Signe de la crise et des tensions géopolitiques, les Français ont été 2,2 millions de moins à partir en vacances en 2011 par rapport à 2010, un recul qui touche toutes les strates sociales sauf les plus riches, selon le baromètre annuel Opodo-Raffour publié mardi. L'an dernier, 29,6 millions de Français sont partis en vacances (contre 31,8 millions en 2010), un niveau proche de 2009, année noire pour le tourisme. Quelque 80% des vacanciers sont restés en France, 35% sont allés à l'étranger et 15% ont fait les deux.
"La distorsion est flagrante en 2011. On voit une fragilisation de ceux qui ont moins de moyens", a déclaré devant la presse Guy Raffour, PDG du Cabinet Raffour Interactif. En 2011, les départs en vacances ont reculé à cause de la crise qui a amputé les budgets loisirs, surtout les plus modestes, et à cause de la désaffection pour cause de printemps arabe de destinations à bas prix habituellement plébiscitées par les foyers peu aisés, comme la Tunisie.
Coûts de transports trop élevés
"Même les taux de départ des longs séjours non marchands ont baissé significativement (-7 points). Cela montre que bien des gens sont fragilisés économiquement", analyse Guy Raffour. Même s'ils n'ont pas de frais d'hébergement, ces vacanciers ont renoncé aux vacances à cause des coûts de transport ou des dépenses à assumer sur place. Près des trois quarts des vacanciers français qui restent en France utilisent leur véhicule personnel (71%).
Le taux de départ est directement lié aux revenus du foyer et "baisse pour tous hormis la tranche supérieure", souligne l'étude. Dans le détail, 86% des Français dont le foyer perçoit plus de 3.000 euros net avant impôts sont partis en 2011, une hausse de 6 points sur un an (80% en 2010). A contrario, seuls 63% des Français gagnant 2.000 à 3.000 euros sont partis en vacances, soit une baisse de 4 points, 48% de ceux qui ont entre 1.000 et 2.000 euros (-2 points) et 30% de ceux qui gagnent moins de 1.000 euros (-3 points).
L'étude a été réalisée en face à face à domicile en janvier-février, auprès d'un échantillon de 1.002 personnes âgées de 15 ans et plus, sélectionné selon la méthode des quotas croisés.