Brusque coup de chaud sur les prix en Allemagne

Les prix à la consommation ont progressé en juillet de 2,4 %. Si ce chiffre est confirmé, il faudrait remonter à l'été 2008 pour trouver une accélération mensuelle des prix plus rapide. Et la tendance pourrait se poursuivre jusqu'à la fin de l'année alors que le moral des consommateurs et du climat des affaires s'effritent.
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Evidemment, la croissance allemande a encore de quoi faire rêver plus d'un de ses voisins. Selon l'institut DIW de Berlin, le PIB allemand pourrait avoir progressé au deuxième trimestre de 0,4 % après une hausse de 0,5 % lors des trois premiers mois de 2011. Et l'institut juge ce mercredi que le troisième trimestre pourrait également enregistré, grâce aux secteurs de la construction et des services, une croissance de 0,5 %. Du coup, l'Allemagne devrait bien cette année encore s'approcher du rythme de croissance annuel de 3,6 % enregistré l'an passé. Mais l'Allemagne pourrait également manger en cet été 2011 les dernières miettes du pain blanc de son euphorie économique. Un peu partout, discrètement, des signes inquiétants se font jour. Le premier, et peut-être le plus préoccupant de ces signes, c'est l'inflation.

Selon la première estimation de l'Office fédéral des Statistiques, Destatis, les prix à la consommation ont progressé de 0,4 % en juillet par rapport à juin. Sur un an, le taux d'inflation se situe à 2,4 %. Si ce chiffre était confirmé le 10 août prochain, il faudrait remonter à l'été 2008, voici trois ans, pour trouver une accélération mensuelle des prix plus rapide. En données harmonisées européennes, l'inflation annuelle atteint 2,6 % contre 2,4 %, alors que la plupart des économistes tablaient sur une stabilisation. C'est que les prix énergétiques, ceux de l'essence, du fuel ou encore de l'électricité, se sont emballés. Selon Destatis, les prix à l'importation de l'énergie en juin étaient en hausse de 23,8 % ! Mais selon plusieurs économies, les entreprises pourraient être tentées de relever leurs prix dans les mois qui viennent. « Les prix à la production et à l'importation vont peser sur l'indice dans les mois qui viennent », expliquent ainsi les équipes de Postbank. En juin, les prix à l'importation étaient en décrue de 0,6 % sur un mois, mais encore en hausse de 6,5 % sur un an. Quant au prix à la production des produits industriels, ils étaient en hausse annuelle en juin de 5,6 %. Ces hausses de prix n'ont souvent pas encore donné lieu à une transmission complète au consommateur, le rattrapage pourrait donc se poursuivre dans les mois qui viennent. Chez Postbank, on table sur un taux d'inflation en 2011 de 2,8 à 2,9 %.

Légère baisse de la confiance du consommateur

Pour le consommateur allemand, les nuages s'amoncellent donc. Très sensible à la hausse des prix, le ménage allemand est aussi inquiet en raison de la crise budgétaire européenne dont il redoute les effets sur la stabilité de l'euro et les finances publiques de son pays. Rien d'étonnant alors à ce que l'institut GfK mardi n'ait annoncé un recul du moral des ménages lors de son enquête mensuelle réalisé avant l'accord de jeudi dernier sur la Grèce. Plus inquiétant encore, l'indicateur avancé du sentiment des consommateurs est également moins bon que prévu. L'indice calculé sur la base d'une analyse effectuée auprès d'environ 2.000 personnes, ressort en hausse à 5,4 pour août contre 5,5 pour juillet (révisé de 5,7). Il s'agit du deuxième mois consécutif de recul et d'un plus bas depuis novembre 2010. De leur côté, les économistes et analystes anticipaient en moyenne un chiffre de 5,6. Voilà qui est préoccupant, car la consommation devait être désormais un pilier important de la croissance allemande, alors que chacun s'attend à un ralentissement du phénomène de rattrapage de la demande extérieur suite à la crise de 2009.

Le climat des affaires en baisse en juillet

D'ailleurs, l'indice du climat des affaires Ifo, publié vendredi, est venu confirmée l'idée d'un ralentissement de l'économie allemande. L'indice du climat des affaires, réalisé auprès de quelque 7.000 entreprises, est ressorti à 112,9 en juillet contre 114,5 en juin. Le consensus Reuters l'anticipait à 113,8. Pour le moment, cependant, aucun signe véritable de faiblesse dans l'industrie n'est réellement perceptible. Les dernières données disponibles, celles de mai, montrent au contraire, une hausse vigoureuse des commandes à l'industrie de 23 % sur un an.

Finalement, le danger pourrait être celui d'une « surchauffe » de l'économie allemande dans sa composante industrielle. Et, du coup, le débat sur la politique monétaire de la BCE pourrait être relancé outre-Rhin. Chez Commerzbank, par exemple, on estime que les taux européens sont bien trop faibles pour l'économie allemande. Une étude du printemps dernier de cette même banque avait tenté de montrer qu'une Bundesbank indépendante aurait déjà remonté ses taux aux alentours de 5 % pour tenter de calmer l'inflation et de rassurer le consommateur.

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