Immobilier : les Européens délaissent les quartiers riches de Londres

Par Sasha Mitchell  |   |  516  mots
Un ressortissant français traverse le Pont de Westminster, à Londres, au volant de sa Ferrari.
CARTOGRAPHIE. Près d'un an après le vote des Britanniques en faveur du Brexit, les riches Européens se détournent des quartiers huppés du centre de la capitale. Outre une baisse drastique des achats début 2017, les continentaux commencent également à vendre leurs biens.

Le Royaume-Uni s'apprête à quitter l'Union européenne. Les Européens fortunés s'en accommodent. A l'origine de 28% des achats de propriétés de prestige à Londres au deuxième trimestre 2016, juste avant le Brexit, les continentaux n'ont pris part que dans 8% de ces acquisitions au premier trimestre 2017. Habituels plus gros acheteurs étrangers dans le quartier ultra-chic de Kensington and Chelsea, ceux-ci sont dépassés pour la première fois par les acquéreurs du Moyen-Orient (un achat sur dix sur les trois premiers mois de l'année), selon des statistiques de Hampton International relayées par le Financial Times.

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Et ce désintérêt pour les propriétés très haut de gamme ne vient pas d'une hausse soudaine des prix du luxe. Selon l'agence immobilière Savills, les prix de ces maisons, appartements et autres lofts prime ont baissé de 12,5% depuis 2014 et depuis la mise en place de mesures visant à freiner la hausse vertigineuse des prix au sein de la capitale britannique. Dans l'ensemble, en moyenne, le prix d'une propriété dans le quartier de Kensignton and Chelsea était de 1,4 million de livres (1,6 millions d'euros) en mars, en hausse de 200.000 livres toute de même depuis octobre 2016, contre 471.742 livres (540.238 euros) pour le reste de la ville et 215.848 livres à travers le Royaume-Uni.

Les Européens, plus gros vendeurs au troisième trimestre 2016

"L'incertitude est actuellement élevée au Royaume-Uni et cela se répercute sur le marché très haut de gamme", explique Fionnuala Earley, directrice de recherche chez Hamptons, au Financial Times. "Nous verrons peut-être un regain d'activité lorsque les négociations sur le Brexit seront plus avancées, mais cela aura tout de même certainement un effet sur les acquéreurs européens."

[Survolez la carte pour accéder aux noms des quartiers et aux prix moyens. Aucune donnée pour Bexley et Westminster]

En parallèle, depuis plusieurs mois, les Européens ont davantage tendance à se séparer de leurs biens acquis dans la capitale britannique. Au troisième trimestre 2016, 37% des propriétés vendues appartenaient à des continentaux. Une statistique comprenant les résidences principales, les résidences secondaires et les biens immobiliers détenus au titre d'investissements financiers, précise le Financial Times.

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Et peu de chances que ces propriétés soient rachetées par des locaux. Alors que les étrangers argentés achètent jusqu'à 75% des nouveaux biens dans le borough (équivalent d'arrondissement) de Kensington and Chelsea, les Londoniens se retrouvent, eux, poussés toujours davantage en dehors du centre-ville. Et l'augmentation de la demande dans les quartiers moins aisés conduit inévitablement à une hausse des prix. A Barking and Dagenham, par exemple, seul borough où les propriétés s'achètent encore pour moins de 300.000 livres, le prix moyen a augmenté de 14% sur un an. Alors qu'en l'an 2000 les habitants du quartier n'avaient besoin de dépenser "que" 3,3 fois leurs revenus annuels en moyenne pour acquérir un logement, le ratio est passé à 8,8 en 2016...