BCE : un taux de dépôt négatif est "tout à fait imaginable" (Benoît Coeuré)

Par Romain Renier  |   |  419  mots
Si un taux de dépôt négatif est "tout à fait imaginable" pour Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, il ne faut, selon lui, "pas trop en attendre".
Le passage du taux de dépôt de la Banque centrale européenne en territoire négatif est "une option tout à fait imaginable" a déclaré Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE. Ces propos ont entraîné un affaiblissement de l'euro.

Un taux de dépôt négatif est une "option tout à fait imaginable". Ces propos, signés Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), et repris par Reuters ont immédiatement accéléré la chute de l'euro mercredi. L'information avait pourtant déjà filtré depuis novembre dernier, lorsque l'agence Bloomberg avait révélé les réflexions de la BCE sur le sujet.

"C'est quelque chose que nous envisageons très sérieusement", a même expliqué le Français, avant de préciser qu'il ne fallait toutefois "pas trop en attendre". Le taux de dépôt négatif est pourtant présenté depuis des mois comme une éventualité par le président de la BCE, Mario Draghi, pour lutter contre la faiblesse de l'inflation et du crédit en zone euro.

Un moyen d'encourager la reprise du crédit

Ce serait, sur le plan théorique, un moyen d'assouplir un peu plus la politique monétaire de la banque centrale, alors que le principal taux directeur n'est déjà plus qu'à un quart de point de 0%, sans que cela ne soit suffisant pour faire repartir le crédit dans la zone euro. En témoigne la faiblesse de l'inflation.

Le taux de dépôt rémunère l'argent placé par les banques auprès de la banque centrale. Autrement dit, les liquidités que le système financier refuse d'utiliser immédiatement. Avec un taux de dépôt négatif, le placement de cet argent en sommeil dans les coffres de la banque centrale coûterait aux banques. Après avoir distribué de l'argent pas cher aux banques, la BCE chercherait ainsi désormais à les forcer à le prêter afin de faire repartir le crédit et donc l'inflation. L'effet dépréciatif sur l'euro serait lui aussi de nature à favoriser l'inflation en faisant augmenter le coût des importations.

Doutes sur l'efficacité

Mais les sommes déposées à la BCE, environ 43 milliards d'euors, ne sont pas assez importantes pour faire repartir le crédit au niveau de la zone euro. Par ailleurs, il n'est pas évident que ces sommes seraient forcément allouées au crédit pour alimenter l'économie réelle. Elles pourraient tout aussi bien servir à reconstituer des fonds propres, ou à être placées sur les marchés obligataires par exemple.

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