Le pic du chômage semble atteint, à quand la décrue ?

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  645  mots
Selon l'Insee, le taux de chômage devrait se stabiliser à 11%. A quand la descente?
Il se passe quelque chose sur le front du chômage et de l'emploi. L'Insee table sur un très fort recul des pertes d'emplois dans le secteur marchand au quatrième trimestre, alors que l'assurance chômage revoit drastiquement à la baisse le surplus de demandeurs d'emploi indemnisés. Pour autant, est-ce vraiment le début de la décrue?

Progressivement mais modestement, l'embellie de l'économie qui se dessine (encore en pointillés) commence à avoir quelques répercussions sur le front de l'emploi. Certes, on est loin d'un véritable retournement de tendance. Mais, comme le souligne l'Insee dans ses dernières données, les lignes bougent. Enfin !

Du fait de la faiblesse passée de l'activité (la France était techniquement en récession au début de l'année), l'emploi dans le secteur marchand a de nouveau fortement reculé au deuxième trimestres (-35.000).

Sous l'effet du retour de la croissance (le PIB progresserait de 0,4% au dernier trimestre), les pertes d'emplois dans le secteur marchand s'atténuerait progressivement (-24.000 pour le troisième trimestre et - 7.000 au quatrième).

Il faut au moins 1,2% de croissance pour faire spontanément baisser le chômage

Un coup de frein, donc mais pas encore de retournement franc. Celui-ci devrait plutôt intervenir en 2014. Pour autant, avec un budget 2014 construit sur une prévision du PIB de 0,9% en 2014, on est encore un peu loin du seuil de 1,2 à 1,5% de croissance du PIB à partir duquel, comme le souligne l'institut COE Rexecode, "peut intervenir un recul du nombre de chômeurs, hors effet de toute mesure discrétionnaire, du type création nette d'emplois aidés ".

Pourquoi un tel niveau est-il nécessaire? Tout simplement parce que, en deçà, les créations d'emplois sont insuffisantes pour absorber les gains de productivité ainsi que l'augmentation " naturelle' annuelle de la population active (soit environ 120.000 nouveaux arrivants).

28.000 créations nettes d'emplois au dernier trimestre

Or, on est encore loin du compte, même si l'Insee table sur une accélération de l'emploi total (secteurs non marchand et marchand) au troisième et quatrième trimestres (avec respectivement 10.000 puis 28.000 créations nettes d'emplois), notamment grâce à la montée en charge des emplois d'avenir.

Si ces créations nettes d'emplois se confirment et que la croissance frémit, alors, selon l'Insee le taux de chômage pourrait enfin se stabiliser. Après avoir atteint 10,9% à la fin du second semestre, il grimperait à 11% à la fin du troisième trimestre et resterait à ce niveau à la fin de l'année.

Pour sa part, l'Unedic, l'organisme qui gère l'assurance chômage, prévoit aussi un ralentissement du chômage… mais pas encore de retournement. Selon ses dernières prévisions, finalement, le nombre de chômeurs indemnisés supplémentaires s'élèverait à 15.500 à la fin de l'année, contre les 77.000 encore attendus lors de précédentes prévisions publiées en mai dernier.

En période de reprise, les données sur le chômage sont erratiques

Quant à François Hollande et le gouvernement, ils ont les yeux rivés sur les entrées à Pôle emploi - un autre indicateur, différent du taux de chômage - pour mesurer si leur objectif de stabiliser puis d'inverser "durablement" la courbe du chômage avant la fin de l'année sera tenu.

Grâce, à la politique des emplois aidés, ils devraient y arriver. Déjà, en août, une fois l'improbable bévue de Pôle emploi et de l'opérateur téléphonique SFR neutralisée, le nombre des inscrits en catégorie " A " a diminué de 22.000 personnes. Une première depuis quinze mois.

Pour autant, le ministre du Travail Michel Sapin se garde bien de crier victoire, tant les données sur l'emploi et le chômage s'avèrent totalement erratiques en période de reprise de la  croissance.

De fait, faute de visibilité encore suffisante, les entreprises hésitent à recruter, surtout quand elles possèdent des réserves de productivité. Après les données  encourageantes du mois d'aout, il faudra étudier de près les prochaines statistiques sur le chômage des mois de septembre et octobre. C'est en effet sur trois mois, au minimum, que l'on peut observer une tendance.