La Russie frappée de plein fouet par la récession

La Banque Mondiale prévoit une chute d'au moins 4,5% du produit intérieur russe en 2009 et suggère aux autorités d'aider davantage la population afin d'atténuer l'impact social de la crise, dans un rapport publié ce lundi à Moscou.

"Avec des perspectives financières mondiales très aggravées et des cours du pétrole autour de 45 dollars le baril, l'économie de la Russie va probablement se contracter de 4,5% en 2009, voire plus", souligne la Banque Mondiale (BM) une étude rendue publique ce lundi. L'institution admet qu'elle tablait elle-même encore sur une croissance de 3% lors de sa précédente évaluation en novembre dernier. Le gouvernement russe prévoit pour sa part une contraction de 2,2% du PIB cette année.

"L'ampleur de cette révision reflète la dislocation de l'économie mondiale entre-temps", souligne la BM qui anticipe un recul de 1,7% du PIB à l'échelle mondiale en 2009. L'économie russe va ainsi devoir faire le deuil de plusieurs années très porteuses, avec des taux de croissance éloquents de 5,6% en 2008, 8,1% en 2007 et 7,7% en 2006.

La crise a eu un impact particulièrement sévère en Russie en raison notamment de "la dépendance de l'économie vis-à-vis des prix du pétrole, des flux de capitaux et des emprunts externes des entreprises et des banques" ainsi que de la "chute inattendue de la demande mondiale", a détaillé Zeljko Bogetic, économiste en chef de la Banque mondiale pour la Russie, lors d'une conférence de presse, cité par l'AFP. Pour la Russie, ce sont les deux premiers trimestres de 2009 qui s'annoncent les plus difficiles, pronostique l'institution financière, qui souligne que les "espoirs initiaux que la Russie et d'autres pays se remettraient vite ne paraissent plus probables". La récession devrait prendre fin en 2010, une année qui s'annonce "plus facile", a toutefois avancé Zeljko Bogetic.

Face à la crise, les autorités affronteront un "double défi": contenir l'impact social et gérer une nouvelle vague de pression sur le secteur bancaire, note la Banque Mondiale. "La rapidité de l'ajustement du marché du travail, plutôt flexible, de la Russie a été impressionnante" et s'est traduite par une envolée du chômage (selon les normes de l'Organisation internationale du travail) à 8,9% en février 2009 contre 8,1% en janvier et 5,4% en mai 2008, note le rapport. "La crise, plus longue et plus profonde, risque d'avoir un impact social majeur, qui se répand déjà rapidement", prévient la Banque mondiale, soulignant que le taux de pauvreté en Russie s'en ressentira, notamment en zone rurale.

"Le nombre de pauvres va probablement augmenter de 2,75 millions cette année, réduisant à néant les gains dans la lutte contre la pauvreté des dernières années", souligne-t-elle. Le gouvernement, dont la réponse à la crise s'est dans un premier temps essentiellement adressée aux entreprises et aux banques, devrait à présent "déplacer l'accent (...) sur les personnes pauvres et vulnérables". Il s'agit d'opérer ce virage "à court terme, avant que les répercusssions sociales ne s'accumulent trop vite", avertit le rapport.

Dans cette optique, l'institution financière recommande de mettre en place un paquet de mesures sociales, à hauteur de 1% du PIB, entre avril 2009 et avril 2010, comprenant une augmentation "modeste et temporaire" des programmes d'allocations familiales et de chômage, et des retraites les plus faibles ainsi qu'une aide aux PME. "Le budget peut se permettre ce résultat", a estimé M. Zeljko Bogetic, précisant que le gouvernement pouvait "le financer avec son Fonds de réserve", l'un des deux fonds souverains de la Russie, bâti sur les recettes pétrolières passées.

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