Les Jeux olympiques se sont une nouvelle fois ouverts dans la douleur pour la Géorgie. En août 2008, le pays du Caucase entrait en conflit armé avec la Russie à la veille du rendez-vous de Pékin. Cette année à Vancouver, son lugeur Nodar Kumaritashvili s'est tué le jour même de la cérémonie d'ouverture, victime d'une terrible sortie de piste à plus de 140 km/h.

Agé de 21 ans, le natif de Borjomi est le premier sportif à perdre la vie en compétition lors des JO d'hiver. Une « tragédie qui jette une ombre sur ces Jeux », selon le président du CIO, Jacques Rogge, bouleversé par cet accident imprévisible. « Qu'il y a eu erreur de trajectoire, oui. Mais une sortie de piste, c'est problématique, juge Yann Fricheteau, l'entraîneur du lugeur français Thomas Girod. Les chutes peuvent être impressionnantes mais notre discipline est sécuritaire et on n'en arrive jamais à de telles conséquences. Jamais on ne sort de la piste ! »
Avant Kumaritashvili, onze autres athlètes avaient déjà été victimes de retournements à l'entraînement, sur une piste de Whistler présentée fièrement avant les Jeux comme la « plus rapide du monde ». Jeudi, la Roumaine Violeta Stramaturaru avait ainsi été hospitalisée par précaution, après avoir heurtée un mur. « Je pense qu'ils poussent la chose trop loin, s'est plainte, sur Radio Canada, l'Australienne Hannah Campbell-Pegg, elle aussi passée près de la catastrophe. Dans quelle mesure sommes-nous des mannequins d'essai de choc pour une piste ? »

Pas d'anomalie de la piste

Ouverte rapidement après les faits pour répondre à cette question, une enquête de la Fédération internationale de luge (FIL) a conclu dans la journée à l'absence d'anomalie. « Il semble qu'après un tour d'essai, l'athlète soit sorti trop loin après la courbe n°15 et qu'il n'ait pas suffisamment compensé, explique la FIL par communiqué. Par conséquent, il n'a pas pu prendre correctement la courbe n°16. Bien qu'il ait tenté de corriger sa trajectoire, il a perdu le contrôle de sa luge, ce qui a provoqué le tragique accident. Se fondant sur ces conclusions, le directeur de course, après consultation avec la FIL, a pris la décision de rouvrir la piste. » Par mesure de précaution, le mur à la sortie de la fameuse courbe n°16 a été relevé. Les séances d'entraînement reprendront elles samedi, avant un début de la compétition programmé cette nuit (2h00).
La délégation géorgienne a elle décidé de rester au Canada pour honorer la mémoire de son athlète disparu. Elle l'a fait dès la cérémonie d'ouverture en arborant écharpes et brassards noirs. Un crêpe de la même couleur ornait également le drapeau géorgien, porté par le skieur Iason Abramashvili, lors d'un passage effectué sous l'ovation du public du BC Center de Vancouver.
« Chers athlètes, par vos performances et votre comportement, donnez-nous la magie que nous attendons tous et faites-le en mémoire de votre compagnon disparu, Nodar Kumaritashvili », a lancé Rogge, de la tribune officielle. Après une minute de silence et la mise en berne des drapeaux canadien et olympique, la fête a tenté de reprendre ses droits. Il lui faudra sans doute plus de vingt-quatre heures.