Le gouvernement irlandais en crise après les européennes

Par Romaric Godin  |   |  508  mots
Le vice premier ministre irlandais Eamon Gilmore a démissionné lundi
Le leader du parti travailliste irlandais et vice-premier ministre Eamon Gilmore a démissionné après des résultats électoraux catastrophiques. L'avenir du gouvernement pro-austérité pourrait être mouvementé.

Les européennes ne font pas des remous qu'en France. L'Irlande est au bord de la crise gouvernementale. Lundi, le leader du parti travailliste, partenaire de coalition du parti conservateur Fine Gael, Eamon Gilmore, par ailleurs, ministre des Affaires étrangères et Tanaiste, vice-premier ministre, a annoncé sa démission.

Désastre électoral

Ce retrait est la conséquence directe du très mauvais score du Labour lors des élections européennes. Les travaillistes ont perdu leurs trois députés européens et n'ont récolté que 5,6 % des voix, soit 9 points de moins qu'en 2009 et 14 de moins que lors des élections générales de 2011. Ce que paient les travaillistes, c'est évidemment leur participation au gouvernement du Taoiseach (premier ministre) Enda Kenny et donc à la politique d'austérité. Le Fine Gael est aussi un des grands perdants de cette élection avec 8 points de moins. Une grande partie des électeurs travaillistes ont rejoint les rangs du Sinn Fein, nationalistes de gauche, tête de file des partis hostiles à l'austérité qui a emporté trois sièges et près de 19 % des voix… Bref, l'austérité a perdu les élections en Irlande.

Tensions au menu entre les deux partenaires de coalition

Cette démission a été contrainte par les « camarades » de Eamon Gilmore qui avait déposé deux motions de défiance interne pour le destituer de son poste de leader du parti. Désormais, le Labour irlandais est à la recherche d'un nouveau chef qui devrait être désigné le 4 juillet prochain. Deux ministres sont en lice : celui de la protection sociale, John Burton et celui de la santé, Alex White. Les conséquences de ce changement à la tête du Labour sont encore incertaines. Mais beaucoup estiment que le nouveau leader aura pour tâche principale de récupérer une partie de l'électorat perdu du parti. Les tensions avec le Fine Gael devraient donc être vives. Les travaillistes pourraient réclamer un relâchement de l'austérité budgétaire, notamment en faveur des plus fragiles, très rudement touchés par la crise. Mais Michael Noonan, le très orthodoxe ministre conservateur des Finances a prévenu : il n'y a aucune marge de manœuvre.

L'austérité encore au menu du gouvernement

Sortie du plan de « sauvetage » en décembre dernier, l'Irlande accuse encore un déficit budgétaire important de 7,2 % en 2013. Pour maintenir la confiance des marchés, Dublin doit rapidement réduire ce ratio. Or, la croissance irlandaise demeure incertaine. Dépendante uniquement des exportations, elle a ainsi lourdement chuté au dernier trimestre 2013 (-2,4 % sur un trimestre) suite à une chute des ventes de produits pharmaceutiques. Du coup, le gouvernement entend maintenir l'austérité pour conserver sa trajectoire budgétaire, quelle que soit la conjoncture. Le Labour pourrait remettre en cause cette stratégie. Le dernier espoir de ce parti serait qu'en 2016, lors des prochaines élections, la croissance soit si forte qu'elle puisse devenir un argument électoral. Mais si ce n'est pas le cas, les discussions internes au gouvernement irlandais pourraient bien tourner au vinaigre.