En Inde, le marché de l'électricité reste sous haute tension

Le gouvernement indien prévoit de transférer les dettes des fournisseurs d'électricité vers les collectivités locales. Un plan d'urgence qui fait suite au black-out géant de juillet, où la moitié du pays s'était retrouvée privée de courant.
Manhoman Singh, le Premier ministre indien, souhaite que tous les foyers de son pays aient accès à l'électricité d'ici 2017. Copyright Reuters

Quand il s'agit d'éclairer son peuple, l'Inde ne lésine pas sur les moyens. Selon un document du ministère indien de l'Energie dévoilé mercredi par l'agence Bloomberg, le géant asiatique envisage de redistribuer les dettes de ses fournisseurs d'électricité. La moitié des emprunts contractés, soit 968,5 milliards de roupies indiennes (14 milliards d'euros), sera supportée par les gouvernements régionaux. Quant à l'autre moitié, elle sera rééchelonnée grâce à un délai supplémentaire de trois ans accordé par les banques. Si aucune date n'a encore été fixée, le projet devrait se concrétiser dès approbation de tous les membres du cabinet ministériel, soit dans une semaine, indique le document.

Un marché en péril

Cette mesure sans précédent vise à faciliter les investissements des fournisseurs d'électricité, qui ne ce cessent de réduire leur offre. «Aujourd'hui, plus les compagnies vendent de l'énergie, plus elles perdent en chiffre d'affaires», soutient Salil Garg, directeur du bureau indien de l'agence de notation Fitch, cité par Bloomberg. Selon le document du ministère indien de l'Energie, l'écart entre le coût de production de l'électricité et son tarif a doublé en 11 ans. De même, les liquidités des fournisseurs ont nettement diminué ces dernières années, pour s'établir à 288 milliards de roupies indiennes (231 milliards d'euros). En mai dernier, NTPC, la plus grande entreprise d'électricité en Inde, voyait le taux de rendement de ses obligations à dix ans s'élever à 9,44%.

Plusieurs facteurs structurels expliquent ces chiffres catastrophiques. Le manque d'infrastructures, combiné à la dégradation des réseaux existants, entraîne une perte de production potentielle de l'ordre de 27%, soit un manque à gagner de 9% pour les fournisseurs. La volonté du gouvernement de rendre accessible le prix de l'électricité à ses 1,2 milliard d'habitants a également contribué à la dégradation du secteur. Lors de la fête de l'Indépendance, le Premier ministre indien, Manmohan Singh, a d'ailleurs promis que tous les foyers du pays sans exception auront accès à l'électricité d'ici cinq ans, rapporte le quotidien The Indian Express.

Black-out géant

En soutenant les compagnies d'électricité, le gouvernement indien souhaite par la même occasion prévenir toute coupure intempestive du réseau. Fin juillet, une surchauffe du réseau électrique, provoquée par un pic de consommation, a en effet plongé 600 millions d'Indiens dans le noir. Historique, cet épisode a grandement nuit à l'économie du pays en raison des perturbations sur les transports. Peu après la catastrophe, le gouvernement a indiqué vouloir réduire sa part d'électricité produite par des hydrocarbures pour se lancer dans le nucléaire. Plus tranché, le ministre de l'Energie, Veerapa Moily, a quant à lui proposé de «punir» les villes qui consomment trop d'électricité.

En dépit de cette bonne volonté, l'inquiétude demeure. Mardi encore, des experts indiens ont alerté le gouvernement sur la possibilité d'un nouveau black-out dans le nord de l'Inde, New Delhi inclus. Trois centrales hydrauliques ont finalement été arrêtées en raison d'une tension accrue du réseau.

Commentaires 2
à écrit le 23/08/2012 à 10:14
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joli jeu de mot dans le titre ;)

à écrit le 23/08/2012 à 8:34
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Il y a tellement de coupures d'électricité qu'on n'a rien remarqué de spécial pour ces fameuses pannes... Et le gaz! J'ai attendu près de dix mois pour une bouteille. Maintenant elle est vide, et j'attend une pleine depuis un mois et demi! Si ça con...

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