Janet Yellen, une "colombe" à la Fed pour succéder à Ben Bernanke

Par Romain Renier  |   |  773  mots
Janet Yellen, proche des démocrates et favorable à une Fed qui lutte contre le chômage, va succéder à Ben Bernanke, le père du Quantitative Easing (Photo : Reuters)
Janet Yellen a été confirmée à la tête de la Fed par le Sénat à partir de février. Une manière d'assurer la continuité après le départ du père du Quantitative Easing, Ben Bernanke.

Barack Obama a privilégié la continuité en présentant Janet Yellen comme seule candidate à la tête de la Federal Reserve (Fed), la banque centrale américaine. Le Sénat a confirmé lundi et elle devrait prendre ses fonctions début février pour succéder à Ben Bernanke, le père du Quantitative Easing, la politique monétaire ultra accommodante actuellement menée par la Fed.

Une démocrate à la tête de la Fed

Proche de ce dernier, elle avait déjà pris position pour une Fed plus en faveur de la lutte contre le chômage et moins dans son rôle classique de lutte contre l'inflation. Elle était même l'une de ses meilleures alliés depuis qu'elle avait été nommée vice-présidente du directoire de la Fed en 2009. Celle qui sera la première femme à la tête de l'institution américaine avait même été qualifiée de "premier président démocrate de la Fed depuis 25 ans" par un journaliste du Washington Post.

Cette économiste de renom est réputée proche des économistes progressistes et gravite dans le giron démocrate depuis la fin des années 1990, lorsqu'elle avait été appelée par le président d'alors, Bill Clinton, pour succéder au prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz dans le Cercle des conseillers économiques de la Maison Blanche. Elle avait été repérée lorsqu'elle faisait partie des gouverneurs de la Fed pour ses critiques acerbes du libéralisme et ses prises de positions contre son président de l'époque, Alan Greenspan.

Quelques casseroles... balayées par ses soutiens

C'est grâce à ces prises de positions que la future présidente s'est attiré le soutien du parti démocrate, alors que Larry Summers, qui a jeté l'éponge à la surprise générale à la mi-septembre, ne faisait pas l'unanimité car il s'était prononcé en faveur de plus de dérégulation des marchés financiers.

Janet Yellen traîne toutefois quelques casseroles. A la tête de la Fed de San Francisco entre 2004 et 2010, il lui a en effet souvent été reproché de ne pas avoir agit contre l'éclatement de la crise des subprimes, alors que la Californie était l'un des épicentres du séisme de 2008 qui a provoqué la chute de Lehman Brothers et la crise financière qui s'en est suivie.

Ses soutiens - elle a obtenu près de 500 signatures d'économistes de renom en sa faveur - affirment cependant qu'elle avait cherché à ouvrir les yeux de ses collègues sur les fragilités du secteur immobilier et qu'elle avait été l'une des premières, en 2007, à prévoir une récession à cause d'un resserrement du crédit contre lequel a tenté de lutter son prédécesseur Ben Bernanke avec un succès mitigé.

La tâche sera lourde

Quoiqu'il en soit, c'est elle qui aura la lourde tâche de déboucler jusqu'au bout le quatrième programme d'injection de liquidités de la Fed, après qu'un premier pas ait été fait en ce sens en décembre.

Ce que cette habituée du consensus, selon son entourage, devra faire avec tact, tant les rumeurs d'un durcissement de la politique monétaire américaine en août avaient révélé des vulnérabilités dangereuses pour la stabilité financière mondiale, notamment dans les pays émergents, comme l'a encore souligné hier le Fonds monétaire international.

Son penchant pour la lutte contre le chômage, qui baisse mais à cause d'une réduction de la population active, et la faible inflation, bien en dessous de l'objectif de 2% de la Fed laissent à penser qu'elle fera cela en douceur. Même si l'épée de Damoclès d'un bilan en pleine explosion et le risque de créer des bulles spéculative, immobilière ou du crédit sont là pour lui rappeler qu'elle ne peut pas non plus aller trop loin.

Mais là dessus, elle a son avis : "je crois que soutenir l'économie aujourd'hui est le plus sûr chemin vers un retour à une approche plus normale de la politique monétaire", avait-elle ainsi affirmé en novembre dernier. Il faut que rien ne change pour que tout change, en quelques sortes.

Article publié le 9/10/2013 et mis à jour le 7/01/2014

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