Ventes de médicaments en grande surface : Emmanuel Macron a-t-il eu tort de reculer ?

Par Fabien Piliu  |   |  624  mots
En 2014, les prix des médicaments restent très dispersés avec un rapport situé entre 1,5 et 4,1 selon les pharmacies constate l'association Familles rurales (Crédits : reuters.com)
Un temps envisagée, la vente de médicaments sans ordonnance en grande surface ne fait finalement pas partie des mesures contenues dans le projet de loi pour la croissance et l'activité présenté récemment par le ministre de l'Economie. Restaurer un peu de concurrence dans ce secteur n'aurait pourtant pas été un mal.

Et si Emmanuel Macron avait eu tort ? « On ne mettra pas des médicaments (...) en grande surface (...) parce qu'aujourd'hui on ne manque pas de pharmacies, les prix ne sont pas excessifs (...) et ensuite parce qu'il y a une sensibilité forte que j'ai pu mesurer dans mes contacts sur la sécurité sanitaire. (...) L'idée que des médicaments, même non prescrits, puissent être vendus en supermarché, c'est un peu une atteinte au modèle de société auquel les Français tiennent ", avait déclaré le ministre le 16 octobre sur l'antenne de France Inter au lendemain de la présentation officielle de son projet de loi pour la croissance et l'activité, décevant les espoirs des grandes enseignes et notamment de Leclerc.

La balle est dans le camp de Marisol Touraine

Ce n'est pas la seule reculade. La simplification des règles d'installation des pharmacies et du secteur des prothèses dentaires et la mise en place d'une transparence des coûts accrue est reportée elle aussi. Ces mesures pourraient être intégrées dans la future loi de santé que portera en début d'année Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales. Pour l'instant, le texte ne contient pas une ligne sur ces sujets...

Et pourtant... Réalisée par l'association Familles rurales, la cinquième édition de l'Observatoire des médicaments témoigne certes d'une stabilité des médicaments en vente libre mais constate également d'importants écarts de prix entre les officines.

Précisément, dans les pharmacies physiques, les prix restent stables, mais les écarts de prix sont entre deux et quatre fois plus importants. L'association note que les médicaments sont moins chers quand ils sont en accès libre. En 2014, les prix des médicaments " restent très dispersés avec un rapport situé entre 1,5 et 4,1 " selon les pharmacies, constate l'association. L'écart moyen peut aller jusqu'à 4,40 euros et jusqu'à plus de 6 euros sur une boîte. " On ne constate pas de resserrement des écarts" en comparant les années ", poursuit l'étude.

Demander le ticket de caisse

L'association relève également que " les prix figurent de moins en moins sur les boîtes ", étant plutôt affichés sur les présentoirs. Elle recommande donc aux consommateurs de demander systématiquement un ticket de caisse pour avoir les prix détaillés des produits qu'ils achètent.

Résultat, les prix ont peu varié entre 2013 et 2014 avec des hausses allant de +0,8% à +10,3% pour le sérum Physiologica et des baisses de 0,8% à 3,4% pour l'anti-diarrhéique Imodium. Sur cinq ans, depuis 2010, seuls trois des quatorze produits retenus pour cette étude ont vu leurs prix baisser.

Les frais d'expédition sont très élevés

Sur les sites Internet de vente de médicaments autorisée depuis 2013 et liés à une pharmacie physique, les prix sont certes moins élevés mais les écarts entre sites sont aussi très importants. Faut-il faire ses courses sur Internet ? Parce que les frais d'envoi sont en moyenne de 5,91 euros et parce que certains sites ne respectent pas le guide des bonnes pratiques de vente de médicaments en ligne, " acheter sur internet ne revient pas moins cher ", estime Dominique Marmier, le président de Familles rurales.

Au regard de ces résultats, les conclusions de l'étude sont les suivantes : " au regard des années, les prix des médicaments sont restés stables, et par conséquent l'objectif du ministère de la santé de baisse des prix, en mettant certains médicaments en accès libre, n'est pas atteint. Quant à l'achat de médicaments sur Internet n'est pas nécessairement moins cher. Dans les deux cas, des écarts importants pour un même médicament subsistent ", précise l'étude.