La Grèce a "une chance sur trois" de sortir de l'euro, selon S&P

Par latribune.fr  |   |  675  mots
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L'agence de notation Standard & Poor's estime possible une victoire des partis opposés à l'austérité lors des élections du 17 juin, ce qui risque de mener la Grèce hors de la zone euro. Une perspective qui serait désastreuse pour le pays mais comporterait des risques de contagion limités, surtout en cas de réponse politique forte.

"Nous pensons maintenant qu'il y a au moins une chance sur trois que la Grèce sorte de la zone euro", avance Standard & Poor's dans un rapport publié lundi soir. A moins de quinze jours de la nouvelle élection législative décisie pour la Grèce, l'agence de notation estime "possible" une victoire des partis anti-austérité, ce qui conduirait "à la formation d'un gouvernement fondamentalement opposé à la mise en oeuvre des conditions du programme" de rigueur tel qu'il a été imposé par les créanciers d'Athènes (Union européenne et Fonds monétaire international) en échange de leur aide.

Les risques du "Grexit"

Vendredi dernier, Alexis Tsipras, chef de file de Syriza, principal parti de la gauche radical avait clairement annoncé la couleur: en cas de victoire de son parti, il annulerait la mise en application du "mémorandum" sur l'austérité sur lequel la Grèce s'était mis d'accord avec l'UE et le FMI. Mais une série de sondage avait laissé présagé la victoire de ses opposants, Nouvelle Démocratie, parti de centre droit qui souhaite le maintien dans la zone euro, coûte que coûte. 

La perspective du "Grexit" (sortie de la zone euro) est particulièrement crainte dans le pays. Une inquiétude que partage S&P. L'agence prévoit qu'un retour à la drachme serait "probablement très coûteux pour la population grecque" et qu'il "ne réglera durablement en lui-même aucun des problèmes fondamentaux de l'économie", du pays. Pire, il risque au contraire de provoquer des retraits bancaires massifs, un phénomène qui commence déjà à se faire sentir et menace le secteur bancaire grec. Standard and Poor's prévoit en outre de nombreuses faillites d'entreprises alors que la Grèce connaît déjà une situation de récession, avec un produit intérieur brut prévu pour chuter de 5% en 2012 ainsi qu'un très fort niveau de chômage : une personne sur cinq est au chômage selon les derniers chiffres communiqués qui remontent au mois de mars.

Une contagion limitée?

Pour S&P, les risques de propagation au reste de l'Europe son limités. L'agence ne considère "pas pour l'instant qu'un retrait grec aurait automatiquement de conséquences négatives permanentes sur les perspectives d'autres pays périphériques de rester membres de la zone euro", écrit-elle dans son rapport. Et "une sortie de la Grèce en elle-même ne provoquerait pas automatiquement de nouvelles actions de dégradation des notes souveraines ailleurs", prévient-elle. En effet, selon elle, l'effet dissuasif jouerait à plein : "les difficultés dont souffrira la population grecque devraient dissuader les autres Etats membres de la suivre dans sa sortie de l'euro", même si les plus fragiles de la zone euro pourraient subir des pressions. L'Espagne et le Portugal en particulier, toujours en proie à leur propre crise de la dette, qui se double désormais d'une crise bancaire, se sont déjà inquiétés d'un possible "effet domino".

S&P attend une réponse politique forte

"Beaucoup dépendra de la réaction politique de l'Europe", estime Standard & Poor's qui met en garde : si la réponse n'est pas assez forte, il pourrait y avoir "des pressions à la baisse sur les notations souveraines" et ce "particulièrement, mais pas nécessairement seulement, dans la périphérie de la zone euro".

Afin de tenter une nouvelle fois de juguler cette crise, les dirigeants européens multiplient les rencontres. Du côté de la Commission européenne, un "plan d'ensemble" serait préparé par le président de la banque centrale européenne, Mario Draghi, le président de l'UE Herman Van Rompuy, le chef de la commission Jose Manuel Barroso et le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a-t-on appris ce week-end. De leur côté, les ministres des finances du G7 doivent se rencontrer ce mardi pour évoquer la situation. Enfin, un sommet européen est prévu pour les 28 et 29 juin.