L'Allemagne est en excédent en zone euro, n'en déplaise à Wolfgang Schäuble

Par Romain Renier  |   |  449  mots
L'Allemagne a réalisé 35% de son excédent commercial en zone euro en 2012. L'année 2013 ne sera pas très différente, malgré un recul. Wolfgang Schäuble a donc tort d'affirmer qu'il n'y a pas d'ecxédent de l'Allemagne vis à vis de la zone euro.
L'Allemagne a réalisé un excédent commercial de 68 milliards d'euros en zone euro en 2012. Wolfgang Schäuble a donc tort lorsqu'il affirme que son pays a une relation économique équilibrée avec ses partenaires européens.

"Au sein de la zone euro, il n'y a pas d'excédent allemand, donc nous apportons notre contribution à une situation équilibrée". 

Cette phrase prononcée mercredi par le ministre allemand des Finances Wolfgang Schaüble était censée couper court aux accusations d'une Allemagne qui cannibalise l'Europe.

35% de l'excédent commercial réalisé en zone euro

Problème, cette affirmation est fausse. En effet, selon l'institut de statistiques allemand Destatis, l'Allemagne a réalisé près de 68 milliards d'euros d'excédent commercial en zone euro en 2012. Soit plus de 35% de son excédent commercial total, qui atteignait 190 milliards d'euros la même année pour l'ensemble du monde.

Globalement, la première économie de la zone euro semble s'inscrire dans la même ligne en 2013, puisque le dernier rapport officiel fait état d'un solde positif de 184 milliards d'euros sur les onze premiers mois de l'année, après une accélération en novembre.

Faiblesse de la demande intérieure allemande

Le dernier chiffre de novembre, le meilleur depuis 1990, c'est à dire depuis que cette statistique existe, est d'ailleurs symptomatique des reproches qui sont faits à l'Allemagne. La progression de l'excédent commercial est en effet essentiellement dû à une baisse des importations de 1,1% en novembre, soulignant la faiblesse de la demande intérieure.

Ce fort excédent commercial vient nourrir un excédent courant, qui comprend l'ensemble des transactions réalisées avec l'étranger, à plus de 6% du PIB vis à vis de la zone euro, la limite haute acceptée par la Commission européenne. Excédent pointé du doigt par son président José Manuel Barroso lors d'un discours en novembre dernier. Même si l'excédent courant allemand vis à vis de la zone euro a tendance à diminuer en raison de la faiblesse des demandes intérieures des pays touchés par la crise, selon l'institut de recherché économique allemand Ifo.

Les États-Unis ont intérêt à pointer l'Allemagne du doigt

L'appel à encourager la demande intérieure du secrétaire américain au Trésor Jack Lew, en visite européenne cette semaine, a donc du sens. Elle n'est pas non plus dénuée de tout intérêt car les États-Unis sont hautement déficitaires sur le plan commercial vis à vis de l'Allemagne

Mercredi, Jack Lew a appelé les États qui ont de forts excédents à "soutenir leur demande intérieure". Des propos modérés qui ne doivent pas masquer l'agacement américain, révélé après la parution d'un rapport de Washington désignant la "croissance anémique de la demande intérieure" allemande comme responsable des maux de l'Europe.

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