Entre les Français et les institutions politiques, le divorce est consommé

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  669  mots
La Police fait partie avec les Hopitaux, l'Armée et l'Ecole des institutions qui ont encore la confiance des Français
Les Français placent la morosité en tête des caractères qui les qualifient le mieux actuellement, selon une étude de Science Po. Ils expriment aussi une immense défiance à l'égard du pouvoir politique, 31% parlant de "dégoût".

Les Français dépriment, doutent et se recroquevillent. La confiance dans l'avenir s'érode. Surtout, la défiance s'installe entre la population et de nombreuses institutions du pays. La dernière vague du baromètre de la confiance politique annuel du Cevipof, le centre de recherches politiques de Science Po, basé sur un échantillon représentatif de 1083 personnes interrogées en décembre 2013, montre des résultats assez déprimants sur tous les points.

Les Français sombrent dans la morosité et le replis sur soi ou la famille

L'état d'esprit est à la déprime. Quant on demande aux sondés le caractère qui les qualifie le mieux actuellement c'est la… morosité (34%) qui arrive en tête, en hausse de 3 points sur un an, puis vient la lassitude (31%, +2 points) et la méfiance (30% - 2 points). Le premier caractère "positif", en l'occurrence la sérénité, n'est cité en premier que par 15% des personnes interrogées, soit une baisse de … cinq points en un an. Et seuls 45% des sondés (-4 points en un an) estiment que, dans l'ensemble, leur vie "correspond à leurs attentes" et 34% (-1 point) continuent " d'être optimistes en pensant à l'avenir".

Cette déprime personnelle se traduit par davantage de repli sur soi et les proches. Ainsi, si 94% des sondés disent avoir confiance dans leur famille, ils ne sont plus que 60% (en chute de 5 points) a "avoir confiance dans les gens d'une autre nationalité" et 42% envers les " gens rencontrés pour la première fois". D'ailleurs, plus généralement, les Français sont… 75% (+ 2 points) à penser "que l'on n'est jamais assez prudent quand on a affaire aux autres"…

Seuls le conseil municipal et le conseil régional gardent la confiance des Français

Cette méfiance on l'a retrouve aussi, bien évidemment, dans les institutions politiques. Il n'y a que - et encore - les élus de proximité qui trouvent grâce aux yeux des personnes interrogées. Ainsi, ils sont 62% à exprimer leur confiance dans le conseil municipal, en hausse de 6 points sur un an… instructif à quelques semaines des élections municipales. Ils sont encore 50% à croire dans le rôle du conseil régional… Ensuite, toutes les autres institutions n'inspirent confiance qu'à une minorité : conseil général (48%), Assemblée nationale (36%), Union européenne (32%), présidence de la République (31%), gouvernement (25%). La fracture est nette entre le peuple et ses représentants. D'ailleurs, 87% des sondés estiment que les responsables politiques se soucient "peu ou pas du tout " de ce que "pensent les gens".  Et 69% estiment qu'en France " la démocratie ne fonctionne pas très bien ou pas bien du tout ". Un sentiment en hausse de … 15 points sur un an. C'est parlant ! Surtout que seulement 4% des Français disent éprouver d'abord un sentiment de « respect » quand ils pensent à la politique… contre 31% qui exprime du "dégoût".

Si La confiance demeure dans  l'Armée, la Police, voire l'école,  en revanche les syndicats et les médias font l'objet de toutes les critiques

Mais certaines institutions échappent à ce désastre. Ainsi les Français affichent pour 79% d'entre eux un sentiment de confiance dans les hôpitaux (en baisse tout de même de trois points sur un an), idem pour l'armée (74%), la police (68%) et même l'école (67%) malgré les débats qui agitent en ce moment cette institution. Cependant, la confiance dans l'école s'érode, perdant 6 points sur un an. En bas de l'échelle, en revanche, on trouve les partis politiques, qui n'inspirent confiance qu'à 11% des Français (un point de moins en un an), et les médias (23% de confiance, niveau inchangé depuis deux ans) et les syndicats (28%) qui perdent 7 points en un an. Est-ce en raison de la présence de la gauche au pouvoir ? de leur fonctionnement et actions jugés dépassés ?

Quant aux banques, elles remontent doucement mais surement la pente depuis la crise financière, avec un taux de confiance de 29%, contre 25% il y a un an et 20% en décembre 2010.