Michel Rocard et Alain Juppé refusent de se soumettre à Montebourg

Par Fabien Piliu  |   |  303  mots
Pour Alain Juppé et Michel Rocard, les deux co-présidents du comité de surveillance du Programme d'investissement d'avenir (PIA), l'aventure du Grand emprunt se termine
Alain Juppé et Michel Rocard, les deux coprésidents du comité de surveillance du Programme d'investissement d'avenir (PIA), le "Grand emprunt", annoncent leurs démissions. Raison invoquée : le passage sous la tutelle du ministère de l'Economie du PIA jusqu'ici placé sous l'autorité du Premier ministre.

Le transfert d'Arnaud Montebourg au ministère de l'Economie n'en finit pas d'agiter la classe politique. Après la question délicate sur son entente avec Michel Sapin, passé du ministère du Travail à celui des Finances, le psychodrame sur le transfert du secrétariat d'Etat chargé du Commerce extérieur au Quai d'Orsay, le saucissonnage inédit du Trésor en trois tranches, la publication du décret relatif aux attributions du ministre de l'Economie, du Redressement productif et du Numérique provoque la démission d'Alain Juppé et Michel Rocard, les deux coprésidents du comité de surveillance du Programme d'investissement d'avenir (PIA), le "Grand emprunt" lancé en 2010 par l'Etat et reconduit en 2012 .

" Trois principes essentiels caractérisent en effet le PIA : une instruction transparente des projets sur la base d'expertises reconnues et indépendantes, un examen interministériel des projets instruits permettant une analyse globale de leur cohérence avec les politiques publiques et enfin une prise de décision remontant au Premier ministre, sur l'avis d'un service placé sous son autorité, le Commissariat général à l'investissement ", rappelle les deux anciens Premier ministre.

Crainte d'ingérence ?

Or, ce lien avec Matignon est désormais rompu. En clair, s'ils veulent bien rendre des comptes au Premier ministre, ils refusent de le faire avec Arnaud Montebourg. Redoutent-ils son ingérence ? Le texte qu'ils ont signé en commun ne le précise pas…

"Dans ces conditions, estimant ne pas pouvoir poursuivre notre mission, nous avons le regret  de vous présenter conjointement notre démission de coprésidents du Comité de surveillance du programme d'investissement 'avenir ", écrivent-ils.

 Avec ce double départ, la mission de Louis Schweitzer qui vient de succéder à Louis Gallois parti chez PSA à la tête du CGI s'avère un peu plus compliquée que prévue.