Pour Gerhard Schröder, "la France devrait copier les réformes allemandes"

Par MT  |   |  530  mots
ancien chancelier social-démocrate Gerhard Schröder - Copyright Reuters
Dans une tribune publiée dans le Financial Times, l'ancien chancelier social-démocrate allemand conseille à Paris de prendre exemple sur les réformes qu'il a engagées dans son pays entre 2003 et 2005.

Il plaide pour une France plus allemande... Gerhard Schröder, qui fut chancelier outre-Rhin de 1998 à 2005, écrit dans le Financial Times que la France devrait prendre exemple sur sa politique. "La France devrait copier les réformes allemandes pour prospérer", affirme-t-il dans cette tribune dont il doit répéter les grandes lignes lors d'un discours prévu ce 6 juin devant les représentants du Forum des institutions monétaires et financières (Omfif).

Il salue le délai accordé à la France par Bruxelles pour réduire son déficit et estime que la situation du pays est la même que celle de l'Allemagne lorsque lui-même était au pouvoir. A l'époque pourtant, la situation était fort différente : l'économie allemande était certes en panne avec un chômage élevé et un mark fort qui pesait sur la compétitivité. Mais Berlin payait encore le prix de la réunification du pays.

Et si la France faisait ses réformes "Harz"...

De 2002 à 2005, Gerhard Schöder a mis en place une série de mesures rassemblées sous le nom d'Agenda 2010 et largement inspirées d'un rapport remis par un ancien cadre de Volkswagen Peter Harz. Prenant la forme d'une "troisième voie" du type de celle appliquée en Grande-Bretagne par Tony Blair, ces mesures ont abouti notamment à libéraliser et flexibiliser le marché du travail. L'une d'entre elles, visait à réduire le temps d'indemnisation pour les bénéficiaires de l'assurance-chômage. Cette politique a contribué à dynamiser le marché du travail, avec en contrepartie une précarisation et des salaires faibles.

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"Il aurait été impossible d'économiser des milliards"


"Sans [ces] mesures, il aurait été politiquement impossible d'économiser des milliards d'euros à travers des coupes budgétaires tout en mettant en place des réformes difficiles du marché du travail et de la sécurité social", affirme le prédécesseur d'Angela Merkel. Dans son texte, ce conseil intervient après une défense de l'intégration européenne comme seule arme pour défendre l'Europe face aux "superpuissances" américaines et chinoises.

Gérard Schröder, qui depuis la fin de son mandat a notamment vendu ses services au russe Gazprom, était resté plutôt silencieux jusqu'à la campagne présidentielle française. Il avait alors pris parti pour Nicolas Sarkozy et vivement critiqué le projet de taxe à 75% de François Hollande. Il avait réitéré ses mises en garde au mois de septembre, alors qu'il était invité par le Medef.

Hollande loue le bilan de Schröder

De son côté, François Hollande s'est montré beaucoup plus positif. Lors des 150 du SPD le 23 mai, il a loué les réformes de l'ancien chef du gouvernement allemand. "Le progrès, c'est aussi de faire dans les moments difficiles des choix courageux pour préserver l'emploi, pour anticiper les mutations industrielles et c'est ce qu'a fait Gerhard Schröder ici en Allemagne et qui permet à votre pays d'être en avance sur d'autres", a lancé le président français.

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