Une application pour aider les expatriés francophones à Londres

Par Audrey Fisne  |   |  863  mots
L'application a pour ambition de diffuser des informations utiles aux expatriés français vivant à Londres.
Vous aimeriez vous expatrier à Londres, mais vous ne balbutiez que quelques propos dans la langue de Shakespeare ? Vous ne vous sentez pas prêt à expliquer vos soucis de santé en anglais ? C’est pour apporter des solutions à ce type de situation qu’est né Thegoodc0rners.

Le site internet qui propose des informations utiles pour l'emploi, la santé et les services aux expatriés français d'outre-Manche, a pour ambition de se développer avec une application. Interview de Mickaël Caine, le fondateur du projet.

LA TRIBUNE - Comment est né le projet de Thegoodc0rners ?

MICKAËL CAINE - Il y a environ un an, j'ai remarqué que les Français qui venaient s'installer à Londres, comme je l'ai fait en 2015, posaient énormément de questions sur les réseaux sociaux à propos de l'emploi et du logement. Je me suis demandé s'il n'existait pas de sites internet où trouver ces informations. Mais c'était soit payant, soit incomplet. J'ai donc décidé de créer un site pour recenser les offres d'emploi et les recherches de logement. L'idée était aussi de proposer un annuaire de professionnels francophones et quelques articles pour divertir les gens. Le tout gratuitement. Il y a deux mois, j'ai eu envie de développer une application sur les mêmes bases.

Que va permettre l'application ?

Les gens pourront proposer des offres d'emploi, mais aussi postuler à une annonce en créant leur CV en ligne, de manière directe. Un peu comme le Bon Coin en France. Des sites qui proposent des annonces gratuites et francophones, il n'y en a pas vraiment à Londres. Côté logement, ce sera un moyen de lutter contre les arnaques, véritable fléau. La première personne qui visite le bien pourra donner son avis ou lancer une alerte via Thegoodc0rners. Et lorsqu'une annonce sera publiée, nous la vérifierons.

Il sera aussi possible de dénicher et de contacter un professionnel francophone pour la santé ou les services (architecte, esthéticienne, coiffeur, coach sportif et autres entrepreneurs indépendants). Enfin, une rubrique recensera les « bons plans » et les « bonnes adresses » c'est-à-dire des articles rédigés par notre équipe ou par des blogueurs. Et pour répondre aux questions pratiques (le compte en banque, la carte de transport, le numéro de sécurité sociale...), nous aurons la rubrique « Démarches ».

Pourquoi mettez-vous à ce point l'accent la langue ?

Parce que c'est le cœur du sujet !  Sur la plupart des expatriés français, peut-être 60 % d'entre eux ne parlent pas l'anglais. J'entends : ils vont être capables de tenir une discussion simple, mais dès l'instant où il va falloir basculer vers une conversation plus pointue, avec des termes techniques, ça bloque. Pour certains, il est aussi beaucoup plus simple de s'exprimer sur leur santé en français. Il y a également une problématique pour les personnes qui sont de passage à Londres. Quand ils arrivent, ils ont besoin de pouvoir communiquer avec un Français, c'est un repère naturel.

Vous n'avez pas peur de créer un "entre-soi" français ?

Non, car l'application peut toucher la communauté anglophone. Si elle souhaite s'en servir, elle le pourra bien sûr. Un restaurateur anglais pourra tout à fait publier son offre. Mais, au vu de la grosse communauté française présente à Londres, on aura déjà une base très importante d'offres d'emplois françaises.

L'idée est de faire quelque chose pour aider les Français expatriés. Et, souvent ce que l'on a comme retour, c'est : « Je suis français, je veux tenter l'expérience à l'étranger, mais je ne parle pas la langue. Est-ce une barrière? » Ici, la réponse, c'est : « Non, si tu es motivé ».

Sur quel business model s'appuie Thegoodc0rners ?

Sur la publicité. L'annuaire des professionnels francophones s'alimentera avec un abonnement très simple, trois fois moins cher que la concurrence. (29 £ [34 euros] pour un mois et 39 £ [45,7 euros] sans engagement). Il y aura aussi la possibilité de faire des annonces "premium" pour l'emploi et le logement. Celles-ci permettront d'augmenter la visibilité de l'annonce pendant une semaine.

L'application restera-t-elle toujours gratuite pour les utilisateurs ?

Oui, j'y tiens énormément. Je suis un utilisateur de base et quand je suis arrivé à Londres, je n'avais pas toujours l'argent pour payer les annonces. Et puis, en devenant payant, je rejoindrai ce qui existe déjà et je ne serai plus dans l'innovation.

Pour mettre en route le projet, vous avez choisi le financement participatif. Pourquoi ?

Je me suis dit qu'avec ce moyen, les gens prendraient conscience du projet et deviendraient des ambassadeurs. Pour le développement de l'application, nous avons besoin de 25.000 £. [ Le financement a atteint 6.590 £ pour le moment, NDLR] Nous avons pu compter sur l'aide financière d'une vingtaine de professionnels, preuve qu'ils croient en cette application.

Votre campagne de Crowdfunding se termine le 17 février. Si l'objectif n'est pas atteint, quel est le plan B ?

Je n'en ai pas ! Mais c'est fait exprès. Je suis convaincu qu'on va y arriver. Par quel moyen ? Je ne sais pas encore, mais il y a une issue positive à ce projet. Et puis, j'ai déjà des idées pour le développement. À moyen ou long terme, cette application sera ouverte dans toutes les grandes villes où la population française est importante : Manchester, Barcelone, Singapour, Miami, New York, Lisbonne, etc. Nous pourrons aussi ajouter des rubriques. L'innovation grandira au fur et à mesure !