Elections britanniques : les conservateurs de Cameron gagnent sans majorité absolue

Le sondage sorti des urnes puis actualisé donne 305 sièges aux conservateurs, 255 aux travaillistes et 61 aux libéraux-démocrates. Mais aucun n'a de majorité absolue. D'où la crainte d'un "hung parliament", un parlement bloqué. Le cas précédent outre-Manche remonte à 1974. Il avait abouti à un désastre économique.

Tout est encore possible, mais les conservateurs semblent partis pour s?installer à Downing Street. Le sondage sorti des urnes actualisé dans la soirée par les télévisions britanniques donne 305 sièges aux conservateurs, 255 aux travaillistes et 61 aux libéraux-démocrates (deux de moins qu'actuellement). David Cameron deviendrait donc premier ministre.

Selon des premiers résultats, après dépouillement d'environ 75% des 650 sièges de la chambre des Communes, le parti conservateur de David Cameron a déjà obtenu 240 sièges, le parti travailliste du Premier ministre Gordon Brown 186 sièges et celui libéral-démocrate de Nick Clegg 38 sièges.

L?avantage des conservateurs n?est pas aussi déterminant qu?il n?y parait, car la majorité absolue est à 326 sièges. De plus, étant donné le mode de scrutin, par circonscription, ces chiffres peuvent encore fluctuer fortement. Les résultats ne seront vraiment connus que quand les bulletins de toutes les circonscriptions auront été dépouillés.

Reste que d'après l'enquête sur les résultats finaux, réalisée auprès de 20.000 électeurs dans 130 bureaux de vote, on s'achemine bien vers un "hung parliament", un parlement bloqué. Le cas précédent remonte à 1974. Il avait abouti à un désastre économique nécessitant l'intervention du FMI, le Fonds monétaire international. Il faudra attendre cette année et la Grèce pour que cela se reproduise au sein de l'Union européenne. Théoriquement, Gordon Brown, Premier ministre sortant, aurait la priorité pour tenter de former la nouvelle équipe. Mais la nette victoire des conservateurs devrait en fait amener David Cameron à prendre la tête de l'exécutif.

"Plus l'autorité pour gouverner"

D'ailleurs, plusieurs ministres travaillistes britanniques ont aussitôt évoqué la possibilité d'une coalition avec les libéraux-démocrates, qui permettrait au Premier ministre sortant Gordon Brown de se maintenir malgré la victoire des conservateurs aux législatives. "Je ne vois pas de problème en principe à tenter de donner au pays un gouvernement fort et stable", a commenté sur la BBC le ministre du Commerce Peter Mandelson , numéro deux du gouvernement, interrogé sur la possibilité d'une coalition avec les Lib Dems.

Même analyse du ministre de l'Intérieur Alan Johnson qui dit ne voir "aucun problème" à l'éventualité d'une coalition avec les libéraux. "Je pense que nous avons beaucoup de choses en commun", a-t-il ajouté, évoquant notamment la réforme du mode de scrutin souhaitée à la fois par le Labour et par les Lib Dems.

Dans une déclaration ambigüe, le Premier ministre Gordon Brown a promis dans la nuit de jeudi à vendredi de "jouer son rôle pour que la Grande-Bretagne ait un gouvernement fort et stable". Mais le chef des conservateurs britanniques David Cameron a, lui, estimé ce vendredi que le parti travailliste de Gordon Brown n'avait plus "l'autorité pour gouverner" le pays.

"Nous devons attendre les résultats complets pour nous prononcer mais je crois qu'il est déjà clair que le gouvernement Labour n'a plus l'autorité pour gouverner notre pays", a-t-il déclaré peu après l'annonce de sa réélection dans sa circonscription de Witney, près d'Oxford (ouest de Londres). "Même si de nombreux résultats sont encore attendus, il semble que le parti conservateur soit vraiment en passe de remporter plus de sièges à ces élections qu'à n'importe quelle élection depuis peut-être 80 ans", s'est-il félicité.

Quelle solution pour un gouvernement ?

Il est en effet clair que les conservateurs ont remporté le plus de sièges. Si le chiffre de 305 se confirme, ils ont deux solutions. La plus probable est qu?ils forment un "gouvernement minoritaire". "Il faut garder en mémoire que le gouvernement n?a pas besoin de vote d?investiture", explique Simon Hix, politologue à la London School of Economics.

Constitutionnellement, il leur suffit de convaincre la reine d?Angleterre qu?ils ont un mandat populaire suffisant, et ils pourraient former un gouvernement. Ensuite, ils négocieraient chaque vote à la chambre des communes avec les petits partis, pour arracher une majorité, mais sans former de coalition formelle. Les conservateurs peuvent notamment compter régulièrement sur les voix du DUP (parti unioniste d?Irlande du Nord), qui devrait conserver ses neuf sièges. Ils peuvent aussi obtenir, par exemple, l?abstention des partis indépendantistes du Pays de Galles ou d?Ecosse.

Est-ce viable ? La dernière fois qu?un gouvernement minoritaire est longtemps resté au pouvoir était entre 1976 et 1979. A l?époque, les travaillistes étaient au pouvoir, dans des circonstances catastrophiques (plan de sauvetage du FMI, grèves générales?). Cela ne présage pas particulièrement bien pour un nouveau gouvernement minoritaire.

L?autre solution pour les conservateurs est de former une coalition formelle, peut-être avec les libéraux-démocrates. Là encore, il n?y a pas eu de coalition depuis 1974.

Reste l?incertitude de la nuit, puisque tout va se jouer à quelques sièges près. "Si les conservateurs passent sous 300 sièges, il va leur devenir impossible de passer la moindre loi, estime Patrick Dunleavy, de la London School of Economics. S?ils montent à 314, la situation sera assez simple pour eux". Le dernier bulletin de vote du village le plus reculé d?Ecosse pourrait donc compter.

Les libéraux-démocrates et les travaillistes pourraient-ils former une coalition ensemble ? "Ce serait très compliqué", répond Patrick Dunleavy. Ensemble, ils auraient 314 sièges, soit pas la majorité absolue. Il leur faudrait donc obtenir le soutien d?un troisième parti.

Deux autres leçons enfin à tirer. En perdant environ une centaine de sièges, les travaillistes enregistrent clairement un très mauvais résultat. Mais ce n?est pas le pire scénario pour eux. Les pires sondages avant les élections leur donnaient 520 sièges. En revanche, la déception sera amère pour les libéraux-démocrates, "révélation" de cette campagne. Ils avaient 63 sièges à la chambre des communes avant le vote, et ils seraient donc en légère baisse. "Leur campagne a été très mal menée par Nick Clegg, estime Patrick Dunleavy. En excluant complètement une coalition avec Gordon Brown (mais pas avec les travaillistes, Ndlr), ils s?est mis à dos une partie des électeurs travaillistes."

Commentaire 1
à écrit le 07/05/2010 à 3:05
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Titre tres premature ar la constitutioin Brit donne au Premier Minister en place le droit de tnter de former un gouvernement de coalition. Beaucoupde sieges a Londres ne sont pas encore declares - des sieges Labour. POur l'instant on ne pense pas que...

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