Croissance : heureusement les Français consomment !

Par Fabien Piliu  |   |  712  mots
Bercy vise toujours une hausse de 1% du PIB cette année
Dans l'industrie, la conjoncture reste morose. Seul le secteur automobile retrouve quelques couleurs. La croissance continue de dépendre de la bonne volonté des ménages.

Le gouvernement a beau signer des pactes et proposer des chocs pour stimuler la compétitivité, le moral des industriels ne décolle pas. " Le climat conjoncturel dans l'industrie est inchangé par rapport au mois précédent. L'indicateur qui le synthétise est stable (97) et se situe en dessous de sa moyenne de longue période ", indique l'Insee.

En cause ? La dégradation de l'activité. La plupart des secteurs sont touchés : l'électrique, l'électronique et l'informatique mais également la chimie, la pharmacie, la métallurgie le caoutchouc et l'agroalimentaire. Les perspectives ne sont pas franchement réjouissantes. " Tandis que les carnets de commandes globaux sont en légère hausse, les carnets étrangers sont stables. Néanmoins une majorité d'industriels continue à les considérer tous deux inférieurs à la normale ".

Le secteur automobile sort un peu la tête de l'eau

Dans l'automobile, la situation s'améliore un peu. " Selon les industriels du secteur de l'automobile, l'activité est restée dynamique durant ces trois derniers mois. Les perspectives de production s'améliorent nettement, ce qui laisse attendre un regain d'activité dans les trois prochains mois. Pourtant les industriels du secteur jugent les carnets de commande globaux et étrangers encore peu garnis : les soldes correspondants restent nettement en dessous de leur moyenne de longue période. Le niveau des stocks de produits finis est jugé proche de la normale ", explique l'Institut qui observe également une dégradation de la conjoncture dans le commerce de gros, dans le bâtiment. Quant au léger réchauffement du climat des affaires dans les services, il n'est pas assez fort pour permettre à l'indicateur synthétique qui mesure la confiance de dépasser sa moyenne de longue période.

Le gouvernement est plus optimiste que l'Insee et le FMI

Que laissent présager cette batterie de statistiques ? Principal enseignement, la reprise reste molle, désespérément molle. Quand la Banque de France table sur une progression de 0,2 % de l'activité au deuxième trimestre, l'Insee est à peine plus optimiste. Selon ses calculs, le PIB n'aurait progressé que de 0,3 % entre avril et juin, après un premier trimestre stable

Qu'attendre de la suite de l'année ? L'Insee n'anticipe aucune accélération de l'activité, le PIB étant anticipé en hausse de 0,3 % au troisième puis au quatrième trimestre, permettant à la France d'afficher une croissance annuelle de 0,7 % - le Fonds monétaire international (FMI)  fait la même prévision - , loin du 1 % visé par Bercy et sur lequel a été bâti le budget 2014.

Les ménages à la rescousse

En attendant que les innombrables mesures de soutien à la compétitivité produisent leurs effets - Pacte pour la compétitivité et l'emploi, Pacte de responsabilité, projet de loi pour la simplification... - l'exécutif peut seulement compter sur les ménages pour tirer la croissance. En mai, les dépenses de consommation n'ont-elles pas augmenté de 1 % ? Dans ce contexte, les ménages ne devraient plus craindre de mauvaises surprises fiscales à la fin de l'été. Après avoir fait un geste en faveur des ménages les plus modestes, ce sont en effet les contribuables appartenant à la classe moyenne qui devraient bénéficier d'un allégement de la fiscalité lors du projet de loi de finances 2015. C'est le prix à payer pour renouer des liens avec une partie des Français. C'est aussi le prix à payer pour tenter de faire repartir l'économie française, d'autant plus que les ménages s'interrogent de plus en plus sur l'attitude à adopter : cigale ou fourmi ?

En effet, selon l'enquête globale Nielsen sur le moral des ménages, la proportion de Français qui considèrent qu'il s'agit toujours d'un mauvais moment pour acheter des biens et services diminue par rapport au premier trimestre 2014. Elle s'élève à 31% des répondants contre 37% au trimestre précédent. Toutefois, les arbitrages sont élevés . 

" Les répondants admettent ainsi économiser en habillement (58% des consommateurs en France, 56% des consommateurs en Europe), en sorties (54% contre 49% en Europe), en optant pour des marques moins onéreuses (50% en France comme en Europe), en énergie (49% contre 47%), en réduisant le budget pour les vacances et les courts séjours (40% contre 38%), ... Le compromis fait toujours partie intégrante de la vie quotidienne ", indique l'enquête.