Vers un pacte de constructibilité pour relancer l'offre de logements ?

Par Mathias Thépot  |   |  641  mots
Seuls 330.000 logements ont été mis en chantier en 2013 en France
Le promoteur Nexity propose un pacte de constructibilité au gouvernement pour alimenter l’offre de logements.

En France, la mode est à l'élaboration de pactes entre les pouvoirs publics et le secteur privé pour relancer l'offre. Provocant, le président du promoteur immobilier Nexity Alain Dinin surfe sur cette vague et propose au gouvernement un "pacte de constructibilité" qui viendrait alimenter l'offre de logements, qui traverse une mauvaise passe : seuls 330.000 logements ont été mis en chantier en 2013. C'est 15.000 de moins que la moyenne de ces 20 dernières années ; et ce n'est pas assez pour subvenir aux nouveaux besoins de la population hexagonale.

Abaisser les prix de revient : un engagement de François Hollande

Le président de la République en personne a récemment annoncé son ambition de faire baisser le prix de revient des promoteurs de 10% d'ici à 2017. Ce, pour que les ménages puissent bénéficier in fine de logements à prix maitrisés. D'accord sur l'objectif, Alain Dinin estime qu'il faut aller plus vite. "Nous sommes d'avis qu'il est possible suivant trois axes phares de faire baisser ce prix de plus de 10% tout de suite", assure le PDG de Nexity. 

Supprimer des enchères sur les terrains publics

Il milite d'abord pour que les enchères sur les terrains publics soient supprimées. "Les collectivités pourraient ne plus mettre leurs terrains aux enchères. En contrepartie, les promoteurs limiteraient leurs prix de ventes", propose Alain Dinin. Ce type d'initiative a déjà été expérimenté à Saint-Ouen, ou dans le cadre de la communauté d'agglomération plaine commune, qui rassemble les villes d'Aubervilliers, Epinay-sur-Seine, Ile-Saint-Denis, Pierrefitte-sur-Seine, Saint-Denis, Stains et Villetaneuse.
Au final, "l'opérateur choisi ne serait non pas celui qui donne le meilleur prix pour le terrain, mais celui qui présente le projet le plus adapté" suggère le PDG de Nexity.

Réduire les contraintes liées aux parking

Ensuite, le promoteur demande un "allègement des contraintes d'urbanisme en matière de stationnement". Un vieux marronnier pour les maîtres d'ouvrage. "En zone urbaine, pour un logement, 1,5 place de parking est demandée en moyenne", explique Jean-Philippe Ruggieri, directeur général immobilier résidentiel de Nexity. Pour faire baisser ce ratio, le promoteur propose de mettre en place des services d'autopartage grâce à un grand loueur de voitures ; Et de développer la gestion du foisonnement des places de parking grâce aux objets connectés. Tout ceci pourrait permettre de ramener à 0,8 le nombre de place de parking par logement. "Une place vaut entre 15.000 et 20.000 euros. On peut donc faire baisser de 7 à 8% le prix de revient d'un logement, dont le coût moyen est d'environ 218.000 euros", note Alain Dinin.

Des logements adaptables aux personnes à mobilité réduite

Enfin, le sujet non moins récurrent de l'assouplissement des normes est mis sur la table par le PDG de Nexity. Il aborde principalement l'éventualité de modifier les normes associées aux personnes à mobilité réduite. Ce, en sortant de l'obligation de construire 100% de logements adaptés aux personnes en situation de handicap, mais 100% de logements adaptables, par l'intermédiaire de travaux mineurs. Ce qui induit moins de perte de surface au moment de la construction du logement.

Plusieurs consultations sont déjà en cours sur le sujet de l'offre de logement

Les propositions du PDG pourront en tout état de cause alimenter le débat en cours. Car plusieurs consultations sont en train d'être menées dans le but d'accroître l'offre d'habitations en France. L'ancien PDG d'Unibail Rodamco, Guillaume Poitrinal, est par exemple mandaté par François Hollande pour réfléchir à un véritable "choc de simplification" ; Alors que quatre groupes de travail mobilisant toutes les fédérations des entreprises de la construction ont été réunis par la ministre du logement Cécile Duflot pour trouver des solutions structurelle en faveur de la production de logements. Des propositions concrètes sont attendues pour mars.