Livret A : pourquoi les banques n’obtiendront pas davantage

Par Mathias Thépot  |   |  583  mots
En 2013, les prêts des fonds d’épargne, qui centralisent une partie des ressources du livret A, pour le secteur du logement social ont crû de 10%.
La nécessité de soutenir les secteurs du logement social et des collectivités locales ne devrait plus chambouler la répartition des encours du livret A à court terme. N'en déplaise aux banques.

Non contentes de déjà recevoir 30 milliards d'euros issus de la collecte des livrets d'épargne réglementée A et LDD, -qui leur sont redistribués après centralisation-  les banques françaises voudraient récupérer 20 milliards d'euros supplémentaires. Ils leur seraient bien utiles pour faire face aux nouvelles exigences réglementaires en matière de liquidité.
Pour arriver à leurs fins, les banques arguent notamment la situation de "surliquidité" du livret A, dont les encours centralisés dans les fonds d'épargne de la Caisse des dépôts (CDC) étaient de plus de 50 milliards d'euros supérieurs aux crédits en faveur du logement social (la mission de base du livret A) à la fin 2012.

La demande des banques n'est à ce stade pas justifiée

 Du côté la CDC, on ne voit pas d'un bon œil cette nouvelle requête des banques. "A ce stade la demande des banques (de récupérer 20 milliards d'euros de plus ndlr) ne paraît pas justifiée" y indique-t-on en interne.
Ce, principalement car les fonds d'épargne traversent une période où ils sont très sollicités.

L'année 2013 représentait déjà "un record historique de mobilisation du fonds d'épargne pour le secteur du logement social et de la politique de la ville, qui constitue le cœur de son activité. En croissance de 10% par rapport à 2012, ce sont 16,4 milliards d'euros de prêts qui ont été signés sur l'année, dont 14,1 milliards d'euros de prêts directement octroyés par la Caisse des Dépôts", indique un communiqué publié la semaine dernière.

Le gouvernement met le paquet sur le logement social

Et en 2014, cette tendance devrait se confirmer. L'objectif ambitieux de construire 150.000 logements sociaux par an a en effet été fixé par le gouvernement.
Pour ce faire, les organismes HLM ont même signé un pacte avec l'Etat qui leur accorde en contrepartie un taux de TVA réduit à 5,5% pour construire tous ces logements.

Les fonds d'épargne seront par ailleurs sollicités pour cofinancer à hauteur de 900 millions d'euros un projet, nommé Argos, pour la création de 10.000 logements locatifs intermédiaires (pour les classes moyennes), qui est piloté par la filiale de la Caisse des dépôts, la SNI.

Il faut sauver les collectivités locales

La vieille dame de la rue de Lille est également sollicitée sur un autre grand chantier : le financement des collectivités locales.  Après les avoir extirpées d'un credit crunch il y a plus de deux ans, la CDC continue par l'intermédiaire des fonds d'épargne d'abreuver les collectivités locales en crédits. Une l'enveloppe sur fonds d'épargne de 20 milliards d'euros de prêts de long terme est ainsi mise  à disposition jusqu'à 2017.

Tendance à la décollecte

Enfin, on s'inquiète rue de Lille de la réduction tendancielle de la collecte du livret A, dont le plafond a pourtant été augmenté à l'arrivée du nouveau gouvernement. Aux mois de septembre, octobre et novembre, le livret A a en effet subi une décollecte significative (près de 4 milliards d'euros en cumulé), même si le livret d'épargne préféré des français a retrouvé des couleurs en décembre (collecte positive de 350 millions d'euros).

Bref, au regard de toutes ces péripéties, "ce serait plutôt risqué de renvoyer des liquidités aux banques", explique-t-on à la CDC. Sur ce dossier, les institutions financières françaises devront encore attendre.