La joie discrète des Berlinois vingt ans après la chute du Mur

Malgré les célébrations annoncées pour célébrer la chute du Mur, la capitale allemande est singulièrement discrète et peu festive. Sa réunification paraît aujourd'hui comme allant de soi, selon plusieurs sondages.

Vingt ans après la chute du Mur, le monde entier se remémore et célèbre Berlin. Pourtant dans la ville devenue capitale de l'Allemagne réunifiée, l'ambiance n'est guère festive. Hormis à la porte de Brandebourg où le groupe irlandais de rock U2 a donné un bref concert pour un public très limité, pas de trace de célébrations de la fin de la guerre froide.

Ce lundi 9 novembre 2009 ne sera d'ailleurs pas plus un jour férié que les dix-neuf années précédentes. Cette date est en effet aussi l'anniversaire des attaques antisémites de la Nuit de cristal de 1938 du régime hitlérien.

Les divers sondages publiés ces jours-ci à propos de la chute du Mur et la réunification qui s'ensuivit font pourtant état d'un large consensus parmi les Allemands, de l'Est comme de l'Ouest, sur le caractère positif de ces deux événements. Pour 91 % de la population allemande, la chute du Mur a été « un événement positif, une bonne décision », selon un sondage de la Fondation Konrad-Adenauer auprès de 1.300 personnes. À peine moins ? 86 % ? qualifient de « juste » l'unification opérée en octobre 1990 entre la RFA et la RDA, selon un sondage de la deuxième chaîne de télévision publique ZDF.

Si les Berlinois et les Allemands s'épanchent peu vingt ans après sur cette révolution « pacifique » dont ils se disent unanimement fiers (à 79 %), cela tient aussi à l'habitude. « Cela est devenu désormais trop comme allant de soi que de voyager et se déplacer librement sans le Mur », estime Therese, 38 ans, habitante de Berlin-Ouest depuis vingt-cinq ans mais originaire de l'ex-RDA. « Nous avons l'impression que le Mur est une réalité qui remonte si longtemps en arrière, ce sont des images d'archives », précise cette photographe. Initialement peu touchée par la fin du Mur, Kathrin, écrivain de 44 ans ayant grandi à Berlin-Ouest, explique aujourd'hui « que sans la chute du Mur, je n'aurai pas rencontré mon compagnon est-allemand et nous ne serions pas les parents de notre petite fille ».

Vingt ans après, les médias allemands insistent eux surtout sur le côté accidentel de la chute du Mur. ZDF a consacré un documentaire au « feuillet » annonçant la levée des restrictions de voyages pour les Allemands de l'Est et lu par erreur trop tôt le soir du 9 novembre par un membre du comité central du Parti communiste est-allemand. Une « erreur » qui fait aussi la couverture de « Der Spiegel » cette semaine. Il y a quelques années, le coût financier de la réunification et les inégalités entre les deux anciennes Allemagne faisaient encore les gros titres lors de cette date anniversaire. Signe d'un certain apaisement des Allemands entre eux.

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