Les premières pierres de l'opération campus enfin posées

Lancé en février 2008 et doté de 5 milliards d'euros, le plan campus entre dans sa phase concrète. Les trois premières conventions de financement ont été signées ce mardi pour un montant de 355 millions d'euros. Début 2012, 35 chantiers auront débuté. Mais cette opération n'est pas exempte de difficultés.
Le nouveau ministre de l'Enseignement supérieur veut ancrer l'opération campus dans le "concret".

En reprenant le flambeau de l'opération campus lancée par Valérie Pécresse en février 2008, Laurent Wauquiez a tenu évacuer toute rumeur de retard. "Mon obsession est d'entrer dans le concret. Il n'y a plus aucun obstacle réglementaire et financier. Nous sommes à un moment d'accélération exceptionnel. Le calendrier est optimisé", a insisté ce mardi le nouveau ministre de l'Enseignement supérieur lors du premier comité de pilotage de ce plan destiné à rénover 12 grands campus et pour lequel l'Etat a dégagé une dotation de 5 milliards d'euros. Dans la foulée, il a signé les premières conventions avec « trois projets d'ampleur très avancés » (ceux des universités de Bordeaux, Grenoble et Toulouse) pour un montant total de 355 millions d'euros.
Laissant le cas spécifique francilien de côté (Saclay a un traitement à part, Condorcet-Aubervilliers sera un nouveau campus et Paris intra-muros, q qui regroupe 9 universités, nécessite un traitement particulier), Laurent Wauquiez et les présidents des neufs campus régionaux ont balayé l'état d'avancement de leurs projets. A ce jour, 800 millions d'euros ont déjà été engagés par l'Etat pour 50 chantiers lancés. Début 2012, ce seront 120 projets qui auront démarré (certains seront achevés fon 2012) pour 2 milliards d'euros d'investissements immobiliers. Ce montant inclut la participation des collectivités territoriales, au-delà des contrats de plan Etat-région (CPER) certaines d'entre elles s'étant engagées à mettre 1 euro pour chaque euro de l'opération campus.

Coûts cachés

Car les 5 milliards d'euros affichés (3,7 milliards issus de la vente d'actions EDF fin 2007, le grand emprunt ayant permis de fournir le reste) cachent une réalité plus nuancée. Il s'agit en fait d'une dotation placée sur un compte du Trésor dont seuls les intérêts peuvent être consommés. Au bout de compte, ces 5 milliards équivalent à 2,5 milliards d'investissements de l'Etat dont 270 millions d'avance ont été versés fin 2010 à la demande des présidents d'université pour lancer les travaux. Par ailleurs, ces revenus serviront dans la plupart des cas à payer pendant 25 à 30 ans les loyers de partenariats public-privé (PPP), procédure préférée par l'Etat à la maîtrise d'ouvrage publique pure. L'objectif pour l'Etat est de maîtriser par ce biais les coûts (les coûts cachés sont supportés par les partenaires privés), la dépense publique, et la durée des travaux mais aussi assurer la maintenance des bâtiments. Un choix souvent critiqué par les universités, qui auront dû attendre près de 4 ans pour que les premiers coûts de pioche soient enfin donnés. Certaines régions hostiles au PPP, à commencer par l'Ile-de-France dans le cas du futur campus Condorcet-Aubervilliers, ont même opté pour d'autres options au prix d'un bras de fer avec l'Etat. Dans certains cas, les universités ont imaginé des montages innovants (généralement la création d'une filiale jouant le rôle d'intermédiaire et dans laquelle la région peut entrer au capital) pour passer outre, associant généralement la Caisse des Dépôts. Mais elles se sont heurtées là aussi à des obstacles souvent d'ordre juridique. La Cour des comptes a récemment émis elle aussi des réserves sur ce type de montage extra-budgétaire "porteur de risques" à long terme. Ce à quoi le ministère, qui s'est doté d'une équipe spécifique et de consultants pour négocier pied à pied avec les Bouygues, Eiffage et autres Vinci, rétorque qu'à partir du moment où il y a évaluation préalable et aval de Bercy, les risques sont limités. "Les PPP sont certes souvent longs, mais là, ils se lancent concrètement", assure-t-on rue Descartes.

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