C'était écrit dans son discours prononcé mardi sur le sujet de l'éducation, il ne l'a pas dit, mais sa porte parole confirme la teneur de l'information: Nicolas Sarkozy a décidé de ne plus supprimer de postes d'enseignants dans l'école primaire. Il prend cette décision face à la grogne montante des parents d'élèves, qui dénoncent les suppressions de classes. Une décision qui ne s'appliquerait qu'en 2013, au cas où le président sortant serait réélu. Elle est compréhensible: pour diminuer chaque année d'environ 30.000 le nombre de fonctionnaires d'Etat (la règle édictée du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant en retraite), il a bien fallu tailler dans les effectifs de l'éducation nationale, où se logent la moitié des agents. Des subterfuges lourds de conséquences ont été utilisés, tels la suppression d'une année de stage pour les nouveaux enseignants (stagiaires, ils étaient déjà comptés comme fonctionnaires), mais, aujourd'hui, on touche à l'os. D 'autant que le nombre d'élèves augmente (+6.000 dans le primaire, cette année). Voilà pourquoi, après la suppression, encore, de 5.700 postes à la rentrée prochaine dans le premier degré (maternelle et primaire), comme le prévoit le budget 2012, une stabilisation aurait lieu, ensuite, en 2013.
Un engagement impossible à tenir
Le hic, c'est qu'il sera alors très difficile de continuer sur le rythme du "un sur deux". Où trouver, en effet, ces 5.700 postes qui ne seront plus supprimés au sein de l'éducation nationale? Déjà, des ministères comme Bercy se situent bien au delà du un sur deux. Voilà pourquoi cet engagement pris en 2007 par Nicolas Sarkozy, respecté à partir du budget 2009, ne sera plus tenable dans ces conditions.
Hollande ne veut pas dire où il taille
Les contradictions de François Hollande ne sont pas plus minces. Il s'est engagé à augmenter de 60.000 le nombre de fonctionnaires de l'éducation nationale, chiffre atteint à l'issue de son quinquennat. Mais tout en maintenant stable le nombre global d'agents de l'Etat. Autrement dit, il faudrait tailler ailleurs. Mais où? Pas dans la police, puisqu'on manque de policiers, et qu'il faudra au contraire, là aussi, recruter, répond François Hollande. Au sein de la justice? Là non plus, les tribunaux sont engorgés. Alors? La réponse se fait attendre.
Le problème est ailleurs, soulignent les experts
Le candidat PS aura donc bien du mal, aussi, à tenir ses engagements. Surtout, aucun expert sérieux ne soutient aujourd'hui que l'Etat, au vu de ses missions, dispose d'effectifs pléthoriques de fonctionnaires. Le problème, soulignent-ils, est ailleurs. Au sein des collectivités locales, qui ont recruté quelque 700.000 fonctionnaires en vingt ans. Mais ces collectivités sont libres de leurs choix, et sous la pression directe des électeurs, toujours contradictoires dans leurs demandes: moins d'impôt, mais plus de services, de crèches avec toujours plus d'agents, puisque les normes l'exigent... Les élus locaux ralentissent le rythme de recrutement, mais ne sont pas près de baisser leurs effectifs. Partout, au sein des pays industriels, on assiste d'ailleurs à un transfert des agents publics des administrations centrales vers les collectivités, où jusqu'à la crise, les effectifs ont augmenté. Y compris dans des pays commes les Etats-Unis.