G20 : le dernier risque systémique sur la zone euro qui effraie la planète

Quand la première économie du monde tremble sur ses bases, c'est toute la planète qui est touchée.
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Signe de la fragilité des équilibres planétaires, le monde entier aura ces jours-ci les yeux rivés sur un de ces minuscules pays, pesant tout juste 2 % du PIB européen. Avec une question qui risque d'écraser tout le reste de l'agenda du G 20 : le gouvernement de Papandréou, mis à mal par une austérité sans précédent, sera-t-il capable de mobiliser son peuple pour assainir ses finances publiques ? Comment croire que les « caprices démocratiques » de ce petit pays soient devenus le problème numéro un du monde ? Non résolue, elle se traduirait en une crise des dettes souveraines des pays les plus endettés de la zone euro, qui demeure la première économie du monde et premier marché pour les exportateurs. Bref, cette crise est en passe de plomber toute l'économie de la planète. « Chacun réalise depuis quelques semaines que, présentant un véritable risque systémique pour les banques et les économies du monde entier, la zone euro est désormais l'affaire de tous », résume Agnès Bénassy-Quéré, directrice du Cepii (Centre d'études prospectives et d'informations internationales).

L'Europe, un problème mondial ? Prise dans son ensemble, la zone euro ne présente pas de déficit des paiements courants, et ses finances publiques sont moins dégradées qu'aux États-Unis ou au Royaume-Uni, sans parler du Japon. Ce n'est qu'à l'intérieur même de la zone euro qu'existent les déséquilibres, signifiant qu'il « suffirait » de la considérer comme une unité économique et politique pour relativiser le problème.

Alors, en quoi les problèmes de déficit public de quelques membres de la zone euro dérangent-ils le reste du monde ? Au moment où le monde entier est en train de ralentir, la tension sur les dettes souveraines en Europe génère une extrême volatilité sur les marchés et déstabilise, via les banques, les circuits de financement, ce qui décourage l'investissement. Dans toute l'Europe, des entreprises suspendent leurs programmes d'investissements ou en concentrent l'essentiel hors de la zone euro. Sans oublier qu'un défaut européen, hier inconcevable, est désormais vraisemblable. Or, rappelle, Florence Pisani chez Dexia AM, « il n'y a pas eu de défaut d'un pays développé depuis la guerre. À partir du moment où un événement jusque-là jugé impossible par les marchés se produit pour un pays, il devient possible pour tous les pays ! »

C'est que, contraints par les marchés de s'attaquer d'urgence à leurs déficits, les pays européens attaqués adoptent tour à tour des plans d'austérité qui les projettent dans la récession. Faute d'une demande extérieure vigoureuse, et ne pouvant jouer sur la dévaluation de leur monnaie, la seule voie du rééquilibrage reste la contraction de la demande intérieure. Et les marchés réalisent très vite que, faute de croissance, les objectifs de réduction des déficits budgétaires annoncés seront inatteignables.

Quelle ligne de conduite ?

Et l'absence de pilote dans l'avion de la zone euro est un vrai problème quand on ne sait qui pourra tirer sur le manche pour éviter le crash. Comment se coordonner dans le monde si, au sein de l'Europe, personne n'arrive à imposer une ligne de conduite et si, de surcroît, les accords entre chefs d'État se trouvent immédiatement remis en cause par les peuples ? « Pour la Chine, l'incapacité de l'Europe à se montrer unie pour sortir de la crise fait de ce premier partenaire commercial un partenaire peu mûr », affirme Jonathan Holstag, chercheur à l'Institut d'études de Bruxelles sur la Chine contemporaine. Sans solidarité fiscale, l'Europe est-elle en mesure de se sauver elle-même ? On a vu comment la menace de mise sous surveillance négative de la note de la France réduisait considérablement les moyens du mécanisme de solidarité créé pour les pays périphériques, le FESF (Fonds européen de stabilité financière). C'est pour cela même que la Chine et le reste du monde sont aujourd'hui invités à soutenir financièrement la zone euro, directement via une structure ad hoc, ou indirectement via le FMI. La crise de la Grèce, et partant de la zone euro, est bien devenue un problème mondial. « S'il n'y avait pas eu d'accord, reconnaissait la semaine dernière Nicolas Sarkozy devant les Français, ce n'est pas seulement l'Europe qui sombrait dans la catastrophe, c'est le monde entier. » Une phrase prémonitoire ?

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