Pas de bonne surprise pour Bercy, la croissance a bien été nulle au printemps

Par Fabien Piliu  |   |  631  mots
Michel Sapin ne vise qu'une hausse de 0,4% du PIB cette année
L’Insee confirme ce mardi la stagnation du PIB au deuxième trimestre. La consommation des ménages reste le seul moteur de la croissance.

C'est une désillusion pour Bercy. L'Insee n'a pas fait d'erreur de calcul, comme le sous-entendaient certains économistes. Comme au premier trimestre, la croissance a bien été nulle au deuxième trimestre. L'Insee l'a confirmé ce mardi. Si la consommation des ménages n'avait pas progressé, de 0,4%, l'activité aurait tout simplement reculé

Comme l'indiquait l'Institut en août lors de la publication des premiers résultats du PIB, la plupart des indicateurs sont dans le rouge. Ainsi, la formation brute de capital fixe (FBCF), c'est-à-dire l'investissement des ménages et des entreprises continue de reculer, affichant un repli global de 1,1%, après -0,9% au premier trimestre. Les exportations ralentissent mais à un rythme plus élevé que les importations. Résultat, le commerce extérieur contribue négativement à l'activité. Quand à la variation des stocks, elles cèdent 0,2%, marqué par la faiblesse de la demande, la consommation des ménages et la demande étrangère adressée à la France n'étant pas assez vigoureuses pour inciter les chefs d'entreprises à augmenter les cadences de production.

Dans ce contexte, on imagine mal le gouvernement revenir sur ses dernières prévisions de croissance. Après avoir anticipé une hausse de 1% du PIB cette année, puis de 0,5%, Michel Sapin, le ministre des Finances ne vise plus qu'une augmentation de 0,4% de l'activité cette année, avec les conséquences désormais connues sur le déficit public.

Les enquêtes de conjoncture plombent le moral

L'automne sera-t-il plus clément ? Les résultats des récentes enquêtes de conjoncture ne sont pas très enthousiasmants. " Les performances économiques françaises faiblissent en septembre, le retour à la contraction dans le secteur des services éclipsant un ralentissement de la baisse de la production dans l'industrie manufacturière. L'apathie de la demande continue en effet de freiner le secteur privé français, la baisse des tarifs des entreprises ne suffisant pas à enrayer un nouveau recul des nouvelles affaires au cours du mois. Cette conjoncture défavorable entraîne en outre le plus important repli mensuel de l'emploi depuis février dernier ",  indique Jack Kennedy, économiste chez Markit commentant le nouveau repli de l'indice PMI des directeurs d'achats en septembre.

Un environnement macroéconomique relativement favorable

Pourtant, l'environnement macro-économique n'est pas si défavorable. La faible inflation stimule le pouvoir d'achat des ménages et devrait garantir une certaine résistance de la consommation au c ours des prochains mois, même si sa progression est moins vive qu'au premier trimestre. En effet, le pouvoir d'achat a augmenté de 0,5% au deuxième trimestre après avoir affiché une hausse de 0,9% au trimestre précédent. Autre point positif, la politique monétaire accommodante de la banque centrale européenne (BCE) offre des conditions d'emprunt très attractives. Quant aux prix de certaines matières premières, ils reculent actuellement. C'est notamment le cas du pétrole.

L'impact du CICE

En outre, les entreprises tricolores exportatrices - elles sont environ 120.000 - voient actuellement leur compétitivité-prix se redresser via la dépréciation de l'euro face au billet vert.

Enfin, les entreprises ont bénéficié des premiers versements de crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE). " Elles sont ainsi 34 % dans l'industrie et 48 % dans les services à juger que le CICE aura un effet positif sur leur niveau d'emploi (figure 2). Elles sont un peu moins nombreuses à estimer que le CICE permettra des salaires plus élevés (26 % et 41 % respectivement) ou des prix plus bas (30 % et 32 %). Les entreprises de l'industrie et des services annoncent qu'elles utiliseront environ la moitié du montant du CICE pour augmenter leur résultat d'exploitation. Pour 58 % des entreprises de l'industrie et 52 % des entreprises des services, ce surcroît de résultat d'exploitation sera destiné majoritairement à l'investissement ", explique une étude récente de l'Insee