Crise financière : Nicolas Sarkozy propose une réunion au sommet avant fin 2008

A l'ONU, Nicolas Sarkozy propose une réunion au sommet avant fin 2008. Il invite ses pairs à reconstruire "ensemble un capitalisme régulier et régulé (...) où les banques font leur métier".

Ce mardi, à la tribune de l'ONU, Nicolas Sarkozy a proposé à ses pairs de se réunir avant la fin de l'année pour "réfléchir ensemble aux leçons à tirer" de la crise. "Ma conviction, c'est que le devoir des chefs d'Etat et de gouvernement des pays les plus directement concernés est de se réunir avant la fin de l'année pour réfléchir ensemble aux leçons à tirer de la crise financière la plus grave qu'ait connue le monde depuis celle des années 30", a insisté le président, sans préciser le format de la réunion qu'il souhaite.

"Reconstruisons ensemble un capitalisme régulier et régulé où des pans entiers de l'activité financière ne sont pas laissés à la seule appréciation des opérateurs de marché, où les banques font leur métier. Le métier des banques, c'est de financer le développement économique plutôt que la spéculation", a-t-il ajouté.

De son côté, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn (DSK) a estimé mardi dans une tribune au Financial Times que "la crise systémique" financière actuelle avait besoin "d'une solution systémique" aussi et a salué le plan de sauvetage américain. Qualifiant la période actuelle "d'exceptionnelle", DSK estime qu'avec "beaucoup des pertes" du secteur financier "encore à venir, et avec une crise financière désormais profonde, il est devenu clair que rien de moins qu'une solution systémique ne permettra à l'économie, aux Etats-Unis et dans le reste du monde, de fonctionner avec un semblant de normalité".

La solution d'ampleur qu'il préconise passe par trois points, "l'apport de liquidités", le rachat des plus mauvais actifs, et des injections de capital dans les institutions financières. Au passage, il estime qu'en matière d'apport de liquidités, "les banques centrales ont probablement déjà fait l'essentiel de ce qu'elles pouvaient faire". Du coup, le directeur général du FMI "salue les mesures audacieuses prises aux Etats-Unis", et il "attend avec impatience leur mise en oeuvre effective".

Il estime que "les autres économies avancées devraient aussi préparer des plan d'urgence complets". Avec de telles approches, DSK pense que "les systèmes financiers devenus trop grands pour l'économie se stabiliseront à un niveau plus approprié". Le responsable estime que le coût budgétaire de telle mesures "est élevé en terme de dette publique", mais que "le coût final pour le contribuable n'a pas besoin de l'être", car "si c'est bien fait, le gouvernement peut espérer retrouver la plupart de son investissement initial". "Des ajustements substantiels peuvent néanmoins être nécessaires, selon lui, si les coûts budgétaires deviennent importants".

Il estime aussi qu'il faut "faire en sorte que ne se reproduise pas" l'échec de la régulation qui a abouti à cette crise, face à des prises de risques excessives". Il souligne qu'un travail a déjà été engagé en ce sens, et que le rôle des agences de notation devra être repensé. DSK, qui encourage à "la vigilance, à l'objectivité et à la collaboration au niveau mondial pour régler les défis à venir", espère "qu'une discussion mondiale sera possible" le mois prochain à Washington lors de la réunion des ministres des finances et des banquiers centraux du G7.

Par ailleurs, face à la crise financière actuelle, la présidente du Medef, Laurence Parisot, a estimé ce mardi: "je suis dubitative sur la capacité qu'on peut avoir à isoler des responsables, à repérer la part d'erreur d'appréciation de chacun".

Pour la patronne des patrons, la réponse de long terme à cette crise doit passer par une meilleure collaboration au niveau mondial et une harmonisation des réglementations. A court terme, elle "dépend principalement des Américains et du vote, le plus vite possible, du plan Paulson" de sauvetage de Wall Street.

De son côté, le président de la banque centrale allemande (Bundesbank), Axel Weber, s'est déclaré mardi opposé à un changement radical du système financier mondial existant. "La coordination internationale des mécanismes fonctionne bien, aussi bien au niveau des gouvernements que des banques d'émission", a-t-il déclaré à Berlin lors d'une session des députés conservateurs au Bundestag.

"Cela n'aurait pas de sens de songer à changer le système alors que nous sommes en plein milieu de turbulences. Au contraire, nous devons utiliser ce système afin d'améliorer notre coordination internationale", a poursuivi Axel Weber, qui est également membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE). Des modifications pourront être envisagées lorsque que les marchés se seront calmés, selon Axel Weber, pour lequel "une gestion de crise efficace" est la priorité du moment.

Nombre de politiques allemands, Angela Merkel en tête, ont émis ces derniers jours des critiques sévères envers les marchés financiers et leur régulation, jugée insuffisante notamment du fait des pays anglo-saxons. La chancelière a ainsi critiqué les gouvernements britannique et américain pour s'être opposés à davantage de régulation des marchés, et plaidé en faveur de "plus d'accords internationaux pour parer aux spéculations financières irresponsables".

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