La Grèce déposerait jeudi une demande de financement pour 6 mois

Par Romaric Godin  |   |  606  mots
Athènes propose une période transitoire où le nouveau gouvernement puisse débuter son programme d'urgence. (Photo: Yanis Varoufakis, ministre des Finances grec, donne une conférence de presse après la réunion de l'Eurogroupe, le 16 février, à Bruxelles)
Athènes devrait proposer d'accepter un prêt moyennant des conditions aménagées au programme du gouvernement. Une proposition éloignée des demandes de l'Eurogroupe.

Le gouvernement grec a laissé entendre mercredi 18 février au matin que les informations parues mardi soir étaient correctes : il devrait déposer une demande d'extension de « l'accord de prêt » pour six mois. Selon les dernières informations, confirmées par le leader du parti centriste To Potami, cette demande ne sera cependant déposer que jeudi. Mais qu'on ne s'y trompe pas : cette demande ne comble absolument pas les vœux de l'Eurogroupe qui, lundi soir, a lancé un ultimatum à Athènes. Car si les ministres des Finances des 18 pays de la zone euro avaient exigé que la Grèce demande cette extension, c'était aux conditions existantes du mémorandum de mars 2012.

Pas d'extension du mémorandum

Or, le gouvernement Tsipras devrait préciser qu'il ne demande précisément pas la poursuite du programme issu du mémorandum. Il s'agirait d'obtenir un prêt des Européens moyennant des concessions, dont l'engagement de ne pas prendre de mesures qui pèseraient sur le budget sans l'accord de ses créanciers. Les six mois obtenus permettraient de discuter d'un « nouveau plan de croissance » pour le pays. Entretemps, et dans le cadre ainsi défini, le gouvernement Tsipras entend engager un plan pour lutter contre « l'urgence humanitaire », autrement dit la pauvreté et prendre des mesures sur le code du travail.

Revenir aux plans de la Commission

Ce que propose donc Athènes, c'est une période transitoire où, dans un cadre budgétaire contrôlé, le nouveau gouvernement puisse commencer à appliquer son programme sur les points les plus urgents. Cette proposition doit encore être finalisée, mais elle devrait reposer quasi intégralement sur la proposition de Pierre Moscovici du 16 février, finalement écartée par le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem au profit d'une version plus « dure. » Cette version traduirait, vu d'Athènes, un compromis acceptable vu d'Athènes compte tenu des priorités affichées le 11 février.

Fin de non-recevoir attendue

Dans les deux cas, les ministres des Finances de la zone euro risquent de renvoyer une fin de non-recevoir. Il est vrai que la proposition grecque pose problème : quelle surveillance mettre en place ? Quelles conditions budgétaires accorder ? De la réponse à ces questions peut découler un risque pour la « deuxième phase » de la négociation, celle sur la dette et la croissance. Si, par exemple, les Européens acceptent une réduction des objectifs d'excédents primaire, il semble logique de procéder à une restructuration de la dette... Surtout, le ton est toujours aussi ferme. Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, ne veut rien entendre. Sur la ZDF, il a annoncé qu'il ne s'agit pas d'obtenir un financement de 6 mois, « mais de savoir si le programme est respecté ou non. »

Apaiser avant la BCE...

Le geste grec vise donc à montrer sa bonne volonté alors que le conseil des gouverneurs de la BCE se réunit ce mercredi 18 février pour décider de la poursuite ou non de l'accès du système financier grec au programme d'aide à la liquidité d'urgence (ELA). Athènes a cherché à convaincre qu'un accord était encore possible et que la BCE devait se montrer patiente, tant que la date officielle du 28 février, fin théorique du « plan d'aide » n'est pas passée. Mais il est clair que cette proposition est vaine : comment croire que l'Eurogroupe va accepter mercredi ce qui a été refusé lundi ? Alexis Tsipras tente lui aussi de donner des gages de chaque côté, de fermeté vis-à-vis de son opinion publique et d'ouverture vis-à-vis des Européens. Un numéro d'équilibriste...