G20 : l'idée de taxer les transactions financières a resurgi

Créant la surprise, la Grande-Bretagne s'est ralliée au projet de taxe Tobin sur les transactions financières, du nom de l'économiste James Tobin, mais les Etats-Unis et le Canada s'y sont formellement opposés. La jugeant impossible à appliquer, le président du FMI estime néanmoins que les banques doivent assumer leur part de risques.

Le sujet n'était pas à l'ordre du jour. Pourtant, les ministres des finances du G20 réunis en Ecosse samedi pour la troisième fois cette année, ont avancé sur le chemin d'une taxation de la finance. Une idée mise sur le tapis par Gordon Brown, le Premier ministre britannique venu en personne. Jusque-là soucieux de défendre les intérêts de la City et réticent sur le sujet d'une taxe quelconque, il a évoqué  la "taxe Tobin" comme mesure possible pour ramener la stabilité sur la planète finances. Cette taxe imaginée dans les années 70 par le prix Nobel d'économie James Tobin pour limiter la volatilité du marché des changes, a été reprise par les altermondialistes comme moyen de financer le développement, mais jamais appliquée pour des raisons techniques.

"Je ne sous-estime en aucune manière les énormes et difficiles questions d'ordre pratique et technique qui devront être réglées (...) mais je ne pense pas que ces questions doivent nous empêcher d'étudier de manière urgente ces propositions légitimes", a expliqué Gordon Brown.

Mais les Etats-Unis et le Canada ont clairement fait savoir leur opposition. "Cette idée fait son chemin depuis longtemps (...) Je pense franchement que les expériences sont mitigées (...) Ce n'est pas quelque chose que nous sommes prêts à soutenir", a déclaré Timothy Geithner, secrétaire américain au Trésor, à la presse tout en reconnaissant la nécessité d'associer davantage les banques au financement des futurs plans de sauvetage. "Nous sommes d'accord sur le fait que nous devons construire un système dans lequel les contribuables ne seraient pas exposés au risque de pertes à l'avenir, et dans lequel les marchés et les investisseurs ne vivraient pas en espérant que les gouvernements les sauvent de leurs erreurs", a-t-il ajouté.  Quant à Jim Flaherty, ministre canadien des Finances, il a déclaré pour sa part que l'idée d'une taxe Tobin ne lui semblait "pas très attrayante".

Mais l'intervention du Premier ministre britannique a contraint le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, à en dire plus sur les projets de son institution pour obliger les banques à supporter le "fardeau" de leur sauvetage. Sans retenir le principe de la taxe Tobin qu'il juge "très difficile, en fait impossible" techniquement, Dominique Strauss-Kahn a en outre expliqué qu'"Il est raisonnable aujourd'hui, avec la crise qu'on vient de connaître, de se dire que le secteur financier, qui est porteur de risques plus grands que les autres secteurs économiques, doit payer sa part de ces risques, et qu'il n'est absolument pas normal que des individus ou des entreprises puissent prendre des risques démesurés qui ensuite sont payés par la collectivité".

Il a précisé que son organisation travaillait bel et bien sur un système qu'il a appelé "taxe FMI". Celle-ci serait une sorte de prime d'assurance, d'autant plus importante que la banque serait moins régulée, et qui permettrait de constituer "un fonds de réserve qui pourrait servir en cas de crise". "Si nous arrivons à mettre en place la taxe FMI, nous aurons fait un grand pas dans la régulation du système financier", a-t-il dit. Le G20 avait donné mandat au FMI de réfléchir à cette question au sommet de Pittsburgh, en septembre, et de rendre un rapport en juin prochain.

 

Commentaires 11
à écrit le 09/11/2009 à 14:33
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Cela me fait penser au prix du tabac: Toujours plus de taxes et autant de fumeurs (sinon plus). Taxer pour faire quoi au juste ? Quand on ne sait pas trop quoi faire, on rajoute des taxes et/ou des "lois" que les intéressés vont rapidement contourne...

à écrit le 09/11/2009 à 6:56
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Cet article aurait pu citer les positions de différents pays, notamment en EU. Alors qu'en France le gouvernement multiplie les taxes et hausses d'mpôts pour le français lambda dont la taxe concernant les accidentés du travail, il est immoral (et ce...

à écrit le 09/11/2009 à 6:17
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Et qu'en pense l'honorable TOBIN?

à écrit le 08/11/2009 à 18:42
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il serait peut'ètre plus simple d'obliger les treder a garder 2 - 3 jours les achats avant de les revendre, il serait obligés de payer leurs achats, cela ralentirait l'évolution des cours, il serait beaucoup plus difficile de jouer au poquer avec le...

à écrit le 08/11/2009 à 18:24
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On ne peut pas parler de volonté politique tant que les ETATS UNIS met son intéret avavt tout et tout ce qui ne rentre pas dans ce cadre est nié par cette force.

à écrit le 08/11/2009 à 17:53
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BIEN ENTENDU !!!! Il faut ABSOLUMENT taxer les transactions financières!!

à écrit le 08/11/2009 à 16:56
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Bravo mr BROWN pour votre prise de position.Oui la taxe TOBIN est necessaire et possible mais il faut une réelle volonté politique. Bien sur elle dérange énormément car synonyme de + de controle.Les fonds importants qu'elle dégagerait au vu d'un t...

à écrit le 08/11/2009 à 14:44
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Ce qu'ils jugent impossible tient au fait qu'ils refusent également la suppression des paradis fiscaux, non ? Si c'est ça on peut dire que ce n'est pas qu'ils ne peuvent pas mais qu'ils ne veulent pas....

à écrit le 08/11/2009 à 13:12
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Il est indispensable de remettre la finance dans son rôle, c'est à dire tout bêtement celui de financer l'économie. Actuellement, ce secteur pourrait pratiquement être renommé "l'auto-finance"... Les banques ont une large part de leur activités désor...

à écrit le 08/11/2009 à 13:07
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Ainsi, selon DSK la taxe Tobin serait techniquement "impossible" à appliquer. Ce genre d'excuse a été entendu si souvent sur tant de sujets différents que l'on a envie de bailler. DSK a bien viré sa cutie...

à écrit le 08/11/2009 à 11:28
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L'idée d'introduire une telle taxe ne démontre que la démission intellectuelle des gouvernements et des régulateurs à vouloir comprendre les implications des produits qui sont inventés dans la finance ainsi que leur incapacité à vouloir sanctionner l...

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