne veulent surtout pas prendre de risques. Ils font très attention à maintenir le niveau des stocks de logements terminés et invendus à un niveau bas (8,7%). En parallèle, 44% de leur offre commerciale est constituée de logements non commencés et susceptibles de ne jamais l'être si la pré-commercialisation est insuffisante.
Et au regard de la faiblesse de la demande et du resserrement des contraintes de crédits des banques, "le risque est élevé que de nombreux programmes soient abandonnés dans les prochains mois", explique l'Observatoire de la FPI.

Pas de baisse des prix à attendre

Les promoteurs le clament depuis un certain temps : malgré la baisse de la demande, les prix de vente ne chuteront pas. Ce, car ils collent aux prix de revient des promoteurs qui ne sont pas prêts de diminuer, après avoir crû fortement lors des dix dernières années.

Résultat, les promoteurs n'arrivent plus à lancer des opérations à des prix en phase avec la demande. Dans le contexte actuel, "il ne faut donc pas s'attendre à une baisse des prix de vente significative", confirme Alexandra François-Cuxac, vice présidente de la FPI.

Certaines régions sont sinistrées

Une diminution de la production "extrêmement préoccupante, voir dramatique" se fait en tout cas déjà ressentir dans certaines régions, explique François Payelle. Notamment en Auvergne où les mises en vente ont chuté de 59% au troisième trimestre 2013 par rapport au même trimestre de l'année précédente.

Libérer du foncier privé

En réaction, la FPI propose plusieurs mesures pour sortir de ce marasme. En premier lieu, la libération du foncier privé, dont la fiscalité sur les plus-values varie beaucoup depuis quelques années. S'il est prévu que les abattements pour durée de détention de terrains constructibles soient purement et simplement supprimés en 2014, les propriétaires fonciers ne s'affolent pas pour céder rapidement et attendent en fait une prochaine modification fiscale.
Pour rompre avec cet attentisme ambiant, la FPI propose une fiscalité inversée : appliquer durant les trois prochaines années un abattement exceptionnel sur les plus-values de cession de terrains à bâtir de 75% pour 2014, 50% pour 2015 et de 25% pour 2016.

Appliquer les loyers du « Duflot » en zone B2

La FPI demande aussi que les loyers du dispositif Duflot destinés aux investisseurs particuliers soient appliqués dans toutes les zones visées. Pour l'instant, ces loyers ne peuvent être entérinés pour les communes situées en zone B2 que si les préfets de région les fixent par arrêté. Ce que les trois-quarts n'ont pas encore fait, créant une incertitude pour les investisseurs.

"Il y a des tas d'endroits où l'on ne sait pas encore à quel loyer on louera", déplore François Payelle. Avant d'ajouter qu'il "ne faut plus toucher au dispositif Duflot pendant 3 ans pour qu'il puisse fonctionner efficacement".

Enfin le lobby des promoteurs appelle de ses vœux l'Assemblée nationale à revenir sur les concessions faites par le Sénat aux maires lors de la première lecture de la loi pour un accès au logement et un urbanisme rénové (Alur). La Chambre haute a donné la possibilité aux maires de remettre en cause l'élaboration du plan local d'urbanisme au niveau intercommunal grâce à une minorité de blocage.