Hollande et Merkel réunis à Paris pour un sommet qui soulève peu d'attentes

Par latribune.fr  |   |  713  mots
La France attend une "position commune" concernant la taxe sur les transactions financières, a fait savoir Pierre Moscovici. (Photo : Reuters)
En marge du conseil des ministres conjoint, la proposition de François Hollande de créer un "Airbus de l'énergie" n'a pas rencontré un grand succès en Allemagne. Peu de décisions concrètes sont attendues malgré des débats houleux sur la fiscalité.

Les gouvernements français et allemand se retrouvent à l'Elysée mercredi au grand complet pour un 16ème conseil des ministres conjoint, le premier depuis l'entrée au gouvernement des sociaux-démocrates aux côtés des conservateurs d'Angela Merkel. 

La situation en Ukraine, où les affrontements entre le pouvoir et l'opposition pro-européenne ont fait au moins 25 morts depuis mardi, devrait néanmoins s'imposer dans les discussions entre les chefs des diplomaties allemande et française. 

Défense, fiscalité, énergie ou protection des données, quelques décisions devraient sortir de ce conseil des ministres hors normes mais selon une progression à pas comptés.

  • Coopération militaire en Afrique

Présentée à Paris comme un "symbole fort", la décision la plus concrète devrait être l'officialisation du déploiement en juin au Mali d'un contingent de quelque 250 soldats de la brigade franco-allemande. "Davantage de convergences sont possibles", notamment dans la coopération militaire au Mali et en Centrafrique, a souligné samedi la chancelière allemande.

Il y a un mois, le ministre des Affaires étrangères allemand Frank-Walter Steinmeier avait toutefois prévenu que son pays n'enverrait pas de troupes de combat en Afrique. Sous commandement français, le contingent franco-allemand devrait donc se cantonner à des missions de formation des forces maliennes dans le cadre de la mission européenne (EUTM).

  • Créer un "Airbus de l'énergie" 

En marge du sommet, François Hollande  a appelé les deux pays à créer un "Airbus de l'énergie". La formule française n'a toutefois pas trouvé d'écho favorable en Allemagne. 

"Il y a une différence de culture entrepreneuriale entre les deux pays. Fonder une grande entreprise est encore difficile à imaginer", explique un diplomate allemand à Reuters en insistant sur la différence entre les politiques énergétiques des deux pays. 

Paris ne parle plus désormais que d'une simple "plateforme" de partenariats industriels et technologiques autour des réseaux, des énergies renouvelables ou du stockage de l'électricité. 

"Evidemment, la transition énergétique ce n'est pas l'aéronautique et 2014 n'est pas la fin des années 60", reconnaît-on à l'Elysée. Le rôle de l'Etat se bornera donc à "identifier des axes stratégiques de coopération" entre industriels, instituts de recherche et institutions financières.

  • Vers un agence pan-européenne de surveillance ?

Angela Merkel a plaidé de son côté pour la création d'un réseau européen de communications pour éviter que les données personnelles des Européens transitent par les Etats-Unis.

Si la France partage les préoccupations allemandes sur les révélations de l'espionnage à grande échelle auquel se serait livrée la NSA, François Hollande a clos le débat lors de son voyage aux Etats-Unis en déclarant que la "confiance mutuelle (avait) été restaurée", ce qui est loin d'être le cas côté allemand.

Paris n'a donc pas repris l'idée énoncée samedi par Angela Merkel de créer un réseau pan-européen de communications même si, de source français, on dit avoir "les mêmes idées".

L'Europe devrait donc pouvoir stocker, traiter et protéger ses données tout en empêchant les grandes plates-formes américaine de "verrouiller" le net.

"Est-ce que ça s'appelle un réseau de communication? On verra", avance un conseiller de François Hollande.

  • Programme de convergence fiscale

La France attend de ce conseil une "position commune" sur la taxe sur les transactions financières afin de parvenir à une proposition solide avant les élections européennes de mai, a souligné mardi le ministre des Finances Pierre Moscovici. Mais l'Elysée relève que des "travaux techniques" sont encore nécessaires.

Les équipes du chef de l'État avancent un "programme de convergence" avec un "travail immédiat sur la structure de taxation des entreprises" et les investissements croisés, ainsi qu'une "impulsion" qui serait donnée aux laborieuses discussions à Bruxelles sur une directive fixant une assiette commune de l'impôt sur les sociétés. 

Dans le secret de sa rencontre avec Angela Merkel, François Hollande pourrait aussi évoquer le débat sur la relance de la consommation intérieure d'une Allemagne forte d'un excédent record de sa balance commerciale de près de 200 milliards d'euros l'an dernier.