Une semaine marquée par l'entrée en récession de la zone euro

A la Une de l'actualité cette semaine, l'entrée en récession de la zone euro, pour la première fois depuis sa création en 1999. Un scénario évité de justesse par l'économie française. La révision du plan Paulson, les pertes abyssales dans la finance américaine et les pertes chez Natixis ont également fait les gros titres.

LA FRANCE EVITE LA RECESSION DE JUSTESSE, PAS LA ZONE EURO

Une première. Pour la première fois depuis sa création en 1999, la zone euro est entrée en récession technique, définie comme deux trimestres consécutifs de recul du Produit intérieur brut (PIB). Selon Eurostat, l?office statistique européen, l?activité s?est contractée de 0,2% au troisième trimestre par rapport au précédent. Au deuxième trimestre, elle s?était déjà repliée de 0,2%. Parmi les principales économies de la zone euro, l'Allemagne et l'Italie connaissent leur deuxième trimestre consécutif de recul du PIB, avec une contraction de 0,5%. L'Espagne échappe à la récession: l?activité s?y est bien contractée de 0,2% entre juillet et septembre mais elle avait progressé de 0,1% au deuxième trimestre.

La France a également échappé de peu à la récession avec une hausse de 0,1% du PIB au troisième trimestre, selon les chiffres d?Eurostat. De son côté, le ministère de l?Economie estime que la croissance s?est établie à 0,14% sur les trois derniers mois. "La France, contrairement à l'Allemagne qui fait -0,5 et à la Grande-Bretagne qui fait -0,5, fait +0,14%", s?est réjouie Christine Lagarde. "En 2008, la France ne connaîtra pas de récession, on va voir pour 2009", a renchéri François Fillon. Le gouvernement prévoit toujours une croissance "autour de 1%" en 2008 et a récemment abaissé ses prévisions de croissance pour l'an prochain, entre 0,2% et 0,5%. La Commission européenne prévoit une croissance nulle en France l'an prochain tandis que le Fonds monétaire international (FMI) s'attend à une récession en 2009, avec un recul du PIB de 0,5%, comme dans l'ensemble de la zone euro.

LE PLAN PAULSON REVISE AU PROFIT DE L?ENTREE DE L?ETAT DANS LE CAPITAL DES BANQUES

Volte-face complète d?Henry Paulson. Le secrétaire américain au Trésor (ministre des Finances) a annoncé ce mercredi que le gouvernement renonçait totalement à son plan de rachat des actifs toxiques des banques, première version du plan de sauvetage des banques baptisé plan Paulson et adopté en octobre par le Congrès américain. Cette mesure "n'est pas le moyen le plus efficace pour utiliser les fonds l'économie", a-t-il expliqué. A la place, l?administration Bush, encore en place jusqu?au 20 janvier prochain, préfère investir directement dans le capital des banques.

"L'achat direct d'actions d'institutions financières" est "le moyen le plus rapide et le plus efficace d'utiliser nos nouveaux pouvoirs pour stabiliser le système financier", a justifié Henry Paulson, pourtant longtemps opposé à cette option, avant de changer d'avis à la mi-octobre en annonçant un programme de prise de participation directe de l'Etat fédéral dans les banques à hauteur de 250 milliards de dollars (dont 125 milliards pour les neuf plus grandes banques américaines). Les autres institutions financières seront désormais concernées par ce plan, mais pas les constructeurs automobiles. Ces derniers espéraient pouvoir obtenir de l?aide de l?Etat pour faire face à leurs difficultés, par l?intermédiaire de leur filiale de financement automobile.

PERTES ABYSSALES DANS LA FINANCE AMERICAINE

La finance américaine n?est pas encore sortie d?affaires. En témoignent les pertes abyssales de trois géants du secteur, l?assureur American International Group (AIG) et les deux établissements de refinancement hypothécaire Freddie Mac et Fannie Mae. Ancien numéro un mondial de l?assurance, AIG subit de plein fouet les conséquences de la crise du marchés des crédits hypothécaire, si bien que l?Etat américain a dû intervenir à coup de milliards de dollars pour éviter sa faillite. Au troisième trimestre, l?assureur a perdu pas moins de 24,5 milliards de dollars. Selon le groupe, cette perte colossale reflète les perturbations des marchés et les restructurations en cours. Une situation qui a conduit la Réserve fédérale et le Trésor américain à mettre en place une restructuration du prêt accordé à AIG. Celui passe d?ailleurs de 85 milliards de dollars à 150 milliards.

De leur côté, Freddie Mac et Fannie Mae ont respectivement perdu 25 et 28,9 milliards de dollars entre juillet et septembre. Les deux piliers américains du refinancement hypothécaire ont dû enregistrer sur la période d?importantes charges et provisions. Face à ces pertes grandissantes, Freddie Mac en appelle au Trésor américain. Il lui demande la somme de 13,8 milliards de dollars, qu'il espère recevoir d?ici fin novembre. En septembre dernier, les pouvoirs publics américains avaient placé les deux établissements sous tutelle. Le Trésor avait alors prévu d'investir jusqu'à 100 milliards de dollars dans chacune des deux entreprises pour consolider leurs finances.

NATIXIS RESTE DANS LE ROUGE ET ANNONCE DE NOUVELLES SUPPRESSIONS DE POSTES

Natixis reste dans le rouge au troisième trimestre et va devoir renforcer l'ampleur de son plan de redressement. La banque d'investissement, filiale des Caisses d'Epargne et des Banques Populaires, a perdu 234 millions d'euros au troisième trimestre. L'impact de la crise financière est estimé à 636 millions d'euros sur la période. "Nous allons aller plus loin en termes de réduction d'effectifs et de réduction de coûts que ce que nous avions envisagé dans le plan stratégique présenté à l'été", a ainsi expliqué Jean-Marc Moriani, responsable du pôle banque de financement et d'investissement (BFI). Le PNB, Produit net bancaire, l'équivalent du chiffre d'affaires pour les banques, s'est établi à 1,15 milliard d'euro, amputé de 349 millions d'euros par la crise financière. Sur les neuf premiers mois de l'année, la perte de l'établissement atteint 1,2 milliard d'euros. L'an passé, Natixis avait dégagé un bénéfice net de 2 milliards d'euros au cours des trois premiers trimestres. Le produit net bancaire avant impact de la crise s'établit à 5,003 milliards d'euros et à 2,706 milliards après impact de la crise. Cette publication des résultats a été avancée, suite aux informations exclusives de "La Tribune" rapportant que la banque a perdu sur les marchés boursiers au cours du mois d'octobre la bagatelle de 975 millions d'euros, une information que la banque a démenti avant de reconnaître qu'elle avait perdu 500 millions.

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