Travail dominical :  l'accélération voulue par l'exécutif relance le débat

Par latribune.fr  |   |  672  mots
Le débat sur le travail dominical a été relancé par l'ouverture controversée de magasins de bricolage.
Matignon a confirmé vendredi son intention de légiférer par ordonnances pour réformer la réglementation sur le travail dominical. Une décision que, du Parti de gauche au FN, plusieurs responsables politiques rejettent. La CFDT, elle, espère une concertation.

Accélérer. L'exécutif espère pouvoir légiférer rapidement sur certains points du projet de loi portant sur la croissance dont a hérité le nouveau ministre de l'Economie Emmanuel Macron. A cette fin, une loi d'habilitation à procéder par ordonnances est en préparation, a confirmé l'Elysée vendredi, précisant que la réforme du travail dominical serait bien concerné par cette procédure. De quoi réveiller un débat relancé en 2013 avec plusieurs procès concernant des magasins de bricolage.

Tout au long du week-end et ce lundi avec davantage d'intensité, ce recours annoncé aux ordonnances a provoqué un tollé. Tour d'horizon des principales réactions.

La CFDT réclame une concertation

Côté syndical, la CFDT, par la voie de son secrétaire général Laurent Berger a affirmé sur radio classique ce lundi :

"Avant d'élaborer le texte, notamment sur le travail du dimanche, il faut une concertation."

D'ailleurs, celle-ci a déjà commencé a concédé Laurent Berger, puisque Jean-Paul Bailly, l'ancien patron de la Poste à la tête de la commission chargée du rapport sur ce sujet remis en décembre 2013, a consulté les organisations syndicales.

La CFDT s'est déjà prononcée contre une généralisation du travail dominical et exige des  "contreparties pour les salariés" qui seraient concernés par de nouvelles exceptions.

 "Sur cette question de travail du dimanche, c'est encore un déni de démocratie orchestré par ce gouvernement", a par ailleurs réagi auprès de l'AFP Michèle Chay, secrétaire générale de la Fédération CGT du commerce.

Tandis qu'à la CFTC, Joseph Thouvenel, estime que l'ouverture des magasins le dimanche "mérite un vrai débat, que les partenaires sociaux soient saisis et que les parlementaires débattent, sinon, à quoi sert le Parlement ?"

Chez FO, Jean-Claude Mailly, c'est dit "stupéfait" dimanche que l'aménagement du travail le dimanche passe par ordonnance.

Bertrand (UMP) : pour un maintien du principe du repos dominical

Dans les rangs de l'opposition, Xavier Bertrand, le député-maire UMP de Saint-Quentin (Aisne) s'est exprimé sur Europe 1 ce lundi:

"Je suis très attaché à ce que l'on libère le travail du dimanche, tout en maintenant un principe de repos dominical", a-t-il déclaré.

Hors UMP, Charles Beigbeder, dirigeant d'entreprise et élu local dans le VIIIe arrondissement de Paris défend de son côté le repos dominical dans une tribune sur le sujet au moment même où le débat était relancé, le 29 août. Après avoir cité entre autres, le pape Jean-Paul II et l'Evangile selon St Luc, pour justifier un "repos (...) conforme à la nature profonde de l'homme",  il remet en cause l'intérêt économique d'une généralisation de l'ouverture des magasins le dimanche.

Quand le FN défend "une certaine conception de l'homme"

Au FN, Louis Aliot, le vice-président du parti, a déclaré dans un entretien vidéo publié par le site du journal l'Opinion:

"Nous sommes attachés à une certaine conception de l'homme et le dimanche fait partie, on va dire, de cette tradition historique du jour de repos dominical."

Le Parti de gauche s'indigne contre la méthode

De son côté, le Parti de gauche s'en est pris plus généralement à la procédure des ordonnances, accusant le gouvernement de "vouloir dissoudre la démocratie".  Martine Billard, secrétaire nationale du PG s'est indignée, dans un communiqué diffusé samedi:

"Le gouvernement de Manuel Valls s'apprête à légiférer par ordonnance sur le travail du dimanche. Même Nicolas Sarkozy n'avait pas osé (...) "Mais le gouvernement Valls II n'est plus sûr d'avoir une majorité au Parlement pour faire adopter ses mauvais coups."

Une habilitation à légiférer par ordonnances permet au gouvernement de faire évoluer la réglementation plus rapidement que par le processus législatif classique, mais cela n'empêche pas que le Parlement devra donner son avis en ratifiant ou non les ordonnances prises.