Le dirigeant et son équipe, la principale solution à la crise ?

Selon une étude réalisée par Bpifrance Le Lab et le Centre technique des industries mécaniques (CETIM) avec l'appui du cabinet Autre Vision, la capacité de rebond d'un certain nombre de PME et d'ETI manufacturières s'explique en grande partie par le renouvellement des équipes dirigeantes.
Fabien Piliu
Le management collaboratif est-il sur le point de supplanter le management patriarcal ?

Selon l'Insee, 700.000 chefs d'entreprises nés lors du baby-boom partiraient à la retraite aux cours des dix prochaines années, faisant peser, pour certains, un risque systémique sur les entreprises françaises. Qui reprendra les rênes ? C'est notamment cette peur du vide qui a incité, on le rappelle, le gouvernement, à légiférer sur ce thème en obligeant les chefs d'entreprises à avertir leurs salariés en cas de cession de leur entreprise.

Déjà fragilisée par la crise et ses soubresauts, l'industrie manufacturière n'est pas à l'abri. Une étude réalisée par Bpifrance Le Lab et le Centre technique des industries mécaniques (CETIM) avec l'appui du cabinet Autre Vision donne toutefois quelques espoirs aux dirigeants du secteur. " C'est l'objet même de Bpifrance Le Lab. D'une part, nous collectons des informations et nous produisons des études. D'autre part, nous essayons de tirer des enseignements positifs de nos observations. C'est précisément le cas avec cette étude. Certes, les entreprises interrogées ne sont pas toutes représentatives du secteur. Mais elles donnent une image extrêmement positive de l'industrie française. Si nous ne savons pas avec certitudes si ces entreprises sortiront plus fortes de la crise actuelle, nous savons qu'elles s'en sont donné les moyens. C'est très instructif pour l'ensemble entrepreneurs français », explique Philippe Mutricy, le directeur de Bpifrance Le Lab.

Plusieurs stratégies de rebond

Après trente ans de déclin, l'industrie manufacturière tricolore posséderait encore de jolies ressources pour rebondir. Suivant les cas, un certain nombre de PME et d'ETI du secteur auraient trouvé des réponses à la crise, en diversifiant leurs marchés clients en France ou à l'international, en jouant la carte de la différenciation ou de la compétitivité hors-coût, en se repositionnant dans les chaînes de valeurs en recherchant par exemple une taille critique qui permette de devenir fournisseur de rang 1. Des stratégies qui ne servent qu'un seul objectif : la restauration des marges.

Un exemple ? La bretonne Multiplast connue pour la fabrication de coques de bateaux en carbone, a orienté son innovation vers la recherche d'applications pour d'autres marchés que la construction navale. Avec succès ! L'entreprise vannetaise se développe dans le secteur de l'aéronautique depuis 2007, après avoir décroché un marché auprès de Thalès. L'entreprise fabrique aujourd'hui des radiotélescopes, des couvertures de piscine en carbone, des lustres et des appliques pour l'industrie du luxe.

Un autre sens du dialogue

Or, au-delà de la structure et de la dynamique du marché, ces stratégies n'ont pu être imaginées et appliquées que parce que le management a su évoluer. " Le renouvellement des dirigeants à la tête des PME et ETI manufacturières a également été un facteur déterminant. Une nouvelle génération de dirigeant arrive aujourd'hui aux commandes dans l'industrie, avec des référentiels managériaux, une culture de l'international et du business différents de ceux de leurs aînés ", explique l'étude de BPIFrance Le Lab.

Le modèle de management est également en train d'évoluer. " Aujourd'hui, on est sorti du système du patron patriarcal, les nouvelles générations ont besoin de formaliser l'intérêt qu'ils ont à travailler ; il faut réussir à recréer la notion d'intérêt du travail, peut-être grâce à un système de partage et de valorisation de notre savoir-faire ", explique Pascal Viel, le président du directoire de SISE, spécialisée dans la conception, la fabrication et la distribution de matériels périphériques pour l'industrie de transformation des matières plastiques par injection.

Des talents de conteurs

"On essaye d'instaurer un management collaboratif - coopératif grâce à la mise en place des bonnes pratiques maison. Ces bonnes pratiques, on les a formalisées (...). Il faut être ouvert pour évoluer, et l'ouverture est autant tournée vers l'interne et les collaborateurs, que vers l'externe", poursuit Jean-Denys Canal, le directeur général délégué d'Apojee, un bureau d'étude mécanique et technologies.

Les actes changent, les discours également. " Le monde des entrepreneurs n'est plus le même. Beaucoup de chefs d'entreprises ont suivi une double formation d'ingénieur et d'école de commerce qui leur sert aujourd'hui pour construire et valoriser l'image de marque de leur entreprise. Ils se découvrent des talents de conteurs dont raffolent les réseaux professionnels, les réseaux sociaux et bien sûr les médias ", observe Elise Tissier, la directrice adjointe de Bpifrance Le Lab.

Fabien Piliu
Commentaires 3
à écrit le 29/10/2014 à 23:35
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De quelles entreprise parlez-vous ? Parce que au vu des différentes positions du MEDEF, nous sommes plutôt en pleine dévalorisation du travail et des savoirs-faire. Ne parlons même pas des effets désastreux sur l’intérêt que peut porter le salarié à ...

à écrit le 28/10/2014 à 13:03
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"Ils se découvrent des talents de conteurs dont raffolent les réseaux professionnels, les réseaux sociaux et bien sûr les médias" : en gros ils deviennent des politiciens ! S'ils ont le même niveaux que les politiciens français, on a de sacrés soucis...

à écrit le 28/10/2014 à 10:42
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"sens du dialogue compétitivité hors-coût intérêt du travail, valorisation de notre savoir-faire " Un portrait en creux du Medef ?

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