Le patronat britannique broie du noir

L'enquête du CBI, Confederation of British Industry, le principal syndicat patronal outre-Manche montre que la récession risque d'être encore plus longue et profonde que prévu.

 "Exceptionnellement faible", "terrible" : la dernière enquête dans le secteur manufacturier britannique montre que la récession anticipée dans le pays sera "plus longue et plus profonde" qu'on ne le pensait, a reconnu mardi la CBI, le principal syndicat patronal.
Selon l'enquête réalisée par la Confederation of British Industry entre la fin septembre et le début octobre, le moral des patrons manufacturiers a chuté, la différence entre ceux se disant plus optimistes qu'il y a trois mois et ceux disant le contraire s'établissant à présent à -60%, contre -40% en juillet, la plus forte chute depuis 1980.
De même, la différence entre patrons jugeant leurs carnets de commandes supérieurs à la normale et ceux jugeant l'inverse s'est établie à -30%, le pire résultat depuis janvier 1999, contre -3% en juillet.
La CBI note aussi que la production manufacturière a chuté à sa vitesse la plus rapide en dix ans sur le trimestre, et voit la situation s'aggraver encore au prochain trimestre. Et la CBI prédit la perte de 23.000 emplois dans le secteur manufacturier au troisième trimestre, et 42.000 au quatrième.
La confédération s'inquiète aussi de voir les conditions de crédit commencer à entraver l'investissement. Notamment, 9% des entreprises estiment que leur production pourrait être contrainte par des questions de financement au cours du trimestre à venir, un plus haut depuis 1975.
Le chef économiste de la CBI, Ian McCafferty a reconnu que l'enquête avait été menée au pire moment de la crise financière. "Cependant, a-t-il déclaré, la forte baisse des commandes et de la production montre que le ralentissement de l'économie britannique est en train de s'étendre à des secteurs qui résistaient jusqu'à présent à la faiblesse des marchés bancaire et immobilier".
"Nous ne pouvons qu'espérer que la recapitalisation des banques et la baisse des taux d'intérêt survenus à la fin de l'enquête empêcheront un nouveau resserrement du crédit cet hiver", a-t-il conclu. Mais la CBI a estimé qu'hormis le plan de sauvetage des banques, le gouvernement "ne pouvait pas faire grand-chose".
Alors que la CBI avait déjà pronostiqué en septembre une récession dans le pays, marquée par un recul de 0,2% du PIB au troisième trimestre et de 0,1% au quatrième mais avec une croissance encore légèrement positive en 2009, son directeur général adjoint John Cridland a prédit mardi que la récession serait "plus profonde et plus longue" que prévu.
"Même si les marchés financiers paraissent se stabiliser, le retournement de l'économie ne fait que commencer", a estimé Paul Dales de Capital Economics. Il prévoit un recul de la production manufacturière de 6% entre 2008 et 2010, similaire à celui de 1990-91, mais moins prononcé qu'en 1974-75 (-12% environ) ou 1979-1982 (-17%).
Les économistes sont unanimes cependant à penser que la baisse des prix qui va accompagner le ralentissement entraînera une baisse de taux. "L'heure de se préoccuper des pressions sur les prix est bien derrière nous (...) et nous pensons que la (banque d'Angleterre) abaissera ses taux d'intérêt (de 4,5%) à 2,5%, si ce n'est moins", assure Paul Dales.
Les premiers chiffres de la croissance britannique au troisième trimestre seront publiés vendredi. Ils devraient montrer un recul du PIB de 0,2%, estiment les économistes, marquant ainsi, si la tendance se confirme au quatrième trimestre, le début de la récession au Royaume-Uni.

 

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.